Concepts

Les égyptiens pensaient que tout individu se composait de plusieurs éléments distincts : outre le corps, le nom, le cœur ou l'ombre, des termes plus abstraits comme l'akh, le ba ou le ka; certains de ces termes sont malaisés à appréhender car ces notions n'existent pas dans notre concept corps, âme et esprit. La façon complexe dont les anciens égyptiens ont traité "l'âme" avec beaucoup de précisions est révélatrice de l'importance qu'elle revêtait pour eux.

Les termes de Akh, Ba et Ka désignent les composantes de la partie spirituelle de l'Homme. Ces concepts ont été formulés pour la première fois dans les Textes des Pyramides qui sont un recueil de formules funéraires propres à la protection et à la renaissance de Pharaon dans le premier temps car dès la fin de l'Ancien Empire, elles sont également utilisées dans les tombeaux des reines puis dans la période suivante, elles seront utilisées dans les tombes privées.

➤ Ba.

Ba

Représenté comme un oiseau à tête humaine, le ba est l'énergie de communication, de transformation et de déplacement de chaque personne. Comme avec des humains, les divinités pourraient également avoir le Ba voire plusieurs. Quand un dieu intervenait dans des affaires humaines, on disait que ses baou (pluriel de ba) du dieu étaient au travail. A cet égard, le roi pouvait être considéré comme le ba d'un dieu. D'autre part une divinité pouvait être investie par le ba d'une autre divinité.

(Ci-contre le Ba représenté sous la forme d'un oiseau de la tombe N° 359 à Deir El Medina)

➤ Ka.

Ka

Le Ka représente le double immatériel de l'être et incarne les forces vitales de chacun. Le mot appartient à une racine qui signifie 'nourriture" et dont le hiéroglyphe s'écrit à l'aide de deux bras levés. A l'opposé du Ba, élément dynamique, la Ka représente un élément statique.

Le Ka était présent aussi bien chez les dieux que chez les hommes. Cependant, les dieux en possédaient souvent plusieurs par exemple Rê en avait quatorze qui représentaient toutes les expressions de sa personnalité.

➤ Akh.

Akh
Akh

Akh est souvent traduit par « transfiguré » faute de mieux. Ce mot est apparenté à une racine égyptienne qui signifie "lumineux" ou "utile". Pour matérialiser cette idée on utilisait le hiéroglyphe représentant un ibis à aigrette dont le plumage vert foncé avait des reflets métalliques. Ce principe lumineux et immortel faisait partie des éléments invisibles de la personnalité. Il est lié au principe de puissance créatrice utilisé en magie.

➤ Sahu.

Le Sahu était un autre aspect de l'Akh. Le Sahu est le corps spirituel, l’émanation du corps physique qui, grâce à l’action des offrandes et des prières peut s’associer à l’âme dans l’au-delà et entrer en conservation avec le Sahu des divinités.
Dès qu'une âme était jugée digne d'entrer dans l'au-delà, le Sahu se séparait de toutes les autres formes de l'âme. Tout comme certaines idées modernes sur les fantômes, on disait que le Sahu hantait ceux qui avaient fait du tort à une personne dans la vie et protégeait ceux que le défunt avait aimés. Tout comme l'Akh pouvait apparaître dans les rêves d'une personne, le Sahu pouvait apparaître à une personne. Il était souvent considéré comme un esprit vengeur. Il y a un exemple du Moyen Empire d'une lettre laissée par un veuf dans la tombe de sa défunte épouse la suppliant son Sahu de cesser de le hanter.

➤ Sechem ou Sekhem. └

Le Sekhem était un autre élément de l'Akh. On ne sait pas grand-chose sur le Sekhem, mais il était considéré comme une sorte d'énergie vitale de l'âme. Le Sekhem était présent dans l'au-delà après le jugement quand le défunt était considéré comme juste de voix. Dans le Livre des Morts, le Sekhem est décrit comme une puissance et le lieu où vivent les dieux Horus et Osiris dans le monde souterrain. Le Sekhem peut également avoir été utilisé pour contrôler l'environnement physique et les actions d'une personne.
Le sekhem est aussi un sceptre en forme de papyrus, réservé aux dignitaires.

➤ Le corps (djet).

Ba

Le djet (ou sab ou khet), le corps matériel, est le réceptacle des composantes de la personnalité telles que le ba, le ka, l'akh, l'ombre ou le nom. C'est pourquoi sa préservation est primordiale et c'était une punition des plus redoutées que d'avoir son corps démembré ou privé de son intégrité.
Djet devient Khat, un cadavre qui deviendra une momie, si l'on opère sur lui tous les rites de l'embaumement, qui le préservera de l'action du temps.

Malgré son importance, le corps n'avait pas de caractère unique car une image ou une statue pouvait le remplacer. Car malgré toutes les précautions prises, les égyptiens ne pouvaient être certains de sa conservation éternelle. Ils sculptaient alors des statues du défunt, prêtes à remplacer le corps si celui-ci venait à disparaitre.

La statue sert alors de support aux éléments invisibles de l'individu comme le ka. Le ka, la force vitale, investit la statue et continue à se nourrir d'offrandes et à alimenter le défunt. Dans les mastabas de l'Ancien Empire, une pièce aveugle, le serdab qui signifie cave en arabe, est réservée à la statue du mort.

➤ Nom (ren).

image martelée
Prisonnier au visage martelé
Temple de Kom-Ombo

Par l'attribution d'un Nom, un individu devient un homme, différencié, repérable, faisant partie d'un ensemble par ses attaches mais possédant une personnalité, une identité reconnue et un destin. L'efficacité d'un rite ne peut être assurée que si le bénéficiaire est nommé. Hommes et dieux sont tributaires des rites, et la connaissance des noms des êtres est la condition essentielle pour agir sur le monde.

La puissance potentielle du nom est aussi un point de vulnérabilité. Les magiciens connaissaient le pouvoir attaché à la connaissance du nom. En le modifiant, ou en l'utilisant dans des rituels aux fins parfois inavouables, il devenait possible d'attenter à la personne désignée.
Enfin, effacer le nom ou l'image d'une personne sur ses monuments (ce qui a été fait pour Akhenaton) équivalait non seulement à effacer son souvenir dans le monde visible mais aussi à le priver d'existence dans l'autre. C'est pourquoi il existait de nombreux rites, dans le livre des respirations par exemple, qui assuraient la préservation du nom.

Dans certains cas, la dégradation des supports de culte peut avoir été un moyen de priver l’objet de son pouvoir lorsqu’il était sorti de son contexte architectural et rituel. La mutilation serait alors un moyen de « désactiver » l’image avant de l’enterrer et de la protéger magiquement.
Dans d'autre cas ce sont les religions postérieures qui ont martelé les décors pour effacer les images des divinités païennes.

➤ Coeur (ib).

Ib
Ib, le coeur

Ib, le coeur est à la fois le siège de la pensée et de la conscience mais c'est surtout l'emplacement de la mémoire qui va pouvoir témoigner devant les juges.

Le cœur était remis en place dans la momie après l'embaumement. S'il venait à disparaître le défunt ne pourrait pas se présenter devant le tribunal c'est pourquoi le défunt disposait de cœur de remplacement qui prenait sa forme ou celle d'un scarabée et sur lequel était gravé des extraits du "Livre des Morts".

A gauche, le cœur du défunt est placé par Horus sur un plateau de la balance tandis qu'Anubis vérifie que cœur est plus léger que la plume de Maât

➤ Ombre (Shout).

ombre

Shout, l'Ombre, est une des composantes visible de l'individu qui lui est affectée dès sa naissance et qui continue à exister dans l'Au-delà même après la mort.

Le "Livre des morts" consacre le chapitre 92 à décrire à sa circulation en compagnie du Ba durant le jour.

Il semble que les divinités aient aussi une ombre puisque Akhénaton avait fait construire un temple appelé "l'ombre du Soleil" .

Ci-contre, l'Ombre de Nakhtamon sort de sa tombe (Deir el-Médina)

➤ Chaï.

chai
Chaï à gauche de la balance

A l'origine Chaï (ou Shaï) était un constituant de la vie. A partir de la Basse Epoque il devient un entité indépendante. C'est un génie protecteur qui représente le destin favorable. Il déterminait la durée de la vie de chaque homme et il était présent lors du jugement de l'âme du défunt.

À l'origine présenté sous forme humaine, Chai a pris la forme d'un serpent lorsqu'il fut, tardivement, associé à Rénénoutet.

Il est parfois considéré comme l'époux de Meskhenet, la déesse des naissances et plus tardivement il fut associé à Rénénoutet.

Il serait à l'origine de l'Agathodémon, le bon génie, des grecs.