Mahasiddha

Mahasiddha dont le nom signifie approximativement « grand détenteur de facultés parfaites ». Dans le Vajrayâna (« véhicule de diamant »), terme désignant un ascète qui possède une parfaite maîtrise de la doctrine des Tantras, Cet ascète se distingue par certaines facultés magiques (Siddhi), signes évidents de son Illumination.

Nagarjuna
Nagarjuna et les 84 mahasiddha

On connaît surtout le groupe de 84 Mahasiddha qui, entre le VIII et le XIIe siècle, constitua en Inde un mouvement religieux en réaction contre la culture monastique du bouddhisme Mahayana. On trouvait parmi eux des hommes et des femmes de toutes les origines sociales; leur manière hautement individuelle de mettre en oeuvre les leçons du Vajrayâna influença fortement le bouddhisme tibétain. Leurs chants spirituels jouèrent aussi un rôle important.

Les biographies des 84 Mahasiddha qui nous sont parvenues dans leur version tibétaine décrivent des personnalités très marquées comme celles du mendiant Chatrapa, du tailleur Kantali,  ou du potier Kumaripa. Le roi Indrabhûti et sa soeur Lakshmînkarâ en font également partie, de même que des lettrés comme Shântipa. Ce qui les unit en dépit de leurs différences d'origine, c'est leur manière de transformer les crises de l'existence en moyens de délivrance grâce aux enseignements d'un maître. Par le paradoxe et le non-conformisme de leur attitude, les Mâhasiddha expriment l'impossibilité d'appréhender la Réalité suprême.

La biographie du Mahasiddha Tandhepa offre un bel exemple de rapprochement entre une situation humaine des plus humbles et un développement spirituel des plus intenses. Tandhepa perd toute sa fortune aux dés. Le jour où il apprend que le monde est aussi vide que sa bourse, il reçoit l'Illumination et entre dans le Nirvâna.

Mekhala et Kanakhala en butte aux médisances suivirent l'enseignement de Kanhapa (Krishnacharya). Elles se coupèrent la tête et l'offrirent à leur gourou pour le remercier.

Les chants des Mahasiddha appelés Doha abondent en images poétiques qui touchent l'imagination. Au Tibet, la tradition du Doha fut surtout pratiquée par Milarepa et Drugpa Künleg. Mais l'influence la plus grande revient sans doute aux chants du fabricant de flèches Saraha. Voici comment celui-ci résume l'expérience spirituelle des Mahâsiddha : «Celui qui comprend que depuis le début des temps il n'y a jamais eu d'esprit réalise l'esprit des bouddhas des trois ères».