Auteurs de science-fiction et de fantastique dont le nom commence par B...
BALLARD (James Graham). – Né en 1930 à Shanghai, J.G. Ballard fut rapatrié en 1946 en Angleterre – son pays d’origine – après plusieurs années de détention dans un camp militaire japonais. Après des études de médecine et une période dans la R.A.F. au Canada, il travailla comme scénariste de films scientifiques puis se consacra à une carrière d’écrivain.
Son premier récit fut publié en 1956 et, parmi ses romans ultérieurs, The Wind from Nowhere (1962, le vent de nulle part), The Drowned World (1962, Le Monde englouti) et The Crystal World (1966, La Forêt de cristal) constituent des variations sur un thème qui semble l’avoir obsédé : le monde finit lentement des conséquences d’un cataclysme, pendant que le narrateur contemple cette fin en s’abandonnant à l’introspection.
Empire du soleil (1984)
Quelques critiques américains, dont Judith Merril, ont salué en J.G. Ballard le chef de file de la « nouvelle vague » de la science-fiction, caractérisée par un désir d’expérimentation stylistique et verbale. J.G. Ballard lui-même se considère comme un explorateur de l’« espace interne », exprimant de la sorte son intérêt pour l’étude psychologique de l’homme confronté aux modifications que la science impose à son environnement. Depuis plusieurs années, il est revenu au genre de la nouvelle, écrivant toutefois plus lentement que naguère. Il meurt à Londres en 2009
BEAM PIPER (Henry). – Né en 1904, s’est suicidé en 1964. H. Beam Piper entra tardivement (en 1947) dans le monde de la science-fiction, où il attira cependant tout de suite l’attention par des nouvelles fondées sur le thème du temps cyclique ou sur celui des univers parallèles. Dans Omnilingual (1957), il posa et résolut un problème scientifique logique : qu’est-ce qui pourra jouer le rôle de la pierre de Rosette lorsqu’il s’agira de déchiffrer la langue écrite sur une planète dont les habitants sont morts ? Il a laissé plusieurs romans, dans lesquels il fait en général triompher un solitaire idéaliste dans des contextes variés, comme le contact avec une race extra-terrestre apparemment intelligente (Little fuzzy, 1962), ou les intrigues d’empires galactiques (Space Viking, 1963).
BESTER (Alfred). – Né en 1913, Alfred Bester entreprit des études de médecine, puis de droit, tout en suivant de nombreux cours à option : cette diversité d’intérêts reflétait un caractère de dilettante brillant qui devait ultérieurement marquer ses récits de science-fiction. Alfred Bester se fit connaître en écrivant pour la radio et la télévision, et en collaborant à des magazines tels que Holiday et Rogue. Il s’imposa relativement tard comme romancier de science-fiction avec The Demolished Man (L’Homme démoli, 1953) et The Stars my Destination (Terminus les étoiles, 1956). Dans ses nouvelles, il excelle à faire ressortir l’élément paradoxal, incongru ou simplement bizarre, qui piquera la curiosité du lecteur. Il fut critique des livres dans The Magazine of Fantasy and Science Fiction entre 1960 et 1962. En 1957, Alfred Bester présenta à l’Université de Chicago un exposé qui constituait pratiquement une « confession » sur son activité d’auteur de science-fiction ; le texte de cet exposé a été inclus dans The Science Fiction Novel.
BLISH (James). – 1921-1975. Après des études de biologie, James Blish renonça à la carrière de chercheur scientifique pour celle d’agent en relations publiques et de conseiller littéraire. Cette dernière activité, qui l’obligeait à distinguer puis à expliquer les faiblesses des textes qui lui étaient soumis, eut une influence certaine sur sa propre production de science-fiction : celle-ci fut d’abord marquée par une sorte d’intellectualisme distant, puis par le développement prudent des personnages sur les plans de la vraisemblance et de la psychologie.
James Blish s’est signalé en particulier par son traitement du conflit entre la science et la religion dans Un cas de conscience (1958), conflit qu’il présente du point de vue de l’agnosticisme alors même que son personnage central est un ecclésiastique. Il est également l’auteur du cycle Villes nomades (Aux hommes les étoiles, Villes nomades, La Terre est une idée, Un coup de cymbales), entre 1955 et 1962.
Sous le pseudonyme de William Atheling Jr., James Blish fit paraître des essais critiques sur des auteurs et des œuvres de science-fiction ; ces essais ont été réunis en livres (The Issue at Hand, More Issues at Hand). Un numéro spécial lui a été consacré, en avril 1972, par The Magazine of Fantasy and Science Fiction, dans lequel il écrit irrégulièrement des chroniques sur les livres nouveaux depuis plusieurs années. La quête du savoir est-elle un péché ? Cette question préoccupait Blish, et il l’a approfondie dans une sorte de cycle qui se compose d’un roman historique (Doctor Mirabilis, une biographie de Roger Bacon) et de trois récits de science-fiction (Black Easter, The Day after Judgement et A Case of Conscience).
Il est l'auteur de la série de Star trek qui comprend 65 livres mais qui n'est pas la source des épisodes télévisés créés par Gene Roddenberry en 1966
Passionné par les écrits d’Ezra Pound, de James Joyce et de James Branch Cabell, et aussi par la musique de Richard Strauss, il est principalement connu comme auteur de S.-F. – rationnel et intellectuel, mais ouvert aux préoccupations métaphysiques –, Blish estimait cependant que Doctor Mirabilis était son meilleur livre. Il a passé les dernières années de sa vie en Angleterre, et ses manuscrits se trouvent à la Bibliothèque Bodléienne à Oxford.
BLOCH (Robert). – Né en 1917, Robert Bloch publia son premier récit en 1935. Il se rattachait à l’époque au groupe des jeunes auteurs pour lesquels Howard Phillips Lovecraft était une sorte de guide, de mentor par correspondance. Robert Bloch a écrit dans les domaines de la science-fiction, du fantastique, du policier et du récit de terreur, tout en manifestant souvent un sens poussé de l’humour (lequel ne se manifeste pas uniquement dans la noirceur, ainsi que le prouvent en particulier les nombreux écrits qu’il donne régulièrement aux fanzines). Pour le grand public, Robert Bloch est surtout célèbre pour avoir écrit Psychose, dont Alfred Hitchcock tira un film. Pour l’amateur de science-fiction, il est un écrivain doué d’un détachement remarquable : il sait créer avec autant de lucidité que de méthode des climats, des intrigues et des décors où la lucidité et la méthode, précisément, perdent leur rôle habituel. Avec Robert A. Heinlein, Cyril M. Kornbluth et Alfred Bester, Robert Bloch fut un des conférenciers invités en 1957 par l’Université de Chicago à parler sur la science-fiction, les exposés ayant ultérieurement été publiés en volume sous le titre de The Science Fiction Novel.
BRADBURY (RAY). - Aux yeux du non-spécialiste, Ray Bradbury est l’écrivain qui, plus que tout autre, a longtemps personnifié la science-fiction contemporaine. C’est par un chemin curieux qu’il est arrivé à cette situation. Son enfance paraît avoir été marquée par une peur de l’obscurité beaucoup plus prononcée que chez la plupart des écoliers, ainsi que par un intérêt précoce pour les contes de fées et les récits d’aventures. Ceux qui l’ont connu pendant son adolescence le décrivent comme le boute-en-train du fandom de Los Angeles. Né en 1920, il décida vers l’âge de dix-huit ans qu’il deviendrait écrivain, mais les premiers récits qu’il soumit à divers magazines spécialisés furent d’abord refusés; de tous les grands auteurs de la science-fiction "classique", il est pour ainsi dire le seul qui n’ait pas été révélé par John W. Campbell, jr., le rédacteur en chef d’Astounding. Il vit en revanche ses nouvelles publiées dans Weird Tales et Planet Stories, puis dans des périodiques tels que The New Yorker, Collier’s Esquire et The Saturday Evening Post : il fut un des premiers auteurs de science-fiction publiés hors des magazines spécialisés, et ce précédent devait prendre ultérieurement une importance considérable. Après 1946, ses récits commencèrent à retenir vivement l’attention par leur originalité : plusieurs de ses nouvelles se déroulaient sur un décor commun (la planète Mars, telle que Bradbury la rêvait, et non telle que l’astronomie la révélait) et elles furent réunies en 1950 en un volume qui consacra définitivement la réputation de leur auteur, The Martian Chronicles (Chroniques martiennes). The Illustrated Man (L’Homme illustré, 1953), recueil composé de manière semblable, puis Fahrenheit 451 (1953), son premier roman, connurent un succès presque aussi vif. Il se confina depuis lors pratiquement dans un unique thème fondamental - la dénonciation insistante des méfaits possibles de la science - qu’il développait sur un style volontairement simple mais sur un rythme narratif dont la lenteur et la densité, obtenues en partie par l’emploi adroit de répétitions et de retours, étaient minutieusement élaborées. L’esprit critique, chez Ray Bradbury, ne va jamais très loin; mais le style et le sens poétique sont ses atouts majeurs d’écrivain. C’est sans doute la raison pour laquelle les critiques non spécialisés l’ont remarqué, lui plutôt qu’un autre, parmi les auteurs de science-fiction contemporains. En mai 1963, The Magazine of Fantasy and Science Fiction lui consacra un numéro spécial.
BROWN (Fredric). - Auteur de plusieurs romans policiers, Fredric Brown (1906-1972) a acquis dans ce domaine un goût prononcé, ainsi qu’une maîtrise profonde, de l’effet de chute final : il l’a adroitement exploité dans de nombreuses nouvelles de science-fiction. What Mad Universe (L’Univers en folie, 1949) est à la fois un aboutissement et une parodie du space opera, où Fredric Brown déploie son talent de conteur et sa verve de misanthrope. The Lights in the Sky Are Stars (1954) est une étude psychologique du pionnier qui fait réaliser un nouveau projet spatial sans pouvoir y participer lui-même. Au cours de ses dernières années, Fredric Brown a relativement peu écrit de science-fiction, si ce n’est dans un genre qu’il a largement contribué à populariser : la short-short story, récit ultra-court tenant en une ou deux pages de magazine et s’achevant sur une chute fracassante.
BUDRYS (Algis). – Né en 1931 sur sol allemand, vivant depuis 1936 aux États-Unis, Algis Budrys est le fils du consul général du gouvernement lituanien en exil (son prénom complet est Algirdas, et Budrys est un pseudonyme signifiant sentinelle). Ses premiers récits de science-fiction furent publiés en 1952, et Budrys s’affirma petit à petit comme un des talents originaux de sa génération, alors même qu’aucun de ses romans ne domine véritablement les autres dans son œuvre. Sa narration progresse fréquemment par des modifications de point de vue, par des successions d’effets kaléidoscopiques dont l’intégration ne s’opère que lentement. Le thème de la liberté, apparent ou sous-entendu dans plusieurs de ses récits, se double souvent de celui de la recherche de l’individu par lui-même. Entre 1965 et 1971, Algis Budrys fut critique de livres dans la revue Galaxy, apportant à ses études une remarquable combinaison de points de vue : le métier de l’écrivain s’y alliait à l’enthousiasme de l’amateur et à la clairvoyance de l’historien.