Anubis.

Anubis

Dieu égyptien des nécropoles et de l'embaumement, Anubis (Inpou en égyptien) est représenté par un canidé noir, ou comme un homme à tête de canidé. Il est le fils d'Osiris et de Nephtys, la sœur d'Isis qui avait emprunté son apparence. Toutefois dans des textes d'autres noms de déesses comme Hésat, Hathor ou Isis apparaissent comme sa mère.

Anubis

Ce pauvre Anubis, enfant adultérin, fut abandonné dès sa naissance par ses deux parents, heureusement que sa tante, Isis, l'allaita et l'éleva avec beaucoup de soins et d'amour.

La couleur noire représente la couleur des momies après avoir subi le processus d'embaumement. C'est une couleur bénéfique, symbole de la métamorphose des défunts dans le sol. C'est aussi la couleur du limon déposé par le Nil pendant l'inondation, gage d'une récolte abondante.

Depuis l'Égypte prédynastique, lorsque les morts étaient enterrés dans des tombes peu profondes, les chacals ou des chiens sauvages étaient fortement associés aux cimetières parce qu'en tant que des charognards qui venaient roder autour des tombes fraichement recouvertes. Ceci explique sans doute la figuration d'Anubis en canidé noir.
Toutefois les statues d'Anubis sous forme animale ne ressemblent pas exactement à un canidé actuellement connu mais plutôt à un mélange d'animaux :
Des oreilles droites en pointe et museau pointu, un corps mince avec de grandes pattes et une longue queue sont ses principales caractéristiques physiques.

On lui attribue deux enfants la déesse Qébéhout et peut être Oupouaout.

Anupet ou Anput était la parèdre d'Anubis avec qui elle partageait de nombreuses fonctions. Elle est représentée par une femme dont la tête est surmontée de l'enseigne d'un canidé couché sur une plume d'autruche qu'on peut voir sur la stèle de Mykérinos. Elle était la déesse des funérailles et de la momification et la déesse du XVIIe nome de la Haute Égypte. Elle passe pour la mère de la déesse Qébéhout pour former la triade de Cynopolis.
Hésat, la vache céleste passe parfois pour sa mère ou sa parèdre.

Pendant la période de l'Ancien Empire, Anubis la divinité funéraire la plus importante. Il a été remplacé par Osiris comme le dieu des morts, et relégué à un rôle de soutien comme dieu du culte des obsèques en particulier des soins donnés aux morts. Il reste le gardien des cimetières et des nécropoles.

❖ Fonctions

Les nombreuses épithètes décrivent les fonctions occupées par Anubis. La plupart de ses épithètes le relient à la mort et à l'embaumement.

Anubis et la momie de Sennedjem

➤ Embaumeur

Dans le mythe d'Osiris, Anubis réalise, avec l'aide d'Isis, le premier embaumement sur le corps reconstitué d'Osiris. Il est devenu le patron des embaumeurs, "Khenty-seh-netjer, seigneur du pavillon du dieu" (un symbole de la tente "seh" où la momification avait lieu) qui est souvent représenté dans le livre des Morts aux côtés de la momie du défunt.
Il porte aussi l'épithète de "Imy-out, celui qui est sur le lieu de l'embaumement" (gardien de l'embaumement).

Imy-out ou nébride désigne aussi une sorte d'outre pendue à un poteau dans laquelle Anubis aurait mis les humeurs d'Osiris qui s'écoulèrent lors de sa momification.

Les peintures funéraires le montre assister la momie dans la tombe, en posant ses mains sur la momie et en disant : « Je suis venu protéger Osiris », car chaque corps momifié était associé à un Osiris. D'autres scènes montrent Anubis offrant le cœur à la momie dans son cercueil pour que le corps soit complet lorsqu'il atteindra l'au-delà, (l'Amenti).

➤ Guide des âmes

Anubis conduit Hounéfer

Anubis est souvent décrit comme celui qui guide les défunts pour le passage du monde des vivants vers l'au-delà. Bien qu'un rôle similaire ait parfois été joué par Hathor, Anubis était plus souvent choisi pour remplir cette fonction.

Les grecs plus tard l'ont identifié avec leur dieu psychopompe, Hermès, aboutissant à la déité composite d'Hermanubis.

La totalité du jugement d'Hounéfer est retracé sur le papyrus de son Livre des morts. Anubis tenant pas la main de défunt arrive dans la salle des Deux Vérités où il va procéder à la pesée du coeur.

On remarquera la finesse du rendu de la transparence de la robe d'Hounéfer qui porte une petite barbe en tant que noble.

Anubis tient à la main la croix ansée, symbole de vie, et la queue de taureau, symbole de puissance, est accrochée à sa ceinture.

Dans le registre supérieur de la reproduction complète Hounéfer s'adresse aux 42 juges en récitant la confession négative.

➤ Gardien de la balance

Anubis effectue la pesée du coeur d'Hounéfer

Anubis effectue la pesée du coeur du défunt pour déterminer si la personne était digne d'entrer le royaume des morts, connu sous le nom de Douat. Dans le Livre des Morts, il préside la pesée du cœur (psychostasie) du défunt dans la chambre des Deux Vérités. En pesant le cœur d'une personne décédée par rapport à Maât, qui était souvent représentée comme une plume d'autruche, Anubis établissait le sort des âmes tandis que Thot inscrivait le résultat sur un papyrus.

Les âmes plus lourdes que la plume étaient immédiatement dévorées par Ammout tandis que les âmes plus légères que la plume pouvaient continuer le voyage vers le "Bel Occident".
Plus tard, quand Osiris a remplacé Anubis en tant que divinité des morts qui présidait désormais à la pesée du cœur, Anubis était alors considéré comme son assesseur.

On remarquera sur cette image que le fléau de la balance est horizontal et que les cordons des plateaux ne sont pas de la même longueur.

➤ Protecteur des tombes

Anubis gardien de la porte

Anubis est un protecteur des tombes et des cimetières dès la première dynastie. Dans les textes égyptiens et les inscriptions faisaient référence à ce rôle en le nommant "Khenty-imentiu, le premier des occidentaux" car les morts étaient généralement enterrés sur la rive ouest du Nil, terre où le soleil couchant disparaissait pour la nuit.
On trouve aussi d'autres épithètes comme "Tepy-dju-ef, Celui qui est sur sa montagne" (c'est-à-dire gardant les tombes d'en haut) ou "Seigneur de la terre sacrée", qui le désigne comme un dieu de la nécropole du désert.
Les prêtres-sem qui s'occupaient des morts portaient une peau de léopard afin de commémorer la victoire d'Anubis sur Seth venu profaner la momie d'Osiris selon la légende.

À partir de la fin du Nouvel Empire, il était représenté tenant une clef dentelée en main, qui lui permettait d’ouvrir les portes de l’au-delà pour les défunts.

➤ Pourvoyeur d'offrandes

En tant que « maître de la sépulture » ou « maître de l'enterrement » il est chargé d'approvisionner le défunt. Sur de nombreux textes funéraires on demande à Anubis de garantir des offrandes alimentaires en abondance.

❖ Légende

Mm

Une histoire datant du premier millénaire avant notre ère raconte comment  Seth se déguisa en léopard pour approcher du corps d'Osiris en vue de le profaner. Il fut surpris par Anubis qui le marqua avec un tison brûlant. C'est pourquoi le léopard a désormais des points noirs sur son pelage. Anubis écorcha ensuite Seth et emporta sa peau ensanglantée pour servir d'avertissement aux profanateurs des tombes.

❖ Culte

Le culte d'Anubis est attesté dès le XXXIIe siècle mais ses sanctuaires étaient principalement situés dans la ville d'Henou du XVIIe nome, baptisée Cynopolis par les Grecs (la ville des chiens) ainsi que dans les nécropoles d'Abydos et de Saqqara. En tant que gardien des cimetières de nombreuses chapelles lui étaient consacrées dans tout le pays, en particulier à Deir el-Bahari.

Siamun et Taruy adorant Anubis
(XXVIIIe dynastie) © MET

Bien qu'Anubis ne soit pas très présent dans les mythes, il était extrêmement populaire auprès des Égyptiens et même auprès des gens d'autres cultures.
Il a bénéficié d'un culte autant royal que populaire.
Anubis était très vénéré car, malgré les supputations modernes qui en font une redoutable divinité infernale, il donnait de l'espoir aux gens qui s'émerveillaient de la garantie que leur corps serait respecté à leur mort et que leur âme serait protégée et justement jugée par un tribunal impartial.

Dans son rôle de psychopompe il est mentionné comme "le conducteur des défunts " ce qui lui vaut d'être assimilé à l'Hermès Grec sous le nom Hermanubis.

Dans les momifications, un prêtre portant un masque à tête de de canidé jouait le rôle de Anubis.

Anubis est resté un dieu funéraire important à l'époque romaine, mais son culte a été modifié par les romains. Sans doute parce qu'il avait une grande popularité auprès des nécromanciens. Les sortilèges démotiques expliquent comment convoquer Anubis, le gardien des enfers, par des méthodes comme fabriquer son image dans le sang d'un chien noir. S'il apparaissait, sait-on jamais, Anubis pouvait être utilisé comme interlocuteur pour obliger les divinités et les esprits infernaux de répondre aux questions du magicien qui interroge les morts.

❖ Iconographie

Mykérinos et Anupet

Anubis apparait sous deux formes:
- soit sous forme humaine avec une tête de canidé aux longues oreilles pointues tenant en général la croix ankh d'une main et un sceptre de l'autre.

- soit sous forme d'un grand chien ou chacal noir aux formes fines et élancées, le plus souvent couché sur un édicule qui représente sans doute le tombeau sur lequel il veille.
Il porte un ruban rouge ou doré noué autour du cou.

Cette représentation en sous l'aspect d'un canidé vient sans doute de l'observation des chacals et des chiens errants qui hantaient les abords des cimetières du désert comme s'ils en gardaient l'accès.


Anubis (trésor de Toutankhamon)
© Musée égyptien du Caire
Ouverture de la bouche
Livre des morts de Hounéfer (XXVIe dynastie)

Anubis tient debout la momie de Hounéfer devant sa femme et sa fille éplorées. Deux prêtres vont procéder à l'ouverture de la bouche à l'aide d'un « peseshkaf ». Le personnage de gauche est sans doute le fils ainé du défunt (petite barbe) vêtu d'une peau de léopard qui officie en tant que prêtre-sem. Il tient d'une main un encensoir et de l'autre un vase nemset pour les libations

Anubis tenant d'une main le pilier Djed et de l'autre les sceptres Héqa et Nekhekh
(Abydos)
Hermanubis (c. IIIe siècle)
Mosaïque à Rimini (Italie)

❖ Filiation

Généalogie