Le Grenier de Clio : Mythologie grecque.

Héra

Héra (Gr. Ἥρα; Lat. Hera), fille des titans Cronos et de Rhéa, était la reine du ciel et de l'Olympe. Elle porte le nom de Junon dans la mythologie romaine.

Junon apparait à Hercule (détail)
Noël COYPEL (Versailles)

Comme tous les enfants de Rhéa, elle avait été avalée dès sa naissance par son père mais son frère Zeus avait su la rendre à la vie. Epouse et sœur aînée (selon Homère) de Zeus, elle partageait avec lui la souveraineté sur le ciel et la terre.

Je suis la fille aînée de Cronos, et je suis honorable non seulement pour ce motif, mais aussi parce que je suis ta femme et que tu es roi des dieux.

Héra était primitivement la souveraine du ciel, la vierge céleste (d'où son surnom de Parthénia), tout à fait indépendante de Zeus. Son mariage avec celui-ci fut imaginé plus tard, pour expliquer la fusion de deux cultes distincts à l'origine.
Son nom semble être une survivance d'un nom pré-grec d'une grande déesse, sans doute une des puissantes divinités du panthéon des Minoens, ou des Pélasgiens non identifiée. L'importance d'Héra au début de la période archaïque est attestée par les grands projets de construction entrepris en son honneur. Les temples d'Héra à Samos et dans l'Argolide étaient les premiers temples grecs monumentaux construits, au VIII ième siècle avant notre ère.

Elle fut identifiée de bonne heure à Junon par les Romains. Junon, avant d'être hellénisée, personnifiait la lumière céleste chez les Latins, Sabins, Osques, Ombriens et Etrusques.
Elle fait partie des douze Olympiens.

❖ Attributions

Le char de Junon par TIEPOLO
Museum of Fine Arts, Houston

Héra perdit rapidement son caractère cosmique pour ne garder que des attributs moraux. Par excellence, elle était la protectrice de la femme et la déesse du mariage légitime, la protectrice de la fécondité du couple et des femmes à tous les âges, dans toutes les conditions de son existence et en particulier des femmes en couches avec l'aide de sa fille Ilithyie.
Elle avait le pouvoir de conférer le don de prophétiser à un homme aussi bien qu'à un animal de son choix.

Elle était aussi la protectrice d'Argos et de l'Argolide qu'elle avait disputée à Poséidon.

❖ Attributs

Voici quelques épiclèses utilisées par les poètes ou qui rappellent ses fonctions:

Héra et son paon
( Françoise Marie de Bourbon)
Jean-François de TROY

- la déesse aux bras blancs;
- Hera Boopis, (aux yeux de vache)
- Hera Gamelia (mariage),
- Hera Krusothronos (au trône d'or),
- Hera Zygia (mariée),
- Hera Argoia (de l'Argo),
- Hera Parthenia ou Hera Ataurote (vierge)

Son type plastique est peu caractérisé; debout ou trônant, elle portait avec beaucoup de majesté les attributs royaux traditionnels : le diadème ou le polos, la haute couronne cylindrique et le sceptre surmonté d'un coucou (allusion aux circonstances de son mariage). La tête parfois recouverte de voiles est le symbole du mariage. Parfois elle tenait dans l'une de ses mains une grenade, emblème de la fécondité.
Le paon lui était consacré en souvenir d'Argos, dont elle prit les cent yeux, lorsqu' il fut tué, pour les placer sur le plumage de l'oiseau.

❖ Enfance

Comme tous les enfants de Cronos (excepté Zeus) Héra avait été avalée dès sa naissance par son père puis régurgitée plus tard quand Zeus lui fit boire le vomitif.
Toutefois dans une version rapportée par Hygin, Héra ne fut pas avalée par Cronos mais au contraire c'est elle, la grande soeur, qui aurait sauvé et élevé Zeus en cachette.
Diverses contrées se disputaient l'honneur de l’avoir vue naître. Les Samiens racontaient qu'elle était née sous un arbre sacré Lygos, auprès d'un osier qu'on voyait encore au temps de Pausanias, ce qui conduisit à la fondation de l'Héraion. L'île de Samos revêt également une grande importance pour Héra car la rivière Imbrasos à côté du site était l'endroit où Héra et Zeus célébrèrent leur mariage.

Héra sur le trône
Museum of art of Providence

En Argolide on citait le nom des jeunes femmes qui avaient élevé la déesse. C'étaient les trois filles du dieu-fleuve Astérion, Acrée, Eubée, Prosyrane.
Elle avait été confiée à Macris, sa nourrice, qui prit longtemps soin d’elle.
D'autres sources  lui donnaient pour nourrices les Heures
De même il existe plusieurs versions de sa jeunesse.
Son enfance s'écoula dans l'île d'Eubée où son frère Zeus la rencontrait en cachette d'Océan et Théthys ce qui corrobore que l'amour de Zeus pour Héra était fort ancien puis il vint l'y chercher pour en faire son épouse.
On raconte aussi que lorsque se déroula la guerre entre les dieux et les Géants, Rhéa la confia à Océan et Thétys qui vivaient aux confins du monde. Héra leur garda une profonde affection et une grande reconnaissance. Elle intercéda en faveur du couple lorsque Océan et Thétys se brouillèrent.
Le héros Téménos, fils du roi  Pélasgos, en Arcadie lui aurait construit trois temples comme le cite Pausanias :

« le premier, Pais (enfant) lorsqu’elle était encore vierge ; aussitôt qu’elle fut mariée à Zeus, il la surnomma Teléia (accomplie), et lorsqu’à la suite de quelque différent avec Zeus, elle revint à Stymphale, il la surnomma Chéra (veuve) »