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La primitive Arménie fut exposée aux entreprises des monarques ninivites, qui d'ailleurs ne la réduisirent pas sans peine. Après la destruction de Ninive (606 avant notre ère), l'Arménie, redevenue un moment indépendante, fut soumise par les Mèdes.

Aux Mèdes succédèrent les Perses, et, lorsque Alexandre eut conquis l'Asie occidentale, l'Arménie échut aux Séleucides de Syrie, En 149 avant notre ère le roi parthe Arsace le Grand fonde, en faveur de son frère Valarsace, la dynastie des Arsacides d'Arménie, à laquelle appartiennent :
Tigrane, qui se mesura non sans gloire avec les légions romaines ;
Abgar, qui fit d'Edesse sa capitale, et sous qui le christianisme fut prêché en Arménie ;
Tiridate, mort en 814, le contemporain et l'ami de Grégoire l'Illuminateur.

En 428, l'Arménie, dont les Byzantins et les Perses n'ont cessé de se disputer la possession, passe en grande partie sous la domination de ces derniers, qui prétendent étouffer le christianisme au profit du mazdéisme. Cette guerre religieuse se prolonge si longtemps, que l'Arménie tombe sans résistance au pouvoir des Arabes (VIIe siècle) : les Califes remplacent les Sassanides. Cependant, un noble de la famille des Bagratides profite des embarras des Oméyades pour se faire conférer la dignité de « patrice d'Arménie », et au siècle suivant un autre prince de la même famille, Aschod, fonde, avec l'assentiment des Califes, la dynastie des Bagratides (885-1079), avec Ani pour capitale. Les Byzantins s'emparèrent presque complètement (XIe siècle) d'une contrée dont ils avaient toujours convoité la possession, mais les Seldjoukides les en chassèrent. Pendant que succombait l'indépendance nationale, des populations arméniennes fuyant l'invasion se réfugiaient dans les gorges du Taurus, et de là en Cilicie. Une étroite alliance devait tout naturellement unir les Arméniens et leurs frères en religion, les croisés ; la Cilicie, appelée Petite Arménie par opposition à l'Arménie propre ou Grande Arménie, fut érigée en un royaume vassal du Saint-Siège et de l'Empire d'Allemagne (1198), et trois dynasties régnèrent successivement sur ce pays : Roupéniens, Héthoumiens, Lusignans. La Petite Arménie reçut une organisation analogue à celle des Etats fondés en Syrie par les croisés ; les Assises d'Antioche y eurent force de loi. Grâce à sa position géographique et à ses ports, ce royaume, qui fut détruit au rive siècle par les mamelouks d'Egypte, prit, pendant un temps, un grand développement commercial. Le dernier roi de la Petite Arménie, Léon IV, mourut en France pensionné par Charles VI, et fut inhumé à Saint-Denis (1393). Ses droits passèrent aux Lusignans de Chypre. La Grande Arménie, après avoir été dévastée par les Seldjoukides, le fut par les Mogols, puis par les Ottomans. La partie orientale fut annexée à la Perse, au XVIIe siècle. Bientôt, un autre conquérant entra en scène : la Russie, qui, ayant incorporé la Géorgie en 1802, commença de s'étendre vers l'Arménie ; le traité d'Andrinople (1828), la campagne de 1853-1855, celle de 1877, favorisèrent cette ambition, et l'ancien Etat arménien se trouve aujourd'hui partagé entre la Turquie, la Russie et la Perse.

Par le traité de Berlin (1878), la Porte ottomane s'était engagée à réaliser sans retard les améliorations et les réformes qu'exigent les besoins locaux dans les provinces habitées par les Arméniens, et à garantir leur sécurité contre les Circassiens et les Kourdes ». Cette clause demeura lettre morte : d'incessants conflits à main armée, les massacres de 1895-1896, qui ensanglantèrent même Constantinople, puis, pendant la Grande Guerre, ceux de 1915-1916 en fournirent de tristes preuves. Aussi la création d'un Etat libre d'Arménie fut-elle envisagée par les Alliés ; mais les succès des Turcs la rendirent impossible et la paix de Lausanne de 1923 ne la réalisa pas. Les Arméniens sujets ottomans durent s'exiler, et ceux qui relevaient de la Russie formèrent, une République transcaucasienne soviétique d'Arménie, incorporée dans l'U. R. S. S. (capitale Erévan).

Dès lors et durant toute la période soviétique, des tensions sourdes et récurrentes vont opposer Arméniens et Azéris autour du destin de la région du Haut-Karabagh.

L’Arménie déclara son indépendance de l'URSS le 30 août 1991 puis accède à son indépendance définitive le 21 septembre 1991.