Le cycle d'Arès était pauvre. Il n'a jamais été très populaire en Grèce. Toutes les légendes sur Ares semblent indiquer que son culte a été introduit à partir de la Thrace. Son culte originaire de Thrace se déroulait principalement à Sparte et Thèbes.
◆ Culte.
À Sparte, il y avait une statue d'Arès qu'on gardait enchaînée, symbolisant ainsi que l'esprit de la guerre et de la victoire ne pouvait jamais quitter la ville.
Arès recevait des sacrifices d'animaux selon le type de victoire; à Sparte, après la bataille, on lui offrait un bœuf pour une victoire par stratagème, ou un coq pour une victoire par assaut.
Pausanias rapporte qu'à Sparte, chaque compagnie de jeunes gens sacrifiait un chiot à Enyalios avant de s'engager dans un corps à corps à mains nues dans un "combat sans règles" à Phoebaeum, lieu proche de Thérapné, ville de Laconie dépendant de Sparte, située sur la rive orientale de l'Eurotas. Le sacrifice nocturne chthonien d'un chien à Enyalios fut assimilé au culte d'Arès-Anyalios.

Laurent PECHEUX © musée de Chambéry
Ses temples étaient rares et peu fréquentés.
En revanche Mars était plus reconnu chez les romains. A l'époque classique, il est connu comme le dieu de la Guerre et apparait dans la légende de Rhéa Silva
Les Athéniens lui avaient consacré le rocher de l'Aréopage. La colline de l'Aréopage est ainsi nommée car elle a été, selon la tradition, le lieu où Arès avait été jugé et acquitté par les autres dieux car il avait tué Halirrhotios, fils de Poséidon, qui avait violée Alcipe sa fille. Son nom était utilisé par le tribunal qui y siégeait, principalement pour juger des cas de trahison possible. De nos jours, dans le langage courant, un « aréopage » désigne une assemblée de gens compétents dans un domaine particulier.
D'autres lieux de culte se trouvent en Étolie, en Thessalie ou à Athènes ; il y avait une statue dédiée à son culte dans la ville d'Hermione du Péloponnèse.
[A Athènes] il y a un sanctuaire d'Arès, où sont placées deux images d'Aphrodite, une d'Ares faite par Alkamène, et une d'Athéna faite par un Parien du nom de Lokros. Il y a aussi une image d'Enyo, faite par les fils de Praxitèle.
(Pausanias I, 8, 4)
◆ Hymnes.
Les hymnes homériques
sont de courts poèmes épiques dédiés à une divinité et chantés avant le chant principal de l'aede. Le qualificatif "homérique" se rapporte au type de versification ( l'hexamètre dactylique). Ci-dessous deux traductions de l'hymne à Arès

Anne-Louis GIRODET © Château de Compiègne
À Arès,
Très puissant Arès, fardeau des chars, au casque d'or, au grand cœur, porte-bouclier, sauveur de villes, armé d'airain, aux bras vigoureux, infatigable, puissant par ta lance, rempart de l'Olympos, père de l'heureuse guerrière Nikè, auxiliaire de Thémis, tyran des révoltés, chef des hommes justes, porte-sceptre du courage, roulant dans le cercle enflammé de l'Aithèr, parmi les sept astres mouvants, là où tes chevaux flamboyants te portent toujours, au-dessus du troisième orbite ! entends-moi, allié des mortels, qui donnes l'audacieuse jeunesse, qui répands d'en haut la douce lumière et le courage guerrier sur notre vie !
Puissé-je détourner l'amère lâcheté de ma tête, et contenir l'impétuosité trompeuse de l'âme, et réprimer la violence du cœur qui me pousserait à d'horribles combats !
Mais toi, ô Heureux ! donne-moi le vrai courage, afin que je reste sous les lois inviolées de la paix, ayant échappé à la mêlée des ennemis et aux Kères violentes !
Traduction par Ernest Falconnet. 1838
À Arès,
Arès puissant, qui sous ton poids fais plier un char, toi dont la tête est armée d’un casque d’or et le bras d’un bouclier, dieu magnanime au bras vigoureux, sauveur des cités, divinité cuirassée d’airain, rempart de l’Olympe, père de la Victoire dans une guerre équitable, soutien de Thémis, terreur de tes ennemis, chef des hommes vertueux, roi de la force, qui roules dans les airs un cercle lumineux au milieu des sept planètes, où t’enlèvent sans cesse d’ardents coursiers au-dessus du troisième orbite, exauce mes voeux, ami des héros, source d’une jeunesse audacieuse.
Répands sur ma vie du haut des airs, et la douce clarté et la force martiale ; que je puisse éloigner de ma tête l’amère douleur, réprimer par ma prudence l’impétuosité trompeuse de mon âme, et retenir la fougue de mon courage qui me pousse à la guerre cruelle ; accorde-moi, dieu fortuné, de vivre sous des lois pacifiques en évitant l’impétuosité des guerriers et la mort violente.
Traduction de Leconte de Lisle (1868)
Arès n'a guère inspiré les artistes grecs sans doute à cause de la suspicion dans laquelle les grecs tenaient le dieu de la Guerre.
◆ Arts.
Sur les anciens vases peints, tel le vase François, il est représenté en hoplite portant une armure complète, un casque, un bouclier et une lance. De ce fait il est difficilement identifiable au milieu des autres soldats. Parfois, il est représenté monté sur son char tiré par des chevaux soufflant du feu par les naseaux. Un des sujets préféré est celui de la lutte d'Arès et d'Héraclès.
Le type se transforma plus tard, un peu avec le sculpteur Alcamène, bien plus avec Scopas dont l'Arès Ludovisi est peut-être inspiré: c'est un beau jeune homme rêveur, presque entièrement nu, assis près d'un bouclier, un éros à ses pieds.


Alexandre C. GUILLEMOT 1827
© Indianapolis Musuem of arts


G-B TIEPOLO
© Villa Valmarana

Johann HEISS
CP

Dans Charivari entre 1841 et 1843
DAUMIER
Parmi la statuaire, l'Arès Ludovisi est sans doute la plus remarquable. L'attitude rappelle celle de la frise du Parthénon : le dieu est assis, les mains croisées sur un genou ; l'une d'elles tient une épée au fourreau; le pied gauche s'appuie sur le casque posé à terre; le regard, très expressif, porte au loin. Il paraît très vraisemblable que c'est une copie d'un Arès colossal exécuté par Scopas et qui figura plus tard dans un temple de Mars à Rome ;

Les représentations du dieu deviennent plus nombreuses dans l'art
gréco-romain: on l'associe en particulier à Aphrodite / Vénus.
Dans les représentations modernes il est là aussi très souvent accompagné par Aphrodite / Vénus en particulier la scène où les deux amants sont piégés par Héphaïstos / Vulcain.
