Le Grenier de Clio : Mythologie aztèque.

Cihuateteo.

Les Cihuateteoh « Femmes Déesses » ou Cihuapipiltin « Nobles Femmes » dans la mythologie aztèque sont des esprits féminins incarnés, comme leurs homologues masculins, les Macuiltonaleque, on disait qu'elles revenaient sur terre à certains moments. Après l'anniversaire des quatre années passées au service auprès du dieu Soleil Tonatiuh au Tonatiuhichan elles étaient transformées en papillons de nuit.

Cihuateteo
Cihuateteo
Musée d'Anthropologie de Xalapa.

Les Cihuateteo étaient les esprits des femmes mortes en couches qui étaient grandement honorées tout comme les guerriers morts au combat. Dans la culture aztèque l'accouchement était considéré comme un combat où la parturiente devait capturer l'esprit de son futur enfant de la même manière que le guerrier capturait un prisonnier.

Lors de sa course d'Est en Ouest, le soleil était accompagné par les âmes des guerriers morts au combat ou des sacrifiés de son lever jusqu’au zénith. Puis lorsque le soleil descendait vers l'ouest c'était au tour des Cihuateteo de l'escorter avec des chants jusqu'à son coucher. Parfois on considérait que les Cihuateteo le guidaient aussi à travers le monde souterrain L'honneur d'accompagner le soleil dans sa course diurne était conférer uniquement et exclusivement à ces deux groupes d'esprits.

Les Cihuateteo résidaient dans une région de l'ouest connue sous le nom de Cihuatlampa, le « lieu des femmes »

Ils avaient pour patronne, Cihuacoatl qui était la déesse des sages-femmes et aussi la mère de Mixcoatl, qu'elle abandonna à un carrefour.

Selon une légende, les Cihuateteoh étaient présentes juste avant la chute de Moctezuma, se lamentant dans les rues de Tenochtitlan criant la nuit venue, "oh mes enfants ! où vais-je vous emmener pour ne pas tous vous perdre?"
Cette légende a été reprise dans diverses versions de la légende de Lloroma.

Au cours du XVIe siècle, les habitants de Tenochtitlan, étaient réveillés par les pleurs d’une femme qui avait abandonné son enfant. Quand ils entendaient ces lamentations, les rues étaient noyées dans le brouillard et on pouvaient entrapercevoir la silhouette d’une femme en pleurs. Vêtue de blanc, et recouverte d’un voile qui cachait son visage, elle errait dans les rues, s'arrêtant toujours sur la place du Zocalo. Elle s’agenouillait, tournait son visage vers l’est, puis elle reprenait ses pérégrinations. Si vous osiez aller lui parler, vous découvrirait sans doute d’incroyables secrets, mais vous mourrez sur le champs sans pouvoir les dire à quiconque.

Cette légende est encore racontée aux petits mexicains pour les dissuader de se promener dans le noir.

◆ Activités

Cihuateteo
Les Cihuateteo (Codex Borgia)

Pendant cinq jours spécifiques correspondant aux jours de la cinquième trecena 1 Mazatl, 1 Quiahuitl, 1 Ozomatli, 1 Calli et 1 Cuauhtli du calendier, les Cihuateteo venaient hanter les carrefours ou les temples car elles étaient alors considérées comme des démons de la nuit venus dans le monde des vivants pour voler des enfants ou provoquer la folie et des convulsions.

Dans le codex Borgia et Vaticanus B les Cihuateteo portent une couleur et un nom particulier pour chacun de ces jours :
- Cihuamazatl « femme cerf » pour le jour 1 Mazatl,
- Cihuaquiahuitl « femme de pluie » pour le jour 1 Quiahuitl,
- Cihuaozomatl « femme singe » pour le jour 1 Ozomatli,
- Cihuacalli « maison de femme » pour le jour 1 Calli,
- Cihuaquauhtli « femme aigle » pour le jour 1 Cuauhtli.

Elles pouvaient également séduire les hommes et les amener à commettre l’adultère et d’autres transgressions sexuelles. C'est pourquoi des sanctuaires étaient souvent érigés en bordure de route pour les apaiser. Pour prévenir leurs attaques on déposait de la nourriture sur ces autels.

L'offrande préférée était un gâteau aux formes fantaisies comme des papillons, ou en forme d'éclairs appelés xonecuilli, et aussi des tamales qu'on appelle xucuichtlamatzoalli, ou simplement du maïs grillé appelé ízquitl.

◆ Rituels

Cihuateteo
Cihuateteo

Quand une femme tombait enceinte, elle recevait de nombreux soins dès les premiers mois de sa grossesse. Du moins, pour les jeunes femmes appartenant aux classes supérieures une sage-femme étaient choisie pour s'occuper d'elle dès les premiers mois de grossesse jusqu'à l'accouchement. La sage-femme faisait des recommandations à la future maman, mais aussi au futur père et à la famille. Ces conseils étaient aussi à la fois pratique et purement superstition.

Mais la grossesse et l’accouchement présentaient de nombreux risques pour les femmes et en cas de décès les funérailles se déroulaient de façon très précise car le corps de la femme décédée en couches possédait des pouvoirs magiques. Le corps était farouchement gardé le veuf, ses amis, des vieilles femmes et toutes les sages-femmes pour éviter qu'il soit enlevé par de jeunes guerriers.

Comme le cadavre n'était pas incinéré mais enterré avec un bâton de bois sec qui devait repousser dans le Tlalocan. Toute la famille et les proches montaient une garde stricte autour du tombeau pendant quatre jours.

De même lors de la procession funèbre de véritables batailles se déroulaient mettant en scène les membres du cortège armés de lances et de boucliers et de jeunes guerriers appelés Telpochtin venus emporter le majeur de la main gauche (ou l'avant-bras gauche) et les cheveux.

Ces reliques étaient placées sur le bouclier comme talisman lors de leurs premières batailles pour leur donner du courage et aveugler les ennemis.

◆ Iconographie

Cihuateteo
Cihuateteo
Musée de Liverpool

Les Cihuateteoh ​​​​étaient représentés comme des femmes agenouillés en train de pleurer leur enfant.

Le visage laissait apparaitre un crâne de mort, Les yeux se fermaient sur la dernière image du monde terrestre et l'esprit s'échappait par la bouche entrouverte. Elles portaient des cache-oreilles dorés.

Des griffes d'aigle tenait lieu de mains et des robes décorées d'os croisés

les chiuateteo étaient généralement représentés avec un ventre plein de plis, des seins tombants avec les mamelons proéminents, caractéristiques aztèques des femmes post-partum.