Le Grenier de Clio : Mythologie grecque.

Déméter

Déméter (Gr. Δημητηρ; Lat. Demeter) dont le nom, sans doute une altération d'un mot grec qui signifie de "Terre-mère", était la déesse de l'agriculture et des moissons.

Cérès
Cérès (1660)
Giovanni Francesco Romanelli (CP)

Elle représentait la terre cultivée et féconde contrairement aux autres déesses comme Gaïa ou Rhéa qui personnifiait la terre en tant que matière. C'est elle qui facilitait la germination et la pousse des plantes.

Elle était la fille de Cronos et Rhéa. Elle fait partie des douze Olympiens même si elle préférait résider à Eleusis au contact de la terre que sur l'Olympe.

Elle fut assimilée par les romains sous le nom de Cérès qui était une divinité latine très ancienne associée aux moissons.

❖ Attributions

La base de l'économie grecque reposait principalement sur la culture des céréales (orge et blé) c'est pourquoi elle était particulièrement vénérée en assurant l'abondance et l'épanouissement des cités. Elle resta toujours très proche des Hommes qui construisirent en son honneur un grand nombre de temples à travers toute la Grèce.
En tant que déesse de la terre elle avait aussi un caractère chthonien qui fut par la suite dévolu à sa fille Perséphone.

❖ Attributs

La truie, le bélier, la grue et la tourterelle ainsi que la couronne d'épis de blé, le flambeau, et la gerbe de blé sont ses emblèmes.

❖ Amours

Cérès
Cérès de Jean-Antoine Watteau (CP)

Sa beauté sévère attira toutefois quelques prétendants à qui elle tenta de résister.

POSEIDON
Alors qu'elle était en Arcadie, Poséidon la convoita mais elle se transforma en cavale et se mêla aux juments du roi Oncos. Cependant il en fallait plus pour décourager le maitre des eaux qui à son tour prit la forme d'un fougueux étalon et la rendit mère du cheval Arion (ou Areion) qui était immortel, doué de parole. et avait une magnifique crinière verte. (Apd. II, 77).
Pausanias (VIII, 25,5) donne une autre version en faisant Gaïa la mère d'Arion; il existe aussi une filiation par Zephyr et Podarge.
Héraclès, l'avait chevauché quand il fit la guerre aux Eléens et il le donna par la suite à Adraste.
Ils eurent aussi une fille que l'on connait seulement sous le nom de Despoina ou Despina, "la maîtresse" , car son nom réel n'était révélé qu'aux seuls initiés.

ZEUS
Déméter se refusa pareillement à Zeus qui, lui aussi, arriva à ses fins en se transformant en un puissant taureau et la rendit mère de Perséphone.

MACRIS
Déméter tomba amoureuse de Macris, une nymphe de Corcyre et par amour pour elle, elle enseigna l'art des semailles et de la moisson aux Titans sur son île appelée Drépané (la faux). Ce nom viendrait du fait que sous l'île se trouvait la faucille de Déméter ou bien celle qui avait émasculé Ouranos.

Cérès et sans doute Ploutos

IASION
Elle fut rendue mère par Iasion, "le laboureur", fils de Zeus et de la Pléiade Électre. Ils se rencontrèrent lors du mariage de Cadmos et d'Harmonie. Echauffés par le nectar qui coulait à flots les amoureux se glissèrent hors de la maison et s'unirent dans un champ trois fois labouré. A leur retour, en voyant les traces de boue sur les jambes et les bras, Zeus comprit ce qui venait de se passer entre eux; jaloux à l'idée que Iasion ait osé toucher Déméter, il le frappa à mort de sa foudre ou l'estropia gravement.
Selon d'autres sources il vécut auprès de Déméter et introduisit son culte en Sicile.
Cette union donna naissance à Ploutos, dieu aveugle de la richesse et de l'abondance et Philomélos qui inventa la charrue et pour le remercier de son invention, Déméter le plaça dans le ciel sous la forme de la constellation du bouvier..

❖ Culte

Déméter
Déméter et le serpent d'Eleusis

Toute la Grèce la vénérait comme une déesse majeure. Les terres à blé, comme la Sicile, plus encore que les autres. Bienfaisante, elle protégeait les récoltes, elle apprit aux hommes ce qui constitue la base même de la civilisation : la culture du blé et la fabrication du pain. On la célébrait par des banquets champêtres, des fêtes qui montrent son caractère populaire. Le culte était basé sur le rythme des saisons. Certains rites rappelaient que fertilité agricole et sexualité humaine vont de pair : les fidèles portaient des corbeilles avec des figurations en terre d'organes sexuels, lançaient des plaisanteries grivoises lors des processions. il était à la source des Mystères d'Eulésis.

Les auteurs comiques de l'antiquité ont aimé se moquer de ces rites et ce n'est rien comparé à l'agressivité des auteur chrétiens.

Faut-il s'étonner que les Etrusques, ces peuples barbares, se soient fait initier à ces honteux mystères, quand nous voyons Athènes et toute la Grèce, je rougis de le dire, adopter l'indigne et dégoûtante fable de Déméter. Elle avait longtemps erré, cherchant sa fille Perséphone ; épuisée de fatigue, abattue par la douleur, elle se reposa sur le bord d'un puits, près d'Eleusis, bourg de l'Attique. [...] Baubon reçut chez elle Déméter et lui présenta à boire un breuvage qu'elle venait de préparer. Déméter, dans sa douleur, refuse le breuvage et la coupe. Baubon ne peut supporter ce refus, elle se croit méprisée, et, soulevant sa robe, elle se montre avec impudeur aux yeux de la déesse : celle-ci rit à cette vue, et, dans sa joie, elle prend la coupe et la vide. Voilà les mystères secrets de nos illustres Athéniens !
Clément d'Alexandrie, Exhortation aux Grecs, Livre II, chapitres 17 et 20

Thesmophories
Les Thesmophories
Francis Davis Millet (c.1894-97)
Brigham Young University Museum of Art


Elle était aussi particulièrement vénérée par les femmes, par exemple lors des Thesmophories à Athènes, cérémonie qui reçut son nom de l'épithète de la déesse «Thesmophoros» (la Législatrice) et qui était réservée aux femmes ce qui ne manquait pas de faire jaser les hommes. Le secret de ses Mystères était très bien gardé et sa divulgation était punie de la peine de mort; Eschyle faillit être condamné. Celles-ci rendaient un culte à la fertilité aussi bien pour elles-mêmes que pour la cité : Aristophane en fait le sujet de sa comédie, "Les Thesmophories".
Les Phigaliens adoreraient une Déméter à tête et crinière de jument, entourée de dragons et de serpents. Cette statue ayant été incendiée par accident, les Phigaliens oublièrent le culte de la déesse, qui envoya une grande sécheresse sur la pays. Cette calamité les aurait conduits jusqu'à manger leurs propres enfants, s'ils ne l'avaient arrêtée en rétablissant le culte de Déméter la noire.

Ses temples appelés Mégara se trouvaient souvent dans les forêts. Le serpent, animal chtonien par excellence, et le porcelet lui étaient consacrés.