Guanyin

Guanyin est la version chinoise du bodhisattva Avalokiteshvara. C'est l'un des quatre grands bodhisattva du bouddhisme chinois qui ont droit à un culte spécial. Les trois autres sont Samantabhadra (Puxian pusa), Kshitigarbha (Dizang) et Manjushri (Wenshu Pusa).

Guanyin
Guanyin (musée de Kansas City)

Guanyin se manifeste sous toutes les formes possibles dès qu'un être a besoin de son secours, en particulier s'il est menacé par l'eau, les démons, le feu ou l'épée. C'est également vers le bodhisattva Guanyin que se tournent les femmes sans enfant pour chercher secours. Dans le Sukhavati Sûtra , Guanyin apparaît comme l'un des compagnons du bouddha Amitâbha.
Les représentations les plus récentes montrent souvent Guanyin avec des traits féminins, ce qui traduit l'influence du taoïsme et du tantrisme sur son culte.
Dans le domaine iconographique, on connait de nombreuses variétés de représentations du bodhisattva. La plus courante en Chine est celle du bodhisattva à mille bras et mille yeux. De nombreux portraits montrent Guanyin avec un enfant dans les bras ou en compagnie d'une jeune fille portant une corbeille de poissons ou encore aux côtés de Wei-t'o, le gardien de la Doctrine. On voit encore Guanyin debout sur des nuages ou chevauchant un dragon devant une cascade. Le «Guanyin des mers du Sud » se dresse debout sur un rocher au milieu des vagues déchaînées : il sauve les naufragés des flots, symboles du Samsâra. Dans une main, Guanyin tient généralement une fleur de lotus ou une branche de saule, ainsi qu'un récipient contenant la « rosée céleste » ou le nectar d'immortalité.
Selon la tradition populaire chinoise, Guanyin habite à l'est de la Chine, dans l'île Putuoshan, sanctuaire des bodhisattva.

Guanyin
Guanyin

Jusqu'au début de la dynastie Sung, Guanyin fut toujours représenté en Chine sous les traits d'un homme ; dans les peintures des grottes de Dunhuang, on le rencontre même souvent avec une moustache. C'est à partir du X ième siècle seulement que se répand la silhouette de Guanyin en vêtement blanc (Baiyi Guanyin) et avec des traits féminins.

Cette évolution est vraisemblablement due à l'influence de la pensée taoïste populaire durant la période Sung qui marqua un fort déclin du niveau social et intellectuel du bouddhisme en Chine. Elle est en outre certainement liée à l'introduction de certains éléments tantriques dans le bouddhisme. Dans le bouddhisme tantrique, les deux facteurs essentiels de l'Illumination, la compassion (Karunâ) et la sagesse (Prajnâ) sont symbolisés par les aspects complémentaires masculin et féminin. Tout bouddha ou bodhisattva possède sa compagne féminine. Celle d'Avalokiteshvara est la Târâ blanche. Le mot chinois Baiyi Guanyin est la traduction littérale du nom de cette compagne. La religion populaire chinoise s'empara de ce personnage de Guanyin en vêtement blanc et en fit le dieu de la fécondité.

Un grand nombre de légendes se sont greffées autour de ce personnage. L'une des plus connues fait de Guanyin la troisième fille du roi Miao-chung, appelée Miao-shan (« l'Étonnamment Bonne »). Contre la volonté de son père, elle entra au monastère des Moineaux blancs. Son père essaya par tous les moyens de la ramener dans le monde. Il se décida finalement à la faire tuer d'un coup d'épée. Mais, au moment du danger, apparut Yama, le seigneur des Enfers, qui l'enleva dans le monde inférieur où elle réussit à soulager les tourments des damnés et à transformer l'enfer en paradis. Voyant cela, Yama la libéra et elle revint à la vie dans l'île Putuoshan où elle protège les marins contre les tempêtes (elle est devenue la patronne des marins). Lorsque son père tomba gravement malade, elle le soigna en apposant un morceau de sa propre chair sur la partie atteinte. De gratitude, son père fit élever une statue en son honneur. A la suite d'un malentendu entre le roi et le sculpteur qui ne parlaient pas la même langue, l'artiste dota la statue de mille bras et mille yeux. Cette représentation devint néanmoins l'une des plus populaires en Chine.

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