Auteurs S.

Auteurs de science-fiction et de fantastique dont le nom commence par S...

SARGENT (Pamela). – Née en 1948, diplômée en philosophie, Pamela Sargent se signala à l’attention en éditant Women of Wonder (1972, Femmes et Merveilles) et d’autres anthologies éclairant des préoccupations féministes dans la science-fiction moderne. Dans son roman Cloned Lires (1976) elle examine, loin de toute sensiblerie, le problème des relations entre membres d’une « famille » de clones.  

SEABRIGHT (Idris). – Pseudonyme utilisé par Margaret St. Clair (née en 1911) principalement pour des récits parus dans The Magazine of Fantasy and Science Fiction. Dans les récits de Margaret St. Clair, l’accent est généralement mis sur l’action et le jeu des thèmes plutôt que sur la psychologie. Sign of the Labrys (1963) met en scène un groupe de personnes paranormales qui deviennent les derniers survivants – ou presque – de l’humanité. Dans The Dolphins of Altair (1973), elle met en garde contre les dangers qu’il y a à assimiler des extraterrestres intelligents à de simples animaux en se fiant à leur seule apparence.

SHECKLEY (Robert). – Né en 1928, Sheckley fit ses débuts en 1952 et s’imposa, au cours des années suivantes, comme l’auteur-vedette de Galaxy qui, à certaines époques, publiait une nouvelle de lui tous les mois et parfois plus (les nouvelles excédentaires étant signées de pseudonymes tels que Phillips Barbee et Finn O’Donnevan). Il contribua plus qu’aucun autre à donner du rythme au récit de science-fiction en éliminant tout ce qui ralentissait l’action et notamment les références scientifiques – ce qui rapproche beaucoup ses nouvelles des contes merveilleux. En outre, il excelle dans l’art du sous-entendu ironique à la manière de Voltaire, tirant des effets brillants de contraste entre la lettre et l’esprit d’une situation. Sheckley est avant tout un auteur de nouvelles (plus d’une centaine), mais il a écrit quelques bons romans comme The Status Civilization (1960, Oméga), Mindswap (1965, Échange standard) et Dimension of Miracles (1968, La Dimension des miracles), sans oublier ses incursions dans le roman noir comme Dead Run (1961, Chauds les glaçons). Sa nouvelle The seventh victim (1953, La septième victime) ayant été adaptée au cinéma par Elio Petri sous le titre de La Décima Vittima, il en tira un roman de ce titre (1965).

SILVERBERG (Robert). – Né en 1935. De son passage à l’Université de Columbia, il a gardé des goûts littéraires classiques (Eliot, Yeats). Débuts en 1954. Très fécond, il se spécialise dans la production en série (plus de deux cents titres publiés jusqu’en 1960, sans compter les nouvelles écrites sous pseudonyme), ce qui ne l’empêche pas de recevoir en 1956 le prix Hugo du « jeune auteur le plus prometteur ». De 1960 à 1965, il tourne le dos à la science-fiction et devient résolument polygraphe : romans pornographiques, livres pour jeunes, vulgarisation scientifique et historique, tout sort de sa machine à écrire, y compris un livre sur la fondation de l’Etat d’Israël (If I Forget Thee, O Jerusalem). Puis il revient à la science-fiction en 1965 avec des ambitions d’écrivain et joue un rôle important dans la « Nouvelle Vague » comme critique de livres à la revue Amazing, président de la Science Fiction Writers of America Association et anthologiste. Ses œuvres importantes sont surtout des romans : Thorns (1968), The Man in the Maze (L’Homme dans le labyrinthe, 1968), Nightwings (Roum, Perris, Jorslem, 1968-1969), The World Inside (Les Monades urbaines, 1971), Son of Man (Le Fils de l’homme, 1971).

SIMAK (Clifford Donald). – En marge d’une carrière journalistique au cours de laquelle il a notamment été rédacteur en chef d’un quotidien de Minneapolis, Clifford Simak – qui est né en 1904 — écrit de la science-fiction depuis plus d’un demi-siècle. Sa première nouvelle, publiée en 1931, ainsi que ses récits des années suivantes, se rattachaient au genre du science opera. Progressivement, l’accent se déplaça, dans ses nouvelles aussi bien que dans ses romans, d’une action spectaculaire et superficielle vers l’évocation de thèmes plus profonds. Parmi ceux-ci, l’accord entre l’homme et le milieu se manifeste à travers une fréquente exaltation de la vie rurale et de la communion avec la nature. En outre, il est souvent revenu, avec bonheur, sur le thème de la fraternité entre l’homme et les extraterrestres, entre les humains et les robots, et même entre les humains et les animaux, City (Demain les chiens), recueil de nouvelles écrites entre 1944 et 1952 et ordonnées en une narration suivie, marquant le tournant dans la manière et les préoccupations de l’auteur. Dans Time and again (1951, Dans le torrent des siècles), il plaide pour une fraternité entre l’homme et ses créatures, en l’occurrence les androïdes. Way station (1963, Au carrefour des étoiles) résume avec une netteté particulière l’art très nuancé et la générosité de Clifford D. Simak, lequel s’est également attaqué à des interrogations métaphysiques dans A choice of Gods (1972, À chacun ses dieux). On a parfois reproché à Simak de se parodier lui-même dans certains de ses récits ultérieurs. Cependant, des romans comme Shakespeare’s planet (1976, La planète de Shakespeare) et A Heritage of Stars (1977, Héritiers des Étoiles) apparaissent comme des prolongements valables de ses récits antérieurs. Clifford D. Simak a le mérite de s’inspirer d’un message – fondamentalement, celui de la fraternité et du respect des valeurs humaines – sans se regarder complaisamment pendant qu’il délivre ce message. Il a remporté des Hugos : en 1959 pour la nouvelle The big front yard et en 1964 pour le roman Way station. En 1977, il a reçu le titre de Grandmaster décerné par les Science Fiction Writers of America, devenant le troisième auteur ainsi honoré (les deux premiers avaient été Robert A. Heinlein et Jack Williamson).

SMITH (CORDWAINER). - Le pseudonyme de Cordwainer Smith a dissimulé - avec une incontestable efficacité - la personnalité de Paul Myron Anthony Linebarger (1913-1966), professeur d’université, expert en science politique. Ses écrits principaux, dans le domaine professionnel, se rapportaient aux problèmes de la politique asiatique. Conseiller du Département d’État américain, partisan de la Chine nationaliste, Paul Linebarger était un lecteur insatiable (en sept langues) et ses lectures influencèrent les écrits de Cordwainer Smith. On trouve, à partir de 1955, sous la plume de ce dernier, des transpositions de mythes de l’Antiquité et de classiques littéraires, incorporées à la vision d’un empire galactique futur. Dans chaque récit particulier, Cordwainer Smith décrit rarement plus d’une époque ou d’une région limitée de cet empire; il évite les visions panoramiques et les survols historiques, mais il place invariablement quelque allusion aux thèmes des autres récits. Cet univers est haut en couleurs, animé et envoûtant; il est bien dommage que son créateur soit décédé avant d’avoir pu en achever tous les croquis, avant d’avoir intégré en un ensemble suivi les aperçus qu’il nous en offrait, récit après récit.

SMITH (Evelyn E.). – Malgré l’identité du patronyme et des initiales, Evelyn E. Smith n’a rien de commun avec Edward Elmer « Doc » Smith, le plus fameux spécialiste du space opera héroïque. C’est une polygraphe adroite qui s’est spécialisée dans la transposition des thèmes familiers dans un cadre de science-fiction. Très à la mode au cours des années cinquante, elle a ralenti sa production par la suite.

SPINRAD (NORMAN). – Né en 1940. Travailla quelque temps comme agent littéraire avant de se lancer dans une carrière littéraire. Il fut président des Science Fiction Writers of America en 1980-1981. Il écrivit d’abord des nouvelles qu’on a partiellement pu rattacher à la « nouvelle vague », puis devint célèbre avec son roman Bug Jack Barron (1969, Jack Barron et l’Éternité) ; ce récit choqua certains par des passages pornographiques, en séduisit d’autres par le renouvellement qui y était proposé d’un thème familier : le redresseur de torts combattant les puissances mauvaises. Il témoignait surtout d’une solide connaissance du monde des médias (ici la télévision) et extrapolait avec intelligence leur influence croissante dans la vie quotidienne d’un proche avenir. Norman Spinrad attira à nouveau l’attention avec The Iron Dream (1972, Rêve de fer), imaginé dans un univers parallèle où un médiocre romancier d’origine allemande émigré aux États-Unis, Adolf Hitler, gagne un prix Hugo… Dans A World Between (1979), Norman Spinrad est revenu au thème des médias et de leur impact. Il a publié quelques recueils de nouvelles dont The Star-Spangled Future (1979) qui comporte également des textes où l’auteur fait connaître ses vues sur la place de la science-fiction dans la littérature américaine.

STURGEON (Theodore). – Pseudonyme d’Edward Hamilton Waldo, né en 1918 d’une famille installée en Amérique depuis le XVIIe siècle et comptant beaucoup de membres du clergé. Mère divorcée en 1927 et remariée en 1929 avec un homme très autoritaire qui interdit les magazines de science-fiction à son beau-fils. Débuts en 1939 ; publie surtout du fantastique dans Unknown, accessoirement de la science-fiction dans Astounding. Lancé par It (Unknown, 1940), il reste pourtant un auteur maudit à cause de ses tendances morbides : le célèbre Bianca’s Hands (Les Mains de Bianca), écrit en 1939, ne parut qu’en 1947. La mobilisation, puis le divorce (1945), le réduisirent au silence. John W. Campbell Jr l’ayant aidé à sortir de la dépression, il reprend sa collaboration à Astounding et confie ses textes fantastiques à Weird Tales ; il n’écrit plus alors que des « histoires thérapeutiques », c’est-à-dire centrées sur un personnage de malade et cherchant comment on peut le guérir. Surtout connu comme auteur de nouvelles, il a néanmoins écrit deux excellents romans, The Dreaming Jewels (1950, Cristal qui songe) et More than Human (1954, Les plus qu’humains). Malheureusement, il reste psychologiquement vulnérable : un deuxième divorce l’ébranle à peine en 1951, mais la rupture de son troisième mariage l’atteint plus profondément à la fin des années 50 ; il cesse d’écrire de la science-fiction, vit à l’hôtel et travaille pour la télévision, ne répondant ni à son courrier ni au téléphone. À la suite d’un quatrième mariage en 1969, il reprend espoir et se remet à écrire. Bien qu’il soit un auteur instinctif, écrivant d’un seul jet sans se corriger, il est fort admiré par la « Nouvelle Vague » pour son sens du bizarre et son désir de comprendre et surtout de ressentir les émotions les plus singulières de ses personnages. Il a été critique de livres pour la National Review et Galaxy notamment. The Magazine of Fantasy and Science Fiction lui a consacré un numéro spécial en septembre 1962.