Le Grenier de Clio : Mythologie grecque.

Briséis

Briséis (Gr. Βρισηίς) est la captive d'Achille dont il tomba amoureux pendant la guerre de Troie.

Briséis entrainée hors
de la tente d'Achille
Jean-Baptiste DESHAYS (1761)

De son vrai nom Hippodamie, elle est la fille de Brisès, prêtre d'Apollon de la ville de Lyrnessos en Cilicie de Troade. Son époux, Mynès, régnait sur cette ville qui était depuis longtemps l'alliée de Troie. Durant le siège de Troie elle fut pillée par les expéditions d'approvisionnement menées par les Grecs. C'est ainsi que Mynès fut tué ainsi que ses trois frères de son épouse qui fut amenée en captivité et donnée à Achille.

On aurait pu penser qu'une reine captive dont la famille avait été décimée par les grecs aurait gardé rancoeur à ses maitres de ses malheurs mais Patrocle, le premier, sut la réconforter comme elle le rappelle devant sa dépouille mortelle.

«Et tu ne me permettais point de pleurer, quand le rapide Achille eut tué mon époux et renversé la ville du divin Mynès, et tu me disais que tu ferais de moi la jeune épouse du divin Achille, et que tu me conduirais sur tes nefs dans la Phthia, pour y faire le festin nuptial au milieu des Myrmidons.»
(Iliade, XIX )

Et Briséis tomba amoureuse d'Achille et Achille tomba amoureux de Briséis; il faut dire qu'avec ses longs cheveux châtain, ses yeux bleus et sa peau claire, Briséis était tout à fait charmante et pour compléter le tableau elle était aussi intelligente qu'instruite.
Tout aurait été parfait si Agamemnon n'avait été obligé de rendre la liberté à sa captive, Chryséis, fille de Chrysès. Chrysès, prêtre d'Apollon avait offert une rançon pour racheter sa fille mais Agamemnon la refusa et déchaîna la colère d'Apollon qui envoya la peste sur le camp grec.

La colère d'Achille
1819 DAVID
© Kimbell Art Museum, Fort Worth

Afin que l'épidémie cesse, Chryséis fut libérée; Agamemnon exigea qu’Achille lui cède Briséis. Il envoya  deux hérauts Talthybios et Eurybate pour aller la chercher dans la tente même d’Achille.
Les adieux furent poignants. Briséis pleura beaucoup et Achille s’enferma dans une colère noire et refusa désormais de combattre. Désespéré, il alla sur la plage appeler sa mère et lui demander d’intercéder auprès de Zeus pour qu’il donne la victoire à ses ennemis.

Très vite, l’armée grecque ressentit l’absence du héros et les Troyens fut très près de brûler les navires grecs. Agamemnon voulut l'amadouer en lui offrant de l'argent et des femmes mais rien n'y fit.

Briséis va envoyer une lettre (Ovide Les Héroïdes - Epitre 3). Une lettre qui mêle à la fois le désespoir d’avoir été éloigné de son amant (elle lui reproche de l’avoir laissé partir trop vite, de ne pas venir la chercher, de préférer l'or donné par Agamemnon à elle) et l’espoir qu’elle va le retrouver très bientôt et le convaincre.

«Grecs, envoyez-moi vers lui. Députée par vous, je prierai mon maître, je mêlerai à mes discours des baisers sans nombre, je ferai plus que Phénix, plus que l'éloquent Ulysse, plus aussi, croyez-moi, que le frère de Teucer. Des bras entourant un cou habitué à leurs étreintes ne sont pas sans pouvoir, non plus que le sein que j'offrirai alors à ses yeux charmés. Quoique barbare et plus cruel que les ondes de ta mère, tu seras, sans que je parle, attendri par mes larmes.» (Ovide, Héroïdes III)

Le retour de Briséis
RUBENS

C’est la mort de son ami Patrocle qui va pousser Achille à reprendre le combat et Agamemnon lui restitua Briséis. Achille demanda au roi de jurer qu’il n’avait jamais touché Briséis. Pourtant il admet qu'il aurait préféré la voir mort plutôt que de céder à cette funeste colère.

«Atréide, n'eût-il pas mieux valu nous entendre, quand, pleins de colère, nous avons consumé notre coeur pour cette jeune femme ? Plût aux Dieux que la flèche d'Artémis l'eût tuée sur les nefs, le jour où je la pris dans Lyrnessos bien peuplée ! Tant d'Achéens n'auraient pas mordu la vaste terre sous des mains ennemies, à cause de ma colère.» (Iliade XIX )

Après la mort d’Achille, Briséis lui rendit les honneurs funèbres et le pleura longuement.

«Hélas ! que je suis malheureuse ! malheureuse plus que jamais ! Je n'ai pas ressenti une douleur aussi cruelle en perdant mes frères et ma patrie, qu'en te voyant mourir aujourd'hui. Tu étais pour moi le jour, la lumière du soleil, la vie, l'espérance joyeuse et la consolation de mes peines ; je te préférais à tous les biens et à mes parents mêmes ; tu étais tout pour moi, quoique je fusse esclave ; mais tu me traitais comme une femme, et tu me dispensais des fonctions serviles...! Ah ! plût aux dieux que la terre m'eût enfouie avant de voir ton dernier jour !»
(Quintus de Smyrne, la chute de Troie. Livre III, 560)

Elle aurait pu revenir à son fils Néoptolème qui reçut en fait Andromaque comme captive après le sac de Troie. En fait on ne sait pas ce qu’il advint de Briséis mais de nombreux auteurs, du moyen-âge à nos jours, ont écrit de nouvelles aventures où elle tombe amoureuse de Patrocle ou bien elle s'enfuit du siège de Troie avec Achille.

❖ Filiation.

? Brisès
BRISEIS
Époux* / amant Enfants
Mynès*  
Achille