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A partir de 1650 avant notre ère environ, l'histoire du couloir syro-palestinien et du Levant, la bande côtière située entre l'Égypte et l'Anatolie, fut étroitement associée à celle des puissants empires voisins. L'Égypte au sud, les Hittites au nord et les Mitanniens à l'est rivalisaient pour se rendre maîtres des cités-États prospères de la région et des voies commerciales qu'elles contrôlaient. La région était occupée par les Amorrites et les Cananéens, deux peuples sémites qui, en dépit de leurs disparités culturelles, parlaient pratiquement la même langue. Par l'intermédiaire du commerce, les Cananéens du Levant et de Palestine subirent l'influence de la culture égyptienne, et les Amorrites celle de la Mésopotamie et des Hourrites.

La cité antique d'Ebla, au sud d'Alep, est connue par des textes akkadiens datant de la fin du IIIe millénaire. Les archives que l'on y a découvertes — dont certaines sont rédigées en cunéiforme éblaïte, première forme connue d'écriture des langues sémitiques occidentales — attestent qu'il s'agissait déjà d'une cité marchande prospère en 2500 avant notre ère, soit avant l'arrivée des Amorrites nomades, dans lesquels on a d'abord vu le premier peuple sémite de Syrie. Dans les années 2000 avant notre ère, les Amorrites dévastèrent Ebla, et, vers 1800 avant notre ère, la Syrie et la Palestine comptaient plusieurs royaumes amorrites, dont Byblos et Ougarit. Le plus étendu, Yamk-had (Alep), s'étendait du Taurus à l'Euphrate et gouvernait par l'intermédiaire de vassaux, tels que le roi d'Alalakh.

Au début du xvie siècle avant notre ère, les Hittites détruisirent Alep, qui passa alors sous le contrôle des Mitanniens hourrites. Les Hourrites, peuple non sémitique probablement venu d'Anatolie orientale, se répandirent en Syrie au début du IIe millénaire, jusqu'à Alalakh, au sud, bien que l'Empire mitannien n'ait été constitué qu'au XVIe siècle. Vers 1480 avant notre ère, Alalakh était devenu le vassal du Mitanni, allié à l'Égypte.

Le déclin de l'influence égyptienne en Syrie permit au prince hittite Souppilouliouma Iier (1380-1346 avant notre ère) de défaire le Mitanni et ses vassaux, Alep et Alalakh. A la fin du siècle, les Hittites contrôlaient la majeure partie de la région, dont Ougarit, ancienne vassale de l'Égypte, laquelle commerçait depuis longtemps avec le Levant, et entre 1900 et 1788, entretint des liens étroits avec Byblos. Des objets découverts dans les tombes royales de Byblos, par exemple, témoignent de l'influence égyptienne sur la culture cananéo-amorrite — ce qui serait également le cas par la suite pour les Phéniciens, descendants culturels des Cananéens.

A partir de 1570 avant notre ère et durant deux siècles, l'Égypte se trouva placée sous la domination des Hyksos. Après la défaite de ces barbares, les dynasties égyptiennes rétablirent leur contrôle sur la Palestine, le Levant et une partie de la Syrie, atteignant l'Euphrate vers 1525. Il fallut cependant attendre les campagnes d'Aménophis II (1450-1425 avant notre ère) contre le Mitanni pour voir la paix restaurée dans la région. Cette période d'hégémonie égyptienne correspondit à celle d'un commerce florissant. Les Cananéens et les Syriens faisaient le commerce du bois, des tissus teints, des jarres de vin et d'huile, des objets de métal et du bétail. Durant le règne d'Akhenaton (1379-1362 avant notre ère), l'Égypte devait perdre la majeure partie de la région, et elle ne regagna jamais ses anciennes frontières, en dépit d'efforts qui aboutirent à la paix avec les Hittites, vers 1269 avant notre ère. En l'espace d'un siècle, l'Égypte déclina au point de laisser les cités de Canaan et de Syrie poursuivre librement leur évolution.

Phéniciens

Dès le début du IXe siècle avant notre ère, leur ouvrant la voie, les marins phéniciens abordent le littoral des pays de l'Égée, mais leurs comptoirs n'ont laissé de traces certaines qu'à Rhodes (VIIe siècle).

Un nouveau bond vers l'ouest amène les aventuriers de la Phénicie aux détroits de la Méditerranée centrale, où ils fondent, avant la fin du IXe siècle, Utique et Carthage en Afrique, Nora et Sulcis en Sardaigne. Peu après, ils vont chercher des métaux en Andalousie et en Toscane, où leur apport technique provoque une mutation des cultures locales; en Espagne c'est le début du royaume indigène de Tartessos; en Italie, le Villanovien passe à l'Etrusque (fin du VIIIe siècle).

Les Phéniciens fondent encore des cités et des comptoirs, à Malte, en Afrique (Leptis de Tripolitaine), en Sicile occidentale (Panormos [Palerme], Motyè), en Sardaigne (Tharros), en Espagne (Malaca [Malaga]; Ibiza), au Maroc (Lixos, près de Larache; Mogador (Essaouira). Mais déjà ils se heurtent à la concurrence commerciale des Grecs, qui ont découvert Tartessos vers 640, et, au VIe siècle, Ézéchiel ne connaît plus, parmi les clients et fournisseurs de Tyr, en dehors de l'Asie, que Tarsis.

À ce moment, d'ailleurs, Carthage, devenue une grande ville, a pris sous sa protection les établissements phéniciens du centre et de l'ouest de la Méditerranée, et dès lors leur histoire, qui est celle du domaine carthaginois, se sépare pratiquement de celle des cités de la Phénicie, dont cet essaimage n'a pas épuisé le dynamisme.

Sources : Encyclopédie Larousse 1971 page 9355

❖ Hourrites

Les Hourrites sont un peuple d'Asie occidentale attesté du XXIe au XIIe siècle avant notre ère et originaire des montagnes de l'est de l'Anatolie.

Des migrations mènent les Hourrites, au début du IIe millénaire, aux confins de l'Anatolie centrale et de la Syrie, où ils fondent des royaumes. Ils s'imposent comme une noblesse guerrière dans l'est de l'Anatolie, en haute Mésopotamie et dans tout le couloir syrien, où ils créent de nouveaux États, dont le principal est le Mitanni. On connaît seulement leur culture par des cités périphériques (Nouzi, Alalah) ou par des villes étrangères (Ougarit, Hattousa) où ils résidèrent. Ils transmirent aux peuples de la Syrie et de l'Anatolie un trésor de mythes, de rites et de pratiques divinatoires, écrits en cunéiforme, où se mêlent les traditions suméro-akkadienne, nord-syrienne et anatolienne.
Les Hourrites ont rapidement disparu après la destruction du Mitanni par les Hittites (1365-1360) puis par les Assyriens (vers 1250).