Le Grenier de Clio : Mythologie grecque.

Héra

◆ Légendes.

Si quelques récits montrent Héra combattant les géants, bien plus nombreux sont les textes qui racontent ses jalousies et ses querelles incessantes avec Zeus.

❖ Combat et Conspiration. 

La punition de Junon
par Le CORREGE

Un jour, lassée de ses infidélités elle fomenta une révolte avec Poséidon, Apollon et quelques autres habitants de l'Olympe, sauf la sage Hestia.
Ils l'entourèrent par surprise tandis qu'il était endormi sur sa couche, l'attachèrent avec des lanières de cuir et firent cent nœuds afin qu'il ne puisse plus bouger.
Il les menaça de les tuer sur-le-champ mais comme ils avaient mis son foudre hors de sa portée, ils moquèrent de lui.
Alors qu'ils célébraient leur victoire et discutaient âprement pour savoir qui serait son successeur, Thétis la Néréide, prévoyant une guerre civile sur l'Olympe, alla chercher Briarée aux cent bras qui défit promptement les lanières, se servant de toutes ses mains à la fois et libéra le maître.
Comme Héra était à l'instigatrice de la conspiration dirigée contre lui, Zeus la suspendit dans le ciel, une chaîne d'or attachée au poignet et une enclume à chaque cheville. Les autres dieux étaient furieux mais n'osaient pas lui porter secours malgré ses cris déchirants.

Il ne faisait pas bon d'ailleurs de venir s'interposer dans les disputes du couple. Héphaïstos en fit l'amère expérience quand Zeus le jeta du haut de l'Olympe pour avoir pris la défense de sa mère.
Finalement, Zeus la libérera à la condition que tous fassent le serment de ne plus jamais s'insurger contre lui; ils obéirent à contrecœur.

❖ Amitiés et inimitiés. 

Héra tuant Rhoitos

Si elle favorisa des divinités ou des héros, elle contrecarra les projets de bien d'autres. Mais les conquêtes féminines de son époux volage furent ses principales cibles comme Io, Sémélé, Léto, Europe , Callisto ou leurs enfants comme Héraclès ou Dionysos. (Pour plus de détails voir ces fiches.)
Toutefois l'humeur vindicative de la déesse ne s'exerçait pas seulement lorsque son honneur conjugal était en jeu.

• Argos (où se trouvait sa statue chryséléphantine, oeuvre de Polyclète) et Argolide sont souvent associé à la déesse Héra. C'est en effet la protectrice en titre de ce pays qu'elle a disputé à Poséidon. Elle fut élue par Phoronée et les dieux-fleuves Astérion, Inachos et Céphise. Furieux, Poséidon les assécha, excepté les fontaines de Lerne (Pausanias livre II § 15,5).

• Elle se montra amicale avec les Argonautes qui lui élevèrent un grand temple à Samos car elle espérait qu'ils reviendraient avec Médée.

• Pâris qui ne l'avait pas élue "la plus belle" lors du fameux jugement;

Jugement de Pâris
Claude LORRAIN (NGA NY)

• Héra participa de façon active à la guerre de Troie. Humiliée par le jugement de Pâris, elle rejoignit le camp des Grecs dès le début des hostilités et les aida tout au long du siège de la ville. Elle utilisa tous les moyens pour arriver à ses fins: elle emprunta la ceinture magique d'Aphrodite pour séduire son époux et le tenir éloigné des combats.
Tous Troyens furent l'objet de son courroux:

• Après la chute de la cité, elle continua de poursuivre les Troyens de sa colère. Enée lui échappa plusieurs fois de justesse grâce à la protection d'Aphrodite.

 •  Antigone, la fille de Laomédon, s'était vantée d'avoir une chevelure plus belle que celle d'Héra; Héra transforma alors Antigone en cigogne, ou bien Héra transforma les beaux cheveux d'Antigone en serpents en guise de punition; mais les dieux eurent pitié d'elle et la transformèrent ainsi en cigogne, qui désormais chasse les serpents.

Vénus prête sa ceinture à Junon
J.B. PIERRE ( Château de Versailles)

•  Pour avoir traité avec dédain la statue de bois de la déesse, les filles de Proétos, roi mythique d'Argos, Lysippé et Iphianassa, furent frappées de lèpre et de folie. Elles parcoururent demi-nues tout le Péloponnèse, et ne furent guéries que grâce à l'intervention coûteuse du divin Mélampous.
Celui-ci, en effet, demanda à Proétos, pour prix de ses services, le tiers de son royaume. Proétos refusa d'abord ; mais, le mal de ses filles empirant, il recourut de nouveau à Mélampous, qui éleva ses prétentions et exigea un autre tiers du royaume pour son frère Bias. Proétos consentit, et Mélampous obtint d'Héra la guérison des deux jeunes filles. Une autre tradition attribue, il est vrai, l'égarement des filles de Proétos à la colère de Dionysos.

 •  Elle n'était pas très généreuse. On raconte que Cydippé, un de ses prêtresses, lui demanda le plus beau des cadeaux pour ses deux fils, Biton et Cleobis, qui avaient remplacé ses boeufs sur 45 stades pour qu'elle puisse arriver à temps à une fête en l'honneur de la déesse. Magnanime, la déesse fit répondre qu'ils mourraient pendant leur sommeil.

Héra

 •  Elle rendit aveugle Tirésias pour avoir affirmé devant Zeus que les femmes avaient neuf fois plus de plaisir que les hommes. Pourtant Tirésias qui avait été femme au cours de sa vie devait avoir une opinion juste. Zeus lui fit cadeau du don de prophétie pour le dédommager.

 •  Elle précipita dans les Enfers Sidè, la maîtresse d'Orion, qui avait eu l'audace de comparer leur beauté.

 •  Elle condamna la nymphe Echo à répéter uniquement le dernier mot d'une phrase car ses bavardages continuels l'empêchaient de surveiller discrètement son époux en galante compagnie de nymphes.

 •  Lamia était la très belle reine de Phrygie et fut aimée de Zeus. Héra en représailles fit tuer ou lui fit dévorer ses propres enfants. Lamia devint de plus en plus folle jusqu'à se transformer en monstre horrible qui dévorait les enfants.

 •  Lors de la Gigantomachie, comme tous les Olympiens, Héra combattit les Géants et tua de sa lance Rhoitos.

◆ Culte.

Temple d'Héra à Paestum (Italie)

Ses temples d'Argolide et de Samos datent du VIII ième siècle avant notre ère et comptent parmi les toutes premières constructions élevées en Grèce. Le principal centre de son culte, en Grèce, était Argos. Elle y avait cinq ou six temples, dont le plus ancien avait été construit par Phoronée. Héra possédait encore des sanctuaires à Mycènes, à Olympie, à Sparte, dans l'Attique, la Béotie, l'Eubée ; elle était particulièrement vénérée dans l'île de Crète et à Samos, où se trouvait le plus grand de ses temples, construit, disait-on, par les Argonautes.

Dans la Grande Grèce, le temple longtemps appelé le Temple de Poséidon parmi le groupe de Paestum a été identifié dans les années 1950 comme un deuxième temple d'Héra.

L'héraion d'Argos, à trois kilomètres au sud-est de Mycènes et 10 km au nord de Tyrinthe. Le temple primitif en bois fut détruit par un incendie en -423. Le nouveau temple, qui contenait la statue chryséléphantine de Polyclète, fut construit vers -416. L'héraion de Perachora, situé dans une crique du golfe de Corinthe L'héraion de Samos L'héraion de Délos Héraion de Délos L'héraion de Paestum L'héraion de Lucania L'héraion de Selinonte le mieux conservé des temples de Selinonte. Le temple d'Héra d'Olympie

Edicule dédié à Junon et Jupiter

Les autels grecs de l'époque classique étaient toujours à ciel ouvert. Héra a peut-être été la première à qui un sanctuaire couvert a été dédié, à Samos vers 800 av. notre ère (Il a été remplacé plus tard par l'Héraion, l'un des plus grands temples grecs du monde.) L'héraion d'Argos, près de Mycènes était à l'origine un temple en bois qui fut détruit par un incendie en -423. Le nouveau temple, où se trouvait la statue chryséléphantine de Polyclète, fut construit vers -416. La déesse était représentée assise sur un trône.

Elle avait des temples qu'elle partageait souvent avec son époux dans presque tous les pays grecs et tout particulièrement à Samos et Argos où se déroulait tous les cinq ans une grande fête, Héraea, en son honneur. Il y avait aussi la fête Daedala qui se passait tous les 7 ans ou une grande fête tous les 60 ans.
Gamelia, célébrée au mois de Gamelion (fin janvier - début février), était le meilleur moment pour se marier. Un peu partout en Grèce on célébrait le mariage de Zeus et d'Héra par des grandes fêtes. On habillait la statue de la déesse d'une parure de jeune mariée qu'on amenait en procession jusqu'à son temple où était dressé le lit nuptial.

Lors des grandes fêtes à Samos, appelées Toneia (littéralement « liens »), la statue de la déesse était rituellement entrelacée avec des branches de gattilier pour rappeler l'arbre sous lequel les samiens affirmaient qu'elle était née.

◆ Iconographie.

Héra et Hébé
Héra et sa fille Hébé

Son front est ordinairement couronné d'un diadème ou d'un ornement de forme cylindrique, le polos. Vêtue d'une longue tunique, ou chiton elle est, en outre, enveloppée d'un voile qui ajoute à la noblesse réservée pleine de pudeur de son maintien. Elle pour attributs un sceptre surmonté d'un coucou (par allusion aux circonstances de la rencontre avec Zeus) et une grenade, symbole de l'amour conjugal et de la fécondité. L'oiseau qui lui est consacré est le paon dont le plumage constellé rappelle les étoiles de la voûte céleste se tient près d'elle. Héra en tant que reine du ciel a été très souvent représentée par les artistes grecs. A l'origine, ils lui donnèrent la simple forme d'un tronc d'arbre, d'une colonne, puis d'un xoanon.
Ensuite, le type archaïque se constitua : une femme de grande stature, aux traits rigides, à la chevelure ondulée, coiffée du polos et vêtue d'une longue tunique.

Au V ième siècle, Phidias, Alcamène, Kolotès et Polyclète créèrent un nouveau type pour donner à la déesse une attitude pleine de noblesse.

C'est dans l'Héraion d'Argos au pied du mont Eudée, que se trouvait la fameuse statue d'Héra en or et ivoire sculptée par Polyclète. La déesse était représentée assise sur un trône, le front ceint d'un diadème sur lequel étaient figurées les Heures et les Charites ; dans sa main gauche elle tenait une grenade, et dans sa main droite un sceptre surmonté d'un coucou. Près d'elle se tenait Hébé.

D'une façon générale, le type figuré de Junon est le même que celui de la Héra grecque. (voir la fiche sur Junon)

Jupiter et Junon (Marie de Médicis)
RUBENS
Iris
Junon, Flore et Iris
par LEMOYNE
Junon dite La Providence
Second siècle, © Musée du Louvre
Héra au Musée du Vatican
Junon, Statue romaine sous Trajan
Héra Campana
Musée du Louvre
Tableaux Héra
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de Junon / Héra

◆ Sources antiques

◆ Bibliographie

pendu
Voir documents sources.
  • Dictionnaires et encyclopédies Britannica, Larousse et Universalis.
  • Encyclopédie de la mythologie d'Arthur COTTERELL; (plusieurs éditions) Oxford 2000
  • Encyclopedia of Ancient Deities de de Charles RUSSELL COULTER et Patricia Turner
  • Dictionnaire des mythologies en 2 volumes d'Yves BONNEFOY, Flammarion, Paris, 1999.
  • L'encyclopédie de la mythologie : Dieux, héros et croyances de Neil PHILIP, Editions Rouge et Or, 2010
  • Mythes et légendes; Editions de Lodi, Collectif 2006.
  • Mythes et mythologie de Félix GUIRAND et Joël SCHMIDT, Larousse, 1996.
  • Dictionnaire des symboles de Jean CHEVALIER et Alain GHEERBRANT, 1997
  • Dictionnaire de la fable de François NOEL
  • Dictionnaire critique de mythologie de Jean-Loïc LE QUELLEC et Bernard SERGENT

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