Le Grenier de Clio : Mythologie celte.

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Il est difficile d'avoir une vision juste de la religion celtique, parce que nos sources proviennent avant tout des Romains et que les Celtes, eux-mêmes, ont beaucoup emprunté au panthéon romain après la conquête de la Gaule: l'archéologie fournit des preuves de ce mélange des religions romaine et celtique. Mais nous ne disposons pas de documents décrivant de l'intérieur cette religion celtique pré romaine ou pré-chrétienne pour les régions non conquises.


L'image religieuse celtique la plus connue est celle d'un homme pourvu de cornes, apparemment une représentation de la Fertilité; son épouse serait une «mère de la Terre», son lieu de culte situé à proximité des points d'eau considérés comme «source de vie». Les sacrifices humains semblent avoir été pratiqués. Des druides dirigeant des sacrifices et des cérémonies divinatoires figurent fréquemment dans l'imagerie religieuse celtique.
Les sources, puits et fontaines indispensables pour la boisson des hommes et des animaux et pour l'arrosage des culturess semblent avoir été des lieux de culte privilégiés où l'on déposait de nombreuses offrandes. On situe également souvent le culte dans des bois sacrés. Les celtes considéraient certains animaux, cerf, ours, taureau... comme sacrés ainsi que certains végétaux tels que l'if ou le chêne.

Fêtes.

Les principales fêtes religieuses celtiques, souvent évoquées dans la mythologie, occupaient quatre jours de l'année.
Le premier février avait lieu la grande fête d'Imbolc, dédiée à la déesse de la fécondité Brigid, qui marquait la venue du lait chez les brebis.
Sous l'influence chrétienne, cette fête est devenue celle de sainte Brigitte, abbesse fondatrice du monastère de Kildare.
Lors de la fête de Beltaine, célébrée le premier mai, les Celtes allumaient de grands feux en l'honneur de Bel, dieu de la vie et de la mort.
La troisième fête était celle de Lughnasa, célébrée le premier août en l'honneur de Lugh, dieu le plus important de la mythologie irlandaise.
Célébrée à la pleine lune au plus proche du 1er novembre, la fête de Samain marquait la fin d'une année pastorale et le début de la suivante. C'est à cette seule occasion que les esprits de l'Autre Monde se faisaient connaître aux hommes. Les chrétiens ont fait de cette fête la Toussaint, et elle a donné naissance, dans les pays anglo-saxons, aux célébrations d'Halloween.

Druides.

Selon Strabon et d’autres auteurs antiques, la classe intellectuelle des Celtes se subdivisait en trois catégories : les bardes (poètes), les ovates, chargés plus particulièrement des sacrifices et de la divination, enfin les druides, qualifiés de philosophes et théologiens, qui s’occupaient de l’interprétation de la nature et de la philosophie morale.

Les druides constituaient l’élite intellectuelle des Celtes. Selon César, une des meilleure sources les concernant, « ils président aux sacrifices publics et privés, règlent les pratiques religieuses ; les jeunes gens viennent en foule s’instruire auprès d’eux, et on les honore grandement. Ce sont les druides, en effet, qui tranchent presque tous les conflits entre États ou entre particuliers et, si quelque crime a été commis, s’il y a eu meurtre, si un différend s’est élevé à propos d’héritage ou de délimitation, ce sont eux qui jugent, qui fixent les compensations à recevoir et à donner ; un particulier ou un peuple ne s’est-il pas conformé à leur décision, ils lui interdisent la participation aux sacrifices.

« Les druides s’abstiennent habituellement d’aller à la guerre et ne paient pas d’impôt comme les autres : ils sont dispensés du service militaire et exempts de toute charge. Attirés par de si grands avantages, beaucoup viennent spontanément suivre leurs leçons, beaucoup leur sont envoyés par les familles. On dit qu’auprès d’eux ils apprennent par coeur un nombre considérable de vers. Ainsi plus d’un reste-t-il vingt ans à l’école. Ils estiment que la religion ne permet pas de confier à l’écriture la matière de leur enseignement, alors que pour tout le reste en général, pour les comptes publics et privés, ils se servent de l’alphabet grec. Ils me paraissent avoir établi cet usage pour deux raisons : parce qu’ils ne veulent pas que leur doctrine soit divulguée, ni que, d’autre part, leurs élèves, se fiant à l’écriture, négligent leur mémoire ; car c’est une chose courante : quand on est aidé par des textes écrits, on s’applique moins à retenir par coeur et on laisse se rouiller sa mémoire. Le point essentiel de leur enseignement, c’est que les âmes ne périssent pas, mais qu’après la mort elles passent d’un corps dans un autre ; ils pensent que cette croyance est le meilleur stimulant du courage, parce qu’on n’a plus peur de la mort. En outre, ils se livrent à de nombreuses spéculations sur les astres et leurs mouvements, sur les dimensions du monde et celles de la terre, sur la nature des choses, sur la puissance des dieux et leurs attributions, et ils transmettent ces doctrines à la jeunesse » (César, Guerre des Gaules, VI, 12-15).