Le Grenier de Clio : Histoire grecque.

Histoire

Histoire de 476 à 338

476 : création de la ligue de Délos. À la demande des Grecs (des insulaires surtout), Athènes prit la tête d’une ligue dont le centre était à Délos (trésor et siège de l’assemblée fédérale) et qui devait poursuivre jusqu’à la victoire finale la lutte contre les Perses. Après les succès remportés par Cimon* à l’Eurymédon (468 avant Notre Ere), nombreux furent les alliés qui jugèrent que la ligue n’avait plus de raison d’exister, mais Athènes ne voulut jamais que se dissolvât l’instrument de sa puissance, et ses alliés devinrent peu à peu des sujets.

462 : Cimon au secours de Sparte. En 464, profitant d’un tremblement de terre, les hilotes et les périèques spartiates s’étaient révoltés contre les égaux. Pour rétablir la situation, Sparte demanda l’aide d’Athènes, et Cimon poussa ses concitoyens à envoyer dans le Péloponnèse une expédition de secours. Le contingent athénien ne sut pas rendre les services qu’on attendait de lui et fut renvoyé : ce fut la fin de la carrière politique de Cimon à Athènes (le parti populaire d’Ephialtès et de Périclès l’emportait), mais ce fut surtout le début de la brouille entre les deux cités, dont les querelles allaient épuiser le monde grec.

449-48 : paix de Callias. Pour pouvoir mener la guerre contre Sparte et ses alliés, après l’échec de l’expédition d’Égypte, Athènes se résigna à signer la paix avec les Perses, sans les avoir véritablement abattus : la Grèce d’Asie restait à portée de la menace barbare.

457-447 : les Thébains, grâce à l’appui de Sparte, s’assurent le contrôle de la ligue Béotienne Les cités de Béotie étaient, depuis fort longtemps, unies par des liens religieux. Dès le vie s., Thèbes avait affirmé (aidée par sa situation géographique favorable) une certaine autorité sur le koinon béotien. Thèbes ayant pris parti pour les Perses durant les guerres médiques, la ligue fut dissoute par les Grecs, vainqueurs, mais, en 457, pour faire pièce à Athènes en créant sur son flanc nord un État puissant, Sparte aida à la reconstitution de la ligue Béotienne, qui sut aussitôt assurer sa force par la victoire de Coronée (447).

431 : début de la guerre du Péloponnèse. La puissance d’Athènes et son avidité à conquérir inquiétaient : Corinthe, se sentant menacée par son expansion vers l’ouest, poussa à la guerre Sparte et ses alliés de la ligue Péloponnésienne ; Athènes attendait ce moment, et Périclès* avait déjà défini la stratégie qu’il entendait suivre : replier dans la ville tous les habitants de l’Attique, refuser ainsi le contact avec les armées ennemies et utiliser la puissance maritime d’Athènes pour ravitailler la cité et mener des raids contre l’adversaire. Cela conduisit Athènes aux pires désastres. Une peste s’attaqua aux réfugiés entassés dans la ville, des milliers d’Athéniens moururent, et Périclès lui-même succomba.

429 : D’autre part, les armées ennemies ravagèrent systématiquement la campagne attique, et il ne fut pas possible de reconstituer les cultures. Toute une classe sociale fut ruinée, celle des petits propriétaires exploitants, et avec elle disparut une certaine sagesse d’Athènes.

404 : capitulation d’Athènes. Après des fortunes diverses, des échecs retentissants (le plus grave fut celui de l’expédition de Sicile voulue par Alcibiade* en 415), des succès sans lendemain (comme la bataille des Arginuses en 406), des révolutions, des changements de régime et l’appel à l’homme providentiel (Alcibiade), Athènes fut contrainte de capituler sans condition. Elle dut renoncer à ses lois (un gouvernement oligarchique, les Trente, fut installé) : Sparte substitua alors sa domination sur la Grèce à celle d’Athènes. Pour changer de maître, la Grèce s’était épuisée : vainqueurs et vaincus étaient exsangues, certaines cités avaient été complètement détruites ; les citoyens ne croyaient plus toujours aux vertus du système pour lequel ils s’étaient entre-tués ; l’esprit civique s’affaiblissait. La retraite des Dix Mille soldats grecs au service du satrape de Sardes qui purent, conduits par Xénophon*, traverser de part en part le royaume perse (400) laissa croire encore quelque temps que les Grecs étaient aussi forts qu’au temps des guerres médiques ; c’était un leurre : venait le temps de la revanche perse.

386 : paix du Roi. En Grèce, la victoire de Sparte n’avait pas apporté la paix ; les Thébains, mécontents de la nouvelle ligue Péloponnésienne, avaient voulu profiter des difficultés que causait à Sparte sa victoire (conspiration de Cinadon en 398) pour engager contre elle la guerre dite « de Corinthe ». Athènes y prit part après avoir reconstitué un semblant de puissance. Succès et échecs se succédèrent pour l’un et l’autre camp ; chacun s’épuisait. C’est du Grand Roi, Artaxerxès II, que vint la décision : le Spartiate Antalcidas sut attirer sa bienveillance, et, au prix de l’abandon des Grecs d’Asie, Sparte se voyait promettre un appui moral et financier pour ses entreprises de mainmise sur la Grèce par un rescrit royal.

371 : bataille de Leuctres. La paix du Roi n’avait été qu’une trêve ; la Perse n’était pas, en fait, capable d’intervenir en Europe pour la faire respecter. Aussi les guerres continuèrent-elles entre Athènes, qui avait réussi à reconstituer un empire (377), et Sparte. Un instant, Thèbes parut l’emporter : en 371, Epaminondas écrasait les Spartiates à Leuctres, victoire dont le retentissement fut énorme. On put croire qu’allait fleurir une hégémonie thébaine ; Epaminondas créait, pour l’assurer, les États d’Arcadie et de Messénie, mais, en 362, il mourait à Mantinée. La Grèce perdait encore un homme de talent ; désormais, c’est de l’extérieur que viendront ses maîtres. moment où la Grèce entrait politiquement en décadence. Il assura d’abord sa puissance contre les entreprises des Barbares du Nord, puis il mit la main sur les riches mines d’or du mont Pangée (356) — ce qui en fit l’ennemi irréconciliable d’Athènes — et installa son pouvoir en Thessalie (353). En 348, malgré les efforts de Démosthène*, il prit Olynthe. En 346, une paix fut signée avec Athènes, qui ne fut qu’une étape dans sa marche vers la conquête du monde grec.

338 : bataille de Chéronée. Homme fort depuis qu’il était devenu le protecteur attitré de Delphes. Philippe II se devait de pousser son avantage ; pour tenir la Grèce à sa merci, il lui suffisait de disposer d’Athènes, la seule des cités qui gardât encore quelque puissance et quelque influence grâce à Démosthène. Mais, le 2 août 338, un mouvement tournant effectué par la cavalerie que menait le jeune Alexandre mit fin aux espoirs des défenseurs de la Grèce indépendante ; à Chéronée mourut la liberté des Grecs. Pourtant, la Grèce des cités ne mourut point ; Philippe, au contraire, sut intégrer à son nouvel empire les États, qu’il unit en une ligue de Corinthe dont il fut l’hêgemôn (le chef). Ainsi il conservait aux Grecs leurs habitudes, la possibilité de s’occuper de leurs affaires municipales, en réunissant comme par le passé leurs assemblées, leurs conseils, perpétuant le cadre de la cité.

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