Le Grenier de Clio : Mythologie grecque.

Pâris

Pâris (Gr. Πάρις ) était le fils cadet de Priam, roi de Troie, et de la reine Hécube qui enleva Hèlène et déclencha la guerre de Troie.

Mais dans certaines traditions Hector est plus jeune que Pâris. Peu avant sa naissance, sa mère rêva qu'elle enfantait un brandon enflammé. Aesacos, fils de Priam et de la nymphe Alexirrhoé, qui était devin, expliqua le sens de ce rêve prémonitoire en prédisant la ruine future de Troie.
Redoutant ce mauvais présage, Hécube et Priam firent exposer Pâris sur le mont Ida. Quelques jours plus tard le berger Agélaos qui l'avait conduit dans la montagne le retrouva bien vivant, allaité par une ourse. Il le recueillit et l'éleva comme son propre fils.

Enlèvement d'Hélène
GUIDO RENI (1626~1629)
© Musée du Louvre

Pâris grandit et devint un beau et fort jeune homme qui défendait les troupeaux contre les voleurs et c'est à cette époque qu'il fut surnommé "Alexandre" (protecteur des hommes).
Il épousa la nymphe Œnone, fille du fleuve Cébren qui était capable de prévoir l'avenir (don de Rhéa ou d'Apollon) et avait la renommé d'être une femme d'une grande sagesse et une guérisseuse réputée. Comme tous les amoureux Pâris lui promit un amour éternel. Mais elle lui prédit qu'un jour il s'enfuirait avec une très belle femme et qu'il participerait à une terrible guerre où il serait blessé et que personne, sauf elle, ne saurait le guérir.

Un jour qu'il gardait ses troupeaux sur le mont Ida, lui apparurent trois déesses, Aphrodite, Héra et Athéna conduites par Hermès. Elles cherchaient un juge, sur les conseils de Zeus, pour les départager dans un concours de beauté qui faisait suite aux événements du mariage de Thétis et Pélée.
Les trois déesses se présentèrent devant lui, dans leur nudité, sauf peut-être Athéna toujours pudique et chacune lui offrit un cadeau pour tenter de fléchir son choix.
Héra lui promit la souveraineté sur l'Asie et de l'Europe, Athéna, la gloire des armes, et Aphrodite, la main de la plus belle des femmes.

Aphrodite — Me voici près de toi. Examine avec attention et en détail, ne glisse pas à la légère ; mais arrête-toi sur chaque partie de mon corps, et si tu le veux bien, charmant jeune homme, écoute ce que je vais te dire. Depuis longtemps, en te voyant si jeune et si beau, tel enfin que la Phrygie n'en possède pas un pareil, je te trouve heureux d'avoir tant de charmes, mais j'ai aussi à te reprocher de ne pas quitter ces montagnes et ces pierres pour aller vivre à la ville, au lieu de laisser flétrir ta beauté dans un désert. Qu'espères-tu de ces rochers ? De quoi ta beauté sert-elle à tes génisses ? Tu devrais être marié, non pas à quelque femme grossière et rustique, mais à une beauté de la Grèce, d'Argos, de Corinthe ou de Sparte, comme est Hélène, jeune, jolie, semblable à moi, et, par-dessus tout, amoureuse. Si elle t'avait vu seulement une fois, je suis sûre qu'elle laisserait tout pour se donner à toi, te suivre et ne jamais te quitter. Lucien, "le dialogue des dieux".

Ce fut à cette dernière que Pâris offrit la pomme d'or. Mais, jalouses de n'avoir point été choisies, Athéna et Héra témoignèrent à l'avenir, d'une haine farouche à l'égard du Troyen Pâris et protégèrent les Grecs.

Pâris et Hélène

Puis il participa à des jeux funèbres et surclassa tous les concurrents tant dans le sport que par sa beauté. Déiphobe (son frère inconnu) alla même jusqu'à le menacer de son épée et il dut se réfugier auprès de l'autel de Zeus où Cassandre, sa sœur, le reconnut. Il fut accueilli aussitôt avec joie par son père et toute sa famille qui le croyait mort et qui avaient oublié les prédictions qui entouraient sa naissance.

Envoyé comme ambassadeur en Grèce, Pâris fut accueilli par Ménélas, roi de Sparte qui était marié à Hélène la plus belle femme du monde.

Juste avant de partir, Hélénos et Cassandre lui avaient annoncé que son départ serait le prélude à d'effroyables événements. Grâce à l'intervention d'Aphrodite et comme elle le lui avait promis, Hélène tomba amoureuse de Pâris. De plus, Ménélas partit pour la Crète aux funérailles de son grand père, Catrée et laissa l'amour se développer entre les deux jeunes gens. Paris en profita pour enlever Hélène qui fut semble-t-il consentante et avant d'embarquer, il fit main basse sur le trésor du roi. Le mariage fut consommé sur l'île de Cranae
Le chemin du retour diffère selon les auteurs. Pour les uns il fut rapide et direct tandis que pour d'autres, Héra le compliqua en suscitant une violente tempête qui obligea les bateaux à aborder à Sidon en Phénicie où Pâris aurait pris la ville et quelques objets pour sa mère.
On dit aussi que pour garder Hélène innocente, Héra lui substitua un fantôme et cacha la véritable Hélène en Egypte.

Hector accuse Pâris de tiédeur
Johann H. Tischbein (1786)

Les diverses négociations entre les Grecs et les Troyens pour restituer Hélène ayant échoué, la guerre devint inévitable. Au cours de la guerre de Troie, Pâris échappa de peu aux coups de Ménélas, qui l'avait provoqué en combat singulier. Aphrodite réussit à le cacher dans une nuée alors que Ménélas le traînait par la jugulaire de son casque. Il tua de nombreux guerriers et surtout il toucha mortellement Achille au talon bien qu'il faille admettre que la flèche fut guidée par Apollon.
Blessé lui-même par une flèche d'Héraclès que lui décocha Philoctète, Pâris fut amené devant Podalirios qui se déclara incapable de guérir la blessure empoisonnée et sa première épouse refusa de le soigner comme elle le lui avait dit une quinzaine d'année auparavant. Après la mort de Pâris, Œnone prise de remords se suicida.

❖ Arts

Tableaux Pâris
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de Pâris

Le musée du Vatican possède une statue antique de Pâris tenant une pomme.
Pour les modernes la scène du jugement de Pâris a inspiré de nombreux peintres comme Raphael, Jules Romain ou Luca Giordano. L'enlèvement d'Hélène a été, lui aussi, l'objet de diverses interprétations.

❖ Poésie

Quand les trois déités à la charmante voix
Aux pieds du blond Pâris mirent leur jalousie,
Pallas dit à l’enfant : Si ton cœur m’a choisie,
Je te réserverai de terribles exploits.

    Junon leva la tête, et lui dit : Sous tes lois
Je mettrai, si tu veux, les trônes de l’Asie,
Et tu dérouleras ta riche fantaisie
Sur les fronts inclinés des peuples et des rois.

    Mais celle devant qui pâlissent les étoiles
Inexorablement détacha ses longs voiles
Et montra les splendeurs sereines de son corps.

    Et toi lèvre éloquente, ô raison précieuse,
Ô Beauté, vision faite de purs accords,
Tu le persuadas, grande silencieuse !

THÉODORE DE BANVILLE (1823-1891)

❖ Filiation

Hécube Priam
Paris
PARIS
Epouse* / amante Enfants
Œnone (Corythos)
Hélène
Hélène
*
Aganos
(Corythos)
Bunomos
Idaeos