Gesar

Gesar était un roi mythique qui inspira les grandes épopées du Tibet mais aussi d'Asie centrale.

Gesar de Ling
Gesar de Ling

Les premiers récits de ses exploits apparurent au XIe siècle, à une époque où le bouddhisme commençait à infiltrer le Tibet et à menacer la croyance autochtone, la religion Bön.

Ces légendes, qui décrivent le combat de Gesar contre les anciennes croyances, seraient d'un volume impressionnant et comporteraient près d'un million de vers.
Gesar, dont le nom signifie « temple du lotus », serait né au royaume mythique de Ling, au Tibet oriental. Il est considéré comme l'incarnation du Bodhisattva Avalokiteshvara, ainsi que de celle de Padmasambhava, l'un des fondateurs du bouddhisme tibétain. Ses guerriers étaient des incarnations d'un grand groupe d'ascètes, les Mahasiddhas.
Les récits concernant Gesar sont par-dessus tout influencés par le bouddhisme, mais on y trouve aussi des vestiges de la religion Bön, notamment dans les contes qui traitent des divinités des montagnes et des esprits de certains lieux. Les premières versions de cette épopée furent transmises par des chanteurs itinérants, tandis que les récits plus tardifs proviendraient de moines tibétains. De nos jours ces contes sont encore chantés.

❖ Légendes

L’histoire de Gesar commence lorsqu'une vieille femme mourut en maudissant toutes les religions. Son dernier voeu fut de pouvoir revenir dans une vie future en compagnie ses trois fils pour régner sur les terres bouddhistes et se venger des enseignements bouddhistes.
Apprenant que cette femme et ses fils menaçaient de revenir au monde sous la forme de monstres terrifiants, les dieux décidèrent d'envoyer sur terre leur champion, Gesar, afin de les combattre.
Peu enclin à adopter une forme humaine, Gesar soumit aux dieux une série de conditions qu'il croyait impossibles à remplir avant de donner son accord.

Au grand désespoir de Gesar, les dieux accédèrent à toutes ses demandes et il fut obligé de descendre sur terre.

Gesar
Gesar

Pour concevoir le Gesar terrestre, un dieu descendit sous la forme d'un arc-en-ciel et fit boire à Gongmo (un Naga qui s'était transformé en belle jeune fille) l'eau d'un vase sacré. Gongmo tomba enceinte et elle accoucha d'un globe de lumière dorée qui finit par s'ouvrir pour libérer un bébé. Selon certaines versions du conte, Gesar avait trois yeux, sa mère horrifiéelui en arracha un.
Prévenu qu'il serait détrôné par Gesar, le roi en place ordonna qu'on assassinât l'enfant aussitôt après sa naissance. Mais malgré tous ses efforts, le garçon se révéla impossible à tuer. Cependant Gesar et sa mère furent contraints de partir en exil. À l'âge de 15 ans, Gesar participa à une course de chevaux dont l'enjeu était le trône de Ling et la main de la fille du précédent souverain ; il remporta la course. Il partit par la suite se battre contre plusieurs démons et convertit plusieurs contrées au bouddhisme.


Il retourna au ciel, tout en sachant qu'il devrait un jour revenir sur terre.
Gesar fut assimilé à un dieu de la guerre et de la richesse ; il épousa une Dakini.

Si vous passez par la ville de Yushu (Jyekundo) dans la province de Qinghai, vous pourrez voir la statue de Gesar qui passe pour être le plus grand bronze de Chine.

Un des livres les plus importants de la littérature traditionnelle tibétaine, Gesar de Ling existe en traduction française. Élaboré au début du XIIè siècle, recrée et magnifié par des bardes visionnaires, les récits de la vie du Roi Gesar de Ling constituent le fond de la culture religieuse et populaire des Tibétains. Du héros, Gésar possède la bravoure sans borne, mais ce n'est pas un surhomme. Il prend en partage son lot de misères humaines, mais grâce à une témérité sans faille, il les transcende pour atteindre le but ultime la bouddhéité. C'est pourquoi il incarne les valeurs perpétuelles que sont la dignité, le respect de soi et des autres, le courage d'être soi-même, il est l'incarnation de la vraie liberté. Gesar est le prototype même du Bodhisattva : il incarne l'abnégation totale de soi afin de sauver tous les être vivants. Dans ce récit allégorique et métaphorique, où les démons menacent la paix et la prospérité du royaume de Ling, nous retrouvons cette imagination créatrice qui inspire ce récit traditionnel, et dont les traces sont présentes en Occident à travers le cycle arthurien... La traductrice, Anny Le Cam, donne une version contemporaine de ce joyau de la littérature mondiale. Elle respecte scrupuleusement la dimension épique et spirituelle, particulièrement dans les passages versifiés.