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Auteurs de science-fiction et de fantastique dont le nom commence par B...

DEL REY (Lester). – Né en 1915, d’ascendance partiellement espagnole, Ramon Feliz Sierra y Alvarez Del Rey eut une jeunesse plus tumultueuse que la plupart des autres auteurs de science-fiction, tant par des conflits familiaux que du fait de problèmes psychologiques personnels. Son éducation a été irrégulière, et il a exercé une grande variété de métiers – dont ceux de vendeur de journaux, de charpentier, de steward de bateau et de restaurateur – avant de se lancer dans une carrière littéraire. Contrairement à la plupart de ses confrères, il ne s’est pas signalé rapidement par des romans, mais par un certain nombre de nouvelles mémorables au milieu d’une production dont la diversité reflète, dans une certaine mesure, sa carrière mouvementée. Helen O’Loy (1938) fut chronologiquement une des premières présentations du thème d’un robot acquérant des sentiments humains. Nerves (1942) raconte avec réalisme un accident dans une centrale nucléaire. For I am a jealous people (1954) est une variation iconoclaste sur le thème des dieux extraterrestres. En 1971, il publia Pstalemate (Psi), un des romans majeurs sur le motif des pouvoirs extrasensoriels. Lester Del Rey a été critique de livres dans If et dans Analog, et il a déployé une activité considérable d’éditeur et d’anthologiste. En 1980, il a fait paraître The world of science fiction 1926-1976, qui constitue un bon survol historique du domaine.

DICK (Philip Kindred). – Né en 1928. Débuts en 1952. Fait d’abord figure d’industriel de la science-fiction, publiant près de soixante nouvelles en 1953 et 1954. Dans son premier roman, Solar lottery (1955, Loterie solaire), il se pose en disciple de Van Vogt, mais certaines nouvelles, comme The Father-King (1955, Le Père truqué), sont déjà plus personnelles. Dans les années suivantes, il publie surtout des romans, et son originalité s’affirme progressivement. En 1960 et 1961, tous ses efforts sont consacrés à The Man in the High Castle (1962, Le Maître du Haut Château) qui lui vaut le prix Hugo. Suit une période exceptionnellement féconde : en 1964 apparaissent à la fois The Three Stigmata of Palmer Eldritch (Le Dieu venu du Centaure), The Simulacra (Simulacres), The Penultimate Truth (La Vérité avant-dernière) et Clans of the Alphane Moon (Les Clans de la Lune Alphane). Sa maîtrise de l’art d’écrire est d’autant plus remarquable qu’il écrit très vite. Plus remarquable encore est la cohérence de son inspiration : toute son œuvre est organisée autour de quelques thèmes centraux tels que le nombre infime des détenteurs du pouvoir, leur tyrannie, leur habileté à se maintenir en place en dupant leurs victimes, la vocation de celles-ci pour les illusions, les mirages et à la limite la folie, le poids de la contrainte et les caprices cruels du hasard. Peu à peu cependant la critique sociale devient moins importante, tandis que l’expérience de la drogue et les tendances délirantes conduisent à l’éclatement du récit : cette dernière période culmine avec Ubik (1969) et aboutit à un silence de plusieurs années, que l’écrivain consacre surtout à se soigner. S’étant remis à écrire, Philip K. Dick a notamment publié en 1974 Flow, my tears, the policeman said, un roman qui se place dans la lignée de ses récits précédents. En 1977, il a fait paraître A scanner darkly, où on trouve une véhémente dénonciation de la drogue. Par la suite, Philip K. Dick sembla fasciné par une combinaison de mysticisme et de contrôle par des extraterrestres. Il est décédé en 1982.

DISCH (THOMAS MICHAEL). – Né en 1940, travailla dans une agence de publicité et dans une banque avant de se lancer, en 1964, dans une carrière littéraire. Ses récits de science-fiction se caractérisent souvent par leur allure sombre, soit qu’ils décrivent la totale indifférence d’entités qui manipulent les humains, comme The genocides (1965), soit qu’ils baignent dans le pessimisme comme Camp concentration (1968). Dans ce dernier roman, le narrateur est un des prisonniers traités au moyen d’un médicament-« miracle » qui accroît spectaculairement ses facultés intellectuelles, mais au prix d’une mort rapide et affreuse. Dans 334, Disch présente une série de nouvelles liées sur le fond d’un New York écrasant du proche avenir, et exposant le problème général de la survie dans ce milieu. Pénétrant, ironique, cruel, alternant la froideur et l’austérité, Disch paraît avoir hérité quelque chose de la noirceur inspirée qui distinguait C.M. Kornbluth pour l’unir à un maniérisme qui lui est personnel.