Le Grenier de Clio : Légendes médiévales.

Lancelot

Fils de Ban de Bénoïc, roi de la Petite Bretagne et de la Gaule, et de la reine Elaine, la fille d'Agravadain, Lancelot du lac est l'un des plus célèbres chevaliers qui va conduire la Table Ronde à sa ruine.

Il naquit peu après la Pentecôte dans le château familial de Trèbe en Armorique et lors de son baptême il reçut tout d’abord le nom de Galaad. Les terres de Ban de Bénoïc ainsi que celles de son frère Bohort étaient convoitées par Claudas, roi de la Terre Déserte, qui s’opposait au jeune roi Arthur. Il a la réputation d'être "le meilleur chevalier du monde".

Enfance.

Joute
La fée Viviane enlevant Galaad

Le jeune roi Arthur, occupé à asseoir son trône face à des barons qui contestaient sa légitimité, ne put intervenir pour rétablir le bon droit dans les marches de Bretagne. Claudas en profita pour envahir les terres et faire le siège du château. Ce chateau construit au milieu des marais était réputé imprenable mais un long siège risquait de mettre à mal ses occupants. C'est pour cela que Ban de Bénoïc décida de conduire son épouse et leur jeune fils à la cour du roi arthur et de lui réclamer en personne une intervention salvatrice. Il confia la garde du château à son sénéchal, Aleaume qui ne devait pas tarder à le trahir.

Dès l'aube, le roi, sa famille et deux écuyers prirent la route étroite qui serpentait à travers l'inextricable marais. Ils traversèrent une sombre forêt et arrivèrent à proximité d'un lac. Le roi profita de cette halte pour monter sur un tertre et voir une dernière fois son cher château. Mais à la vue des flammes qui rougeoiaient dans une épaisse fumée noire il eut un malaise et tomba de cheval. Son épouse laissant son bébé accourut juste à temps pour recueillir son dernier souffle.

C'est alors que sortant des eaux du lac, une jeune dame profita de l'égarement de la reine se saisit du bébé puis disparut dans les eaux sombres du lac sous les yeux de la mère. Doublement désespérée, Elaine, l'illustre descendante de Joseph d'Arimathie, finit ses tristes jours dans un monastère. Mais c'était là un lac merveilleux au fond duquel se dressait un magnifique palais doté de tous les agréments qui permettent une vie paisible et enrichissante. Viviane y choie l'enfant et lui fait donner la meilleure éducation. Elle lui apprend qu'il est fils de roi, mais jamais ne lui révèle son nom d'où son surnom de Lancelot du lac.

❖ Légendes

Lancelot et Guenièvre BNF

Au Moyen Age, diverses oeuvres de la littérature de chevalerie portent ce titre de Lancelot. La plus importante est Lancelot ou Le Chevalier à la charrette (vers 1170), poème français de Chrétien de Troyes (mort en 1195), composé d'environ 7.000 vers octosyllabes en rimes embrassées. Nous savons que c'est sa protectrice Marie de France, épouse d’Henri Ier comte de Champagne, fille de Louis VII et d'Éléonore d'Aquitaine, qui fournit au poète ce sujet. Elle le tenait probablement elle-même de la tradition des lais et des romans gallois ou anglo-normands antérieurs à l'oeuvre de Chrétien et dont il s'est beaucoup inspiré. La psychologie des personnages de Lancelot et la beauté de la langue en font une oeuvre très attachante; toutefois, l'histoire est ici touffue et elle est loin d'avoir la rigueur du chef-d'oeuvre de Chrétien de Troyes : Yvain ou le Chevalier au lion. Pendant les fêtes de l'Ascension, se présente à la cour du roi Arthur un chevalier étranger. Méléagant, fils de Bademagne "roi du pays d'où l'on ne revient pas", et qui vient lancer un étrange défi : un duel qui aura pour enjeu, de sa part un grand nombre de chevaliers et de dames d'honneur du roi Arthur que Méléagant garde prisonniers, de la part de l'adversaire la reine Genièvre, épouse d'Arthur. Malheureusement Keu, le sénéchal, qui a engagé le duel est vaincu et la reine est emprisonnée. Gauvain, neveu d'Arthur, et d'autres chevaliers entreprennent de la délivrer ; parmi eux se trouve un inconnu qui, s'il mène l'entreprise à bonne fin s'expose au ridicule de monter sur une charrette (la charrette servait alors de pilori pour les malfaiteurs). Après de nombreuses et merveilleuses aventures au cours desquelles il donne des preuves de sa valeur, de sa soumission et de sa loyauté, l'inconnu, dont l'identité n'est dévoilée que fort tard dans le poème (il s'agit de Lancelot), parvient à libérer Genièvre de la prison où la tient Méléagant. Mais, parce qu'il a hésité un instant à monter sur la charrette, la reine le dédaigne maintenant et ne veut plus le voir : l'amour d'un chevalier pour sa dame doit être dévotion complète, soumission absolue. Lancelot désolé tente de se suicider, mais Genièvre qui en souffre à mourir ne lui cache plus son amour. Pour arriver jusqu'à la chambre de la reine, Lancelot se blesse en brisant les barreaux de la fenêtre et il laisse des traces de sang dans le lit royal. Dans la même pièce, Keu gît couvert de plaies ensanglantées, d'où il s'ensuit que Méléagant l'accusera d'adultère avec la reine il doit alors répondre au défi de Lancelot qui est accouru pour défendre l'honneur de Genièvre, celle-ci étant repartie à la Cour de son époux. Lancelot prend part ensuite, pour obéir à la volonté de sa dame, à un grand tournoi dont il sort vainqueur, puis revient, comme il l'a promis, se constituer prisonnier entre les mains de Méléagant qui le garde en captivité. Ici, s'interrompt l'oeuvre de Chrétien de Troyes qui fut terminée par Godefroy de Lagny : Lancelot sera libéré, il reviendra à la Cour et tuera Méléagant en duel. Les amours de Lancelot et de Genièvre imitent les amours de Tristan et Iseult, notamment en certains épisodes. Tout le roman est pénétré de la doctrine de l'amour courtois : en rendant le chevalier capable des actions les plus glorieuses, il en fait un héros, un vassal de sa dame ; certes cet amour lui impose tous les devoirs, mais lui permet, s'il sait s'en rendre digne, tous les espoirs.

Textes.

Ses espérances sont contées par Chrétien de Troyes dans son roman en octosyllabes Lancelot ou le Chevalier à la Charette (vers 1170).
Devenu ici le type du parfait amant courtois, le héros consent même au déshonneur social pour "servir" sa dame, Guenièvre, femme du roi Artus. Dans le Lancelot, premier roman en prose constitué vers 1225, son fils Galaad obtient par sa pureté de conquérir le Graal.

Lancelot en prose fait partie du cycle du Graal écrit entre 1220 et 1230 en français. C'estle récit des aventures du chevalier Lancelot et de ses compagnons sous la forme d'une chronique où chaque fait et geste est signalé avec une grande minutie avec une datation de l'évenement au jour près voire à une heure précise.

Au Moyen Age, diverses œuvres de la littérature de chevalerie portent ce titre. La plus importante est Lancelot ou Le Chevalier à la charrette

Lanzelot est poème épique en moyen allemand d'Ulrich von Zatzikhoven composé vers l'an 1200 ; c'est la première version de cette légende en Allemagne.

Les sources semblent en avoir été, pour une partie, le poème de Chrétien de Troyes, pour l'autre un volume en langue française aujourd'hui perdu, ayant appartenu à un otage de Richard Coeur de Lion venu en Allemagne. Huc de Morville. C'est ce qui explique que l'on retrouve dans les deux parties de l'oeuvre, de façon parfaitement distincte et séparée, les thèmes irlandais de la légende et, parallèlement, le thème, breton, du roi Arthur. La première partie raconte en effet la jeunesse de Lancelot, fils du roi Pant et de la reine Clarine, qui, après la mort de ses parents, est élevé par une fée des eaux (d'où son surnom : Lancelot du Lac), sans qu'il sache rien de sa propre famille. La fée lui promet de lui révéler le nom de ses parents lorsqu'il aura tué son plus cruel ennemi, " Iveret de la belle forêt ". Devenu homme, Lancelot reprend sa place dans le monde et court toute une série d'aventures. En duel, il tue le héros Galagandreiz dont il épouse la fille. Il continue son voyage seul, met à mort une quantité de preux chevaliers dont les femmes et les soeurs s'éprennent toujours de lui enfin le voici à la cour du roi Arthur et là il tue Iveret, l'ennemi de la fée. Iblis, la fille d'Iveret, l'aime et l'épouse après que Lancelot ait appris son véritable nom. On arrive ainsi à la seconde partie de l'oeuvre, qui, elle, nous transporte en plein cycle arthurien. Le roi Walwein veut enlever la femme d'Arthur, Ginover (Genièvre). Lancelot libère la reine, mais s'en éprend à son tour et devient son amant. Autour de l'intrigue amoureuse de Lancelot et Genièvre, s'entremêlent de nombreuses autres aventures du chevalier "béni parmi les femmes" (wipselige). Lancelot délivre une vierge enlevée par un dragon ; il inspire à la reine de Pluris qui voudrait le retenir, un amour passionné, mais il fuit ses étreintes. Iblis, son épouse, la fidèle Iblis, revêt un manteau qui est la marque de sa vertu, car seule peut l'endosser la femme demeurée fidèle à son époux. La valeur littéraire du poème est médiocre, surtout comparée à celle du poème de Chrétien de Troyes ; l'auteur, un ecclésiastique de la Thurgovie, ne fait que raconter ce qu'il a trouvé dans les documents où il a puisé. Mais au point de vue de l'histoire de la poésie chevaleresque en Allemagne, l'oeuvre présente un très grand intérêt.

Autres oeuvres

Au XIIIe siècle, on trouve une vaste compilation en prose française, Lancelot, faussement attribué pendant longtemps à l'écrivain anglo-latin Gualtier Map, mort vers 1210. Cette compilation narre tout au long l'histoire de Lancelot en la reliant à une autre grande oeuvre La Queste dou Saint Graal (Histoire du Graal). Lancelot est élevé par une fée, la Dame du Lac, qui en a fait un parfait chevalier ; il s'éprend plus tard de la reine Genièvre qui lui rend son amour; mais il ne pourra l'approcher qu'avec l'aide de son fidèle ami Galehaut ; à travers toutes ses épreuves, il lui restera fidèle. Ce n'est que par suite d'un enchantement qu'il donne à une fille de roi un fils, Galaad, qui sera le futur conquérant du Graal. Les deux amants finiront leur vie sous l'habit religieux : la reine en effet se retire dans un couvent après la mort d'Arthur dans une bataille ; quant à Lancelot, après avoir vengé cette mort et perdu sa femme et ses compagnons, il se fera ermite. Ce roman devint aux XIIIe et XIVe siècles la lecture favorite des chevaliers, sans doute attirés par le contraste entre la chevalerie mondaine courtoise et raffinée, et la conduite austère et mystique des chevaliers du Graal. Lancelot est évoqué également dans le gracieux récit : La dame du Lac (XVe siècle) qui conte l'histoire de Merlin et de Viviane.

Mais les amours de Lancelot et de Genièvre furent bientôt cités comme un exemple d'amours coupables : Francesca da Rimini dans la Divine Comédie attribue sa faute à la lecture de Lancelot du Lac (Enfer, ch. V) et, dans le Paradis, Dante évoque de nouveau un épisode de la rencontre entre Lancelot et Genièvre (ch. XVI).
D'Annunzio, dans sa Francesca da Rimini, reprit ce trait du Dante et c'est ainsi que Paolo et Francesca se dévoilent leur amour à travers les paroles de Lancelot et de Genièvre qu'ils lisent à haute voix (acte III, scène V).


❖ Filiation

Elaine Ban de Bénoïc
LANCELOT
Epouse* / amante Enfants
Guenièvre -
Elaine de Corbenic Galahad