Le Grenier de Clio : civilisation aztèque.

L'armée

Tous les jeunes gens devaient accomplir une période de préparation et de service militaires avant leur mariage et en général vers leur vingtième année. Ensuite, ils pouvaient être rappelés au service en cas de besoin.

Guerriers aztèques

Les hommes du peuple avaient des possibilités d'ascension sociale s'ils faisaient preuve de courage et accomplissaient des prouesses à la guerre. Particulièrement lorsqu'ils capturaient des guerriers ennemis pour les sacrifices humains, ils acquéraient le droit de porter une tenue déterminée (coiffure, insignes, costume, bijoux, devise de bouclier, etc.) qui leur était décernée par le souverain en personne et qui indiquait leur grade dans la hiérarchie militaire. Les guerriers très méritants recevaient en outre des terres. Ils ne pouvaient les vendre qu'à des nobles.

Les instructeurs et les célibataires servaient de personnel d'encadrement et constituaient une force d'intervention permanente. Ils dirigeaient les troupes subalternes. Dans l'ordre de bataille, on mélangeait les guerriers inexpérimentés aux vétérans. Des combattants particulièrement courageux et aguerris formaient des ordres militaires, sortes de corps d'élite, tels que les « guerriers aigles ».
Deux chefs d'armée se trouvaient à la tête des troupes. Ils appartenaient à la noblesse — souvent à la famille même de l'empereur — et devaient faire preuve d'une expérience militaire adéquate.

◆ L'équipement.

Armes des guerriers aztèques

L'équipement de base du guerrier se composait d'un bouclier rond de bambou tressé et richement décoré, d'un gilet fortement rembourré de coton piqué pour la protection du torse, et d'un macuahuitl garni des deux côtés de lames d'obsidienne.
Il lançait des dards à l'aide d'un propulseur (atlatl). Les adolescents participaient à leurs premières campagnes en tant que porteurs.

Lors des expéditions souvent lointaines, les soldats emportaient une provision d'armes, mais aussi des tortillas grillées et d'autres aliments pouvant se conserver, afin de parer à toute éventualité. En principe, la population des régions traversées devait alimenter les troupes et elle renforçait aussi l'armée par des troupes auxiliaires.

L'armement comportait les armes suivantes:
1) atlatl : propulseur qui permettait de multiplier par trois la vitesse et donc la portée ou la force de pénétration de la sagaie.
2) itztopilli : Hache manche en bois dont la tête était garnie dune masse aiguisées en métal ou en pierre.
3) tlahhuitolli : arc et carquois de flèches.
4) macuahuitl : sorte de de batte en bois dont les bords étaient garnis de lames d'obsidienne tranchantes.
5) tepoztopilli : longue arme en bois dont l'extrémité aplatie était garnie de lames d'obsidienne tranchantes.
6) bouclier rond en bambou tressé
7) heaume
8) tlacalhuazcuahuitl : la sarbacane était plutôt utilisée par les chasseurs mais à l'occasion elle pouvait être utilisée pour envoyer des fléchettes empoissonées sur les ennemis.
9) fronde faite en coton.
10) couteau en obsidienne utilisé aussi pour les sacrifices

◆ La guerre fleurie.

Les guerres entre les Aztèques et leurs voisins indépendants de l'autre côté des volcans furent souvent meurtrières. Même des membres des lignages dynastiques de chaque bord perdirent la vie sur le champ de bataille ou la pierre de sacrifice. On peut expliquer de diverses manières pourquoi les trois Etats relati­vement peu importants de Tlaxcala, Cholula et Huexotzinco parvinrent à conserver victorieusement leur indépendance face à leurs puissants voisins aztèques, en dépit de guerres violentes poursuivies durant près de cinquante-cinq ans.

Guerre fleurie

Les Aztèques prétendaient qu'ils n'en avaient jamais vraiment envisagé la conquête et que les combats étaient mainte­nus par un accord mutuel de « guerre fleurie» (Xochiyaoyot!), permettant aux deux camps d'entraîner leurs guerriers et de capturer les ennemis requis pour les sacrifices, sans devoir pour autant entreprendre de lointaines expéditions. Depuis la grande famine qui avait frappé le Mexique central au milieu du xv° siècle, il fallait offrir aux dieux toujours plus de sacrifices. Si les Aztèques avaient simplement conquis ce territoire, il leur aurait été bien plus difficile et coûteux de trouver des captifs à sacrifier. Le fait que d'habitude tous les Etats des deux camps ne participaient pas simultanément aux combats semble appuyer cette version. Mais d'autre part nous savons par les Tlaxcaltèques eux-mêmes qu'au moment de l'arrivée des Espagnols ils ne considéraient pas le moins du monde que leur encerclement par les Aztèques et les affrontements continuels constituaient une guerre institutionnalisée et motivée religieusement.
La vérité doit se trouver à mi-chemin. Les guerres n'étaient certainement pas menées en premier lieu pour satisfaire aux exigences rituelles de la religion. Elles avaient aussi un aspect de politique de puissance. Des «guerres fleuries» s'étaient déjà déroulées ailleurs au )(Ir siècle. A l'époque, on n'avait pas tout d'abord réalisé de gains territoriaux, et seuls des guerriers roturiers perdaient la vie sur le champ de bataille ou la pierre de sacrifice. En revanche on libérait les prisonniers nobles des deux camps, car il s'agissait pour eux d'un entraînement. Mais plus tard la guerre «s'échauffas: des nobles en devinrent également les victimes et on ambitionna des gains en territoire.
On peut imaginer que les guerres entre les Aztèques et les Etats d'au-delà des volcans évoluèrent de façon analogue. Au départ, ce territoire ne présentait certainement pas beaucoup d'intérêt pour les Aztèques, car il ne promettait pas un tribut alléchant en produits exotiques convoités. Mais Tlaxcala, Cholula et Huexotzinco résistèrent à la menace aztèque et se firent donc détester. L'entraînement au combat réel avec les guerriers réputés pour leur vaillance de Tlaxcala et Huexotzinco avait de l'importance pour les jeunes nobles aztèques et pour les arrivistes issus du peuple. La capture de prisonniers à sacrifier pouvait aller de pair avec l'affaiblissement d'un adversaire dangereux. Avec le temps, vu la croissance constante de la population de la ville de Mexico, la perspective de pouvoir également extraire un tribut alimentaire du territoire de la vallée voisine devint attrayante pour les Aztèques. Les trois adversaires, à la population plus faible et qui en outre s'affrontaient mutuellement, n'auraient pas pu soutenir à la longue cette guerre d'usure constante à laquelle ils étaient soumis.
L'arrivée des Espagnols interrompit cette évolution. Tlaxcala et Huexotzinco devinrent les alliés fidèles d' Hernan Cortés. Ils fournirent le gros des troupes auxiliaires indiennes, qui avec les guerriers de Tetzcoco sous Ixtlilxochitl permirent la conquête de l'empire aztèque et la prise de Mexico, et ils accompagnèrent les Espagnols jusque dans la région maya.

Voilà ce qu'avait écrit Bernardino de Sahagun, (c.1540-85) sur les captifs

" Quant à ceux qui faisaient des captifs en association, on leur coupait la mèche et on leur collait un casque de plumes sur la tête. Le jeune homme qui, porteur d'une mèche à la nuque, allait à la guerre deux ou trois fois et en revenait sans avoir capturé quelqu'un, soit seul, soit en compagnie, était appelé honteusement cuexpalchicacpol, ce qui veut dire: polisson qui porte une mèche à la nuque et qui n'a été propre à rien toutes les fois qu'il est allé à la guerre.
Le jeune homme qui faisait à lui seul un captif, la première fois qu'il allait à la guerre, était appelé "telpochtli yaquithimani", ce qui veut dire: jeune guerrier qui a fait un captif. On l'amenait devant le roi dans son palais afin qu'il fût réputé pour brave. Le roi l'autorisait alors à se teindre tout le corps en jaune. Il recevait les cadeaux du roi, qui consistaient en une manta brodée de rayures violettes, une autre manta ornée de certaines broderies, une ceinture brodée de rouge à bouts longuement pendants et une autre ceinture portant des broderies de toutes couleurs. Cela lui était donné comme marque d'honneur et désormais il était autorisé à porter des ceintures et des manteaux toujours brodés. "