◆ Culte.
Avec leur Artémis nationale, les Grecs ont confondu peu à peu d'autres divinités d'origine orientale.
Les noms sont devenus souvent des surnoms de leur déesse:
- la déesse
thrace Bendis
- Anaïtis d'Asie Mineure, prototype de l'Artémis
dite persique;
- la Dictynna crétoise, patronne des pêcheurs
et des marins;
- l'Artémis sanguinaire de Tauride où on
adorait une déesse cruelle montée
sur un char traîné par deux taureaux. On lui sacrifiait
les étrangers naufragés mais Oreste, grâce à sa sœur Iphigénie,
put s'enfuir et échapper à cette sauvage coutume;
- Artémis Brauronia en Attique ;
À Éphèse (Ionie, Turquie actuelle), son temple était l'une des Sept Merveilles du Monde Antique. C'était probablement le centre de son culte le plus célèbre, après Délos. Là, la Dame, que les Ioniens associaient à Artémis par l'interpretatio graeca, était vénérée principalement comme une déesse mère, apparentée à la Cybèle phrygienne, dans un sanctuaire antique où son image de culte représentait la « Dame d'Éphèse » ornée de multiples protubérances mammaires. Celles-ci étaient traditionnellement interprétées comme de multiples seins accessoires, qui manquent singulièrement de finition alors que les détails (abeilles par exemple) sont d'une grande finesse, d'autre des scrotums de taureaux, Il pourrait s'agir de sacs magiques en cuir originaires d'Anatolie jusqu'à ce qu'une fouille du site d'Artémision en 1987-1988 identifie la multitude de perles d'ambre en forme de larme qui ornaient l'antique xoana en bois.
Dans les Actes des Apôtres, lorsque les forgerons d'Éphèse se sentirent menacés par la prédication de la nouvelle foi de Paul, ils se levèrent pour défendre avec ferveur la déesse, en criant : « Grande est l'Artémis des Éphésiens ! »
Les femmes enceintes l'invoquaient et, après leur délivrance, elles avaient l'habitude de remercier la déesse par des présents, en déposant dans son temple des vêtements, des sandales ou des ceintures.
Par huit fois l’Artémision fut entièrement détruit et par sept fois il fut reconstruit grâce aux dons des cités grecques. Entièrement en marbre, c'était le plus vaste édifice du monde connu avec ses 120 x 60 mètres de cotés et ses 30 mètres de haut environ.
... On voit sur la pente d'une montagne le temple d'Artémis Hymnia. Ce temple est commun aux deux peuples. Ils y ont un prêtre et une prêtresse qui font voeu de chasteté perpétuelle et qui mènent une vie très austère; l'usage du bain et de plusieurs autres choses permises au commun des mortels leur est interdit, et jamais ils ne font de visites chez un particulier. Je sais qu'il en est de même des principaux ministres du temple d'Artémis à Éphèse, à cette différence près que ceux-ci ne gardent la règle que durant leur année d'exercice. La fête d'Artémis Hymnia se célèbre tous les ans.
(Pausanias, VIIΙ, 13, 1-2)
Une seule des 127 colonnes d'Éphèse reste debout : les autres ont été utilisées pour construire des monuments comme les colonnes de Sainte Sophie à Istanboul.
◆ Arts.

Musée de Naples
En tant que chasseresse, elle porte la tunique courte, ceinturée et remontée sous les seins. Un croissant de lune orne sa tête, son carquois est suspendu à un baudrier. Plus rarement, elle est pourvue d'ailes qui symbolisent la course rapide de l'astre lunaire, ou elle se déplace sur son char. Sa taille élevée, son physique sportif lui donnent une allure dégagée, les hymnes soulignent sa pure et majestueuse beauté.
Dans l'étude du type figuré, il faut également distinguer: l'Artémis persique avait des ailes, tenait d'une main une panthère, de l'autre un lion; celle d'Ephèse présente une statue à la tête coiffée du modius, le bas du corps serré dans une gaine à zones sculptées et le haut du corps décoré d'innombrables mamelles. Toutefois la ressemblance avec des seins est très éloignée et on pense de plus en plus à des bourses de taureaux.
Très différente est l'Artémis proprement hellénique. Le type archaïque est une femme debout, jeune et grave, vêtue d'une longue robe dont elle relève un pan, les cheveux tombant sur le dos, sauf quelques mèches sur les épaules (telle l'Artémis du musée de Naples). Dans l'Ecole argienne apparaît une Artémis plus alerte, à tunique courte, avec l'arc et le carquois.
Les artistes du IV ième siècle, surtout Scopas et Praxitèle, apportent des types nouveaux, qui seront copiés ou imités jusqu' à la fin de la période gréco-romaine. C'est l'Artémis chasseresse: tantôt en marche, chaussée de sandales, en tunique courte serrée à la taille, carquois sur le dos, les cheveux relevés par un bandeau, et suivie d'un chien ou d'une biche; tantôt au repos, jouant avec son chien, ou achevant sa toilette après la chasse, et agrafant sa chlamyde.
En sculpture, les représentations romaines de Diane (Diane de Versailles, ou de Léocharès au Louvre) dérivent généralement de l'iconographie hellénistique d'Artémis. Ce thème inspira des sculpteurs comme Goujon, Coysevox ou Houdon.
Parmi les nombreux peintres qui s'inspirèrent de la légende de
la déesse, mentionnons Titien (Diane et Actéon, Louvre,
Paris), F. Clouet (Diane au bain, musée de Rouen) et Rubens (Diane chasseresse, Prado, Madrid).

RUBENS © Gemäldegalerie, Dresde

Andrea CAMASSEI © Palazzo Barberini

VOUET © Hampton Court

Jan FYT © Staatliche Museen, Berlin

Musée du Louvre

RUBENS

Musée du Louvre

Jean GOUJON © Musée du Louvre

RUBENS


© Musée du Vatican