Amon.

Amon

Amon (Amen, Amun), était à l'origine le dieu de Thèbes, il fut identifié plus tard à Rê et nommé Amon-Rê.
Le nom d'Amon signifie "Caché" car nul ne pouvait le voir. Contrairement à d'autres divinités importantes, Amon ne semble pas avoir été considéré comme vivant dans un endroit lointain du ciel. Sa présence était partout, invisible mais ressentie comme on ressent le vent. Ses oracles communiqué la volonté divine à l'humanité. On disait qu'Amon venait rapidement pour aider pharaon sur le champ de bataille ou simplement pour aider les pauvres gens.

Amon

Selon les traditions les plus anciennes, Amon s'est créé lui-même à partir du Chaos primordial, mais selon les plus vieilles traditions Thébaines, Amon a été créé par Thot comme une des huit déités primordiales de la création (voir Ogdoade) avec sa parèdre Amonet.
Avec le temps et sa notoriété grandissante l'épouse d'Amon fut Mout, "la Mère", qui semble avoir été l'équivalent égyptien de l'archétype de la "Grande Mère" que l'on retrouve dans de très nombreuses mythologies.
Leur enfant était le dieu de lune: Khonsou.

❖ Attributs.

Amon a porté de nombreux titres comme « Seigneur du Trône des Deux Terres », « Aîné des dieux du ciel de l'Est » ou « Celui dont le temps est révolu ».
Les attributs d'Amon sont le disque solaire, les cornes horizontales de bélier et le fléau sans oublier la barbe postiche recourbée. Il est figuré tantôt avec une tête de bélier, tantôt avec un visage humain, portant parfois des cornes de bélier qui naissent au-dessus des oreilles. Il était coiffé en général d'un mortier à deux plumes d'autruche ornée parfois du disque solaire.
Ses animaux sacrés étaient l'oie et le bélier aux grandes cornes recourbées.
Un de ses incarnations étaient le "Grand Hurleur", une oie primitive dont le cri victorieux fut le premier son jamais prononcé. Dans certains récits, cette oie primitive a pondu "l'œuf du monde"; dans d'autres, Amon a fécondé ou créé cet œuf dans son serpent à tête de bélier forme connue sous le nom de Kematef ("Celui qui a achevé son moment"). Le temple de Medinet Habou dans l'ouest de Thèbes a parfois été identifié comme l'emplacement de cet événement primordial.

❖ Attributions.

Jusqu'au Moyen Empire, Amon était simplement le dieu local de Thèbes (appelée Ouasset par les égyptiens) qui était à l'origine le dieu des vents et des bateliers c'est pourquoi il est parfois représenté avec une couleur de chair bleue mais c'est aussi la couleur du lapis-lazuli, un pierre précieuse digne des dieux.

Quand les Thébains eurent établi leur souveraineté sur la totalité de l'Égypte, Amon devint une divinité universelle et sous la XVIII ième Dynastie il fut considéré comme le Roi des Dieux. Amon est mentionné dans les Textes des Pyramides, où il est dit qu'il « protège les autres dieux avec son ombre ».

A partir de la XIX - XX ième Dynastie Amon est vu comme la représentation invisible du créateur qui était à la source de toute la vie dans le ciel, sur la terre et dans l'Au-delà. Il se manifeste sous la forme de Rê d'où l'appellation Amon-Rê.

Il est aussi associé à Min de Coptos pour devenir le dieu fécond et créateur ou à Kamoutef une autre divinité ithyphallique. Kamoutef dont le nom signifie « le taureau de sa mère » était le dieu solaire créateur, né chaque matin de la vache céleste (Hathor ou Nout). Le soir il fécondait sa mère qui l'engloutissait dans sa bouche, afin de renaître le lendemain matin après une gestation nocturne.

❖ Culte

Au début, Amon a probablement été vénéré en tant que dieu de l'agriculture qui assurait des récoltes abondantes et la fertilité des animaux domestiques.

Amon-Rê

Au fil du temps, il a évolué d'un dieu local mineur à la divinité suprême du panthéon égyptien. Sous la XIIe dynastie, on lui construisit un temple qui, agrandi plus tard, est devenu l'ensemble dont on voit les ruines colossales à Karnak et qui est la plus grande structure religieuse jamais construite par l'homme. On arrivait à ce temple par un dromos bordé de deux files de criosphinx (lion à tête de bélier). Le bélier était consacré à Amon, et à Thèbes on en nourrissait un qui était la représentation vivante du dieu.

Outre le temple de Karnak de nombreux temples lui étaient dédiés, certains ont disparu:
• Le temple d'Amon de Louxor
• Le temple d'Amon et oracle d'Aghurmi dans l'oasis de Siwa
• Le temple d'Amon à Tanis (Delta - Basse Égypte)
• Le temple d'Amon à Ouadi es-Seboua (Nubie)
• Le temple d'Amon à Napata (Nubie)
• Le temple d'Amon à Hermopolis
• Le temple d'Amon dans l'oasis de Khargeh
• Le temple d'Amon puis Amon-Rê et Rê-Horakhty à Amada

Il se rendait chaque année au temple de Louxor pour être uni à la déesse Opèt afin d'assurer l'éternel renouvellement des cycles naturels.

La fête religieuse la plus importante était le Festival d'Opet à Thèbes dont les habitants et les visiteurs célébraient dans la joie cet évènement. Une fois par an, les statues d'Amon, Mout et de leur fils Khonsou étaient transportées du temple de Karnak jusqu'au temple de Louxor.

Thèbes était le centre du monde égyptien, et Amon était le dieu le plus puissant. Dans les temples de Thèbes, on lui donnait une partenaire sous la forme d'une prêtresse royale connue sous le nom de "divine adoratrice d'Amon" ou "main de dieu". L'un de ses devoirs semble avoir été d'éveiller physiquement le dieu afin qu'il continue le travail renouvelé de la création en générant la vie.
En élevant Amon à la position de suprême dieu, les prêtres d'Amon ont acquis un grand pouvoir. La popularité d'Amon continua même sous la dynastie ptolémaïque, les Grecs voyaient Amon comme une version de Zeus.

➤ Théogamie

Amon-Rê et la reine Moutemouia (Louxor)

Amon était souvent considéré par les reines d'Égypte comme le géniteur de leurs enfants. Quand la reine Hatchepsout est arrivée au pouvoir, elle a raconté sur le mur du temple de Deir el Bahri l'histoire de sa naissance divine, fruit de l'union d'Amon et de sa mère, la reine Ahmose.
Hatchepsout se vantait de l'avoir érigée obélisque de Karnak "pour son père Amon".

De même Amenhotep III a pris soin de faire graver des bas-reliefs dans le temple de Louxor, où des scènes décrivent sa naissance divine. On y voit une scène de théogamie où la reine Moutemouia, épouse de Thoutmôsis IV, est visitée par le dieu Amon qui s'unit à elle. On remarquera que le couple a les genoux enlacés et Serket soutient les pieds d'Amon tandis que Neith soutient ceux de la reine.

Puis, la reine enceinte est conduite par des déesses vers le lieu de son accouchement où, assistée par d'autres divinités, elle donne naissance à Amenhotep III.

Ce mythe de la naissance royale a persisté jusqu'à la période gréco-romaine, selon la légende le roi macédonien, Alexandre le Grand, aurait été engendré par Amon. Alexandre semble avoir été reconnu comme le fils du dieu lorsqu'il fit une pèlerinage au temple isolé d'Amon à l'oasis de Siwa.

Alexandre et ses compagnons d'armes risquaient de mourir dans le désert quand deux serpents sont apparus pour les conduire en toute sécurité à Siwa. L'oracle de Amon à Siwa était réputé comme infaillible. Les Grecs ont aussi affirmé que les héros Persée et Héraclès avaient consulté Amon-Zeus

Hymne à Amon-Rê.

Ramsès II entouré d'Amon et de Mout (© Musée de Turin)

A toi l'acclamation, ô Amon-Rê !
Le radieux, seigneur des devenirs, multiple d'aspects,
Les coeurs sont rassasiés de ton amour !

À toi l'acclamation, ô Amon-Rê !
Soleil né du ciel, qui crée la terre, qui crée les eaux et les montagnes,
Qui fait venir à l'existence tous les êtres !

A toi l'acclamation, ô Amon-Rê !
Tu as illuminé la terre plongée dans les ténèbres,
Tu surgis hors du Noun, hommes et dieux viennent à ta suite.

A toi l'acclamation, ô Amon-Rê !
Le puissant, aux noms multiples, que nul ne connaît
Celui qui nous regarde de loin, mais proche pour nous entendre.

A toi l'acclamation, ô Amon-Rê !
Aux bras vigoureux, seigneur de la force, prompt à la colère,
L'irritable qui terrasse ses ennemis !

A toi l'acclamation, ô Amon-Rê !
Le miséricordieux, seigneur des bienfaits, riche d'amour et de bonté,
Qui écoute les plaintes, venant vers celui qui l'appelle !

A toi l'acclamation, ô Amon-Rê !
Qui engendre tous les hommes, qui crée leur subsistance
L'unique, le fort qui fait vivre ! Il ne se lasse pas !

Extrait du papyrus hiératique 3049 de Berlin p. VIII, lignes A 1-7,
XXIIe dynastie, vers 945-715 avant notre ère.

❖ Iconographie

Amon et Ramsès II au Ramesséum
Amon
Amon et Mout (© Louvre)