Le Grenier de Clio : Mythologie grecque.

Aphrodite

Aphrodite / Vénus

Aphrodite (gr. Ἀφροδίτη, lat. Aphrodita) est la déesse de la Beauté, de l'Amour, du Plaisir et de la Procréation, sans oublier qu'elle est aussi une déesse de la mer de par sa naissance. C'est une divinité complexe à la fois céleste (Ourania) et terrestre (pandemos) qui dispense sa loi sur la terre entière.
Elle était représentée comme une très belle jeune femme souvent accompagnée de divinités ailées (Eros, Charite, Heures) parfois dotée de ses attributs (colombe, pomme, coquille Saint-Jacques, miroir ...)
Elle fait partie des douze grands dieux Olympiens et elle a une place importante dans les récits mythologiques et poétiques.
Historiquement, son culte dans la Grèce antique fut été importé d'Asie, influencé par le culte d'Astarté en Phénicie et de la déesse Ishtar en Mésopotamie. Elle fut assimilée à Vénus chez les Romains et à Turan chez les Etrusques.


❖ Etymologie.

L'étymologie de son nom n'est pas connue avec certitude. Hésiode l'a associé à aphrós (ἀφρός), "écume", l'interprétant comme "sorti de l'écume". Cette origine, cependant, a été classée comme étymologie populaire par plusieurs auteurs, et plusieurs autres étymologies alternatives, dont beaucoup dérivent de langues non grecques et en particulier orientales ont été suggérées par d'autres auteurs.
Elle porte aussi les noms de Cypris ou Cythérée pour rappeler les îles (Chypre et Cythère) où elle fut reçue à ses débuts.

❖ Fonctions.

Aphrodite

Ses fonctions et ses épithètes étaient très variées et reflètent les trois principaux aspects de la déesse : terrestre, marine et céleste.
Elle était à la fois la déesse de l'amour céleste (Ourania) ; elle fut adorée sous ce nom à Argos, Athènes et Scyon. Elle y apparaît sous les traits d'une déesse digne et grave. Mais aussi la divinité de l'amour commun (Pandemos) plus physique et destiné à tout le monde;
- l'Aphrodite des fiançailles (Nymphia) dont le sanctuaire fut élevé par Thésée lorsqu’il prit Hélène pour femme, car elle veille à l'accomplissement des promesses des fiancés mais aussi protectrice des prostituées et des courtisanes (Hétaïra);
- l'Aphrodite marine (Pontia, Limenia, Nauarkhis), mais aussi protectrice des jardins (Cepoïs) en référence à la fertilité des jardins à Athènes.
- l'Aphrodite armée de Sparte citée par Pausanias (III, 15, 10) peut être en souvenir des femmes qui avaient pris les armes pour défendre leur ville. Ce paradoxe posait déjà question aux romains qui proposaient aux étudiants d'y réfléchir.

Aphrodite possède des surnoms qui donne une précision sur le lieu de son sanctuaire.
Cypris (Κυπρια) : de Chypre, île où elle aborda ; largement utilisé par les auteurs grecs.
Cythérée (Κυθερεια) : du temple de Cythère, île où elle aborda en premier.
Erycina (Ερυκινη) : du temple d'Eryx en Sicile (Pausanias VIII, 24, 6).
Golgia : du sanctuaire rural de Golgi à Chypre (Pausanias VIII, 5, 2).
Paphia (Παφια) : de son temple de Paphos à Chypre

Aphrodite possède de très nombreuses épiclèses qui reflètent les divers aspects de son culte, de sa personnalité ou du lieu de son santuaire. Voici les plus connues mais certaines sont difficilement interprétables en dehors du contexte :

Vénus
Vénus sortant de l'onde
John Roddam Spencer-Stanhope

Née de l’écume de la mer elle est naturellement favorable aux marins et apaise la mer agitée mais c'est aussi une déesse guerrière et des lieux élevés en particulier à Sparte.

Aphrodite et oie
Aphrodite sur son oie
© Musée de Boston

❖ Attributs.

Aphrodite
Aphrodite de Praxitèle ou de Richelieu

Elle avait divers attributs pris dans le règne végétal ou animal :
• des plantes comme une couronne de myrte ou des fruits la pomme ou la grenade;
• des animaux de nature ardente ou prolifique, comme le bélier, le bouc, le lièvre, le cygne, l'oie, la tourterelle ou des colombes qu'elle utilisait pour tirer son char.

Elle portait une ceinture magique, brodée d'or. Pour son mariage Héphaïstos avait forgé de magnifiques bijoux, y compris un strophion (soutien-gorge) connu sous le nom de kestos himas (κεστὸς ἱμάς), un sous-vêtement en forme de sautoir (généralement traduit par "ceinture" cestus), qui remontait les seins et la rendait tout à fait irrésistible pour les hommes. Elle la prêtait parfois à Héra pour raviver l'amour de son époux volage. (Iliade XIV, 188-223)

Athéna, dans le "Dialogue des dieux" de Lucien, se méfie de ce talisman.
Pâris. — Ce qu'il me plaît ? Il me plaît de les voir nues.
Hermès. — Déshabillez-vous, déesses : toi, examine ; moi, je détourne la tête.
Aphrodite. — Très bien, Pâris, et je serai la première à me déshabiller, pour que tu voies que je n'ai pas seulement les bras blancs, que je ne me vante pas outre mesure d'avoir de grands yeux, mais que je suis également belle en tout et partout.
Athéna. — Pâris, qu'elle ne se déshabille pas avant d'avoir enlevé sa ceinture : c'est un talisman à l'aide duquel elle pourrait bien te séduire ! En plus, il ne faut pas qu'elle vienne ainsi parée, le visage tout enluminé comme une courtisane, mais qu'elle montre sa beauté toute nue !

Elle entraînait à sa suite Eros, les Nymphes, les Heures, les Charites, les Tritons et les Néréides et des personnages allégoriques comme Peitho (la Persuasion), Pothos ou Himéros (le Désir).

❖ Naissance.

Il y a autour de sa naissance des légendes contradictoires.

D'après Homère (Iliade V, 370) elle est la fille de Zeus et de Dioné.

Naissance d'Aphrodite
Naissance d'Aphrodite avec
d'Hermès, Eros et Poséidon
(© Musée archéologique Thessalonique)

Dans la Théogonie, elle est née de l'écume des flots (aphros = écume) après la mutilation d'Ouranos par Cronos.

Mais son fils (Cronos) le saisit de la main gauche, et de la droite prend la terrible et immense serpe aux dents tranchantes. Et, brusquement, il fauche les testicules de son père pour les rejeter au hasard derrière lui. Et elles ne s'échappèrent point en vain de sa main ...
Quant aux testicules, dès qu'il les a tranchés avec le fer et lancés de la terre ferme dans la mer aux flots sans cesse agités, ils sont emportés au large et flottent longtemps. Tout autour une blanche écume jaillit du membre immortel, et de cette écume se forme une jeune fille, portée vers la divine Cythère, puis de là dans Chypre, entourée par les flots."
Hésiode, Théogonie (vers 180-193)

Aphrodite surgit nue de l'écume de la mer, chevaucha une conque aborda d'abord sur l'île de Cythère, mais comme c'était une toute petite île, elle se rendit dans le Péloponnèse et finalement s'installa à Paphos, dans l'île de Chypre, qui allait devenir son centre de culte principal. A Paphos, les Saisons, filles de Thémis, se hâtèrent de la vêtir et de la parer.

Aphrodite sortant de l'onde
en présence des Heures
(© Museo nazionale romano, Roma)

Platon, dans le Commentaire sur le Cratyle, fait évoquer par Proclus cette double naissance :

1) Ouranos crée alors Aphrodite du sperme de ses organes génitaux, jetés dans la mer, ainsi que dit Orphée : d'en haut ses testicules tombèrent dans la mer, et comme ceux-ci flottaient de tout côté il y eut un tourbillon de blanche écume ; puis dans les saisons cycliques, Année enfanta la vierge digne de vénération...
2) Le désir (de Diônè) le saisit plus violemment, et du père tout-puissant la semence de l'écume jaillit de ses organes et la mer recueille la semence du grand Zeus. Et dans l'année accomplissant son cycle, lors de la belle saison des plantes nouvelles, il engendre Aphrodite née de l'écume, celle qui éveille le rire."

De cette double naissance provient peut-être la double personnalité d'Aphrodite, déesse de l'amour céleste et déesse de l'amour physique.

Aphrodite

Cicéron énumère dans son "De Natura Deorum" plusieurs traditions rivales au sujet de la naissance d'Aphrodite / Vénus provenant de différentes régions :

La première, Vénus [Aphrodite] est la fille de Caelus [Ouranos] et Dies [Hemera], j'ai vu son temple à Ellis. La seconde, elle a été engendrée à partir de l'écume, et comme on nous dit elle est devenue la mère de Mercure [Hermès] du deuxième Cupidon [Eros]. La troisième, elle est la fille de Jupiter [Zeus] et Dioné, et elle épousa Vulcain [Héphaïstos], mais on dit aussi qu'elle était la mère de Anteros par Mars [Ares]; la quatrième, nous vient de Syrie et de Chypre, où elle est appelée Astarté et il est dit qu'elle a épousé Adonis
Cicéron, "De Natura Deorum" livre III 21 - 23

Quand elle parut dans l'Olympe tous les dieux, mais beaucoup moins les déesses, furent stupéfaits d'admiration : jamais une telle beauté n'avait été admirée : sa peau était de la blancheur du lait, ses cheveux comme une rivière d'or liquide, ses yeux étincelaient comme des étoiles, ses formes étaient parfaites et elle exhalait un parfum suave de fleurs.