Le Grenier de Clio : Mythologie polynésienne.

Kalokalo

Tui  Fiti, le roi des îles Fidji avait une fille, Hina, d'une beauté sans pareille. Bien des princes et des rois venaient lui faire la cour. Le roi de Tonga demanda sa main, mais Hina refusa. Le Tui Manua, le chef suprême de l'archipel samoan, demanda sa main. Elle refusa encore.

Le Tui Tokelau, chef du petit archipel Tokelau, avait une fille prénommée Magamaga-i-matua (Celle-grande-ouverte). Celle-ci avait pour habitude de se mettre en plein soleil, dès les premiers rayons, et d’y rester jusqu'au soir. Elle ne pouvait plus s'en passer. Un jour elle découvrit qu’elle était enceinte. Elle mit au monde un garçon qu’elle  prénomma Kalokalo-o-té-la (Celui-dérobé-au-soleil). Elle l’éleva en lui cachant son origine.

Quand  Kalokalo, devenu grand, entendit parler la beauté incomparable d’Hina. Il informa sa mère de son désir d’aller la demander en mariage.  Sa mère s’inquiéta pour son fils et essaya de le dissuader de faire un si long voyage mais Kalokalo ne renonça pas. Il traversa les mers pour se rendre aux Fidji. A son arrivée il se précipita à la grande maison du Tui Fiti. Dès qu’Hina le vit, elle en tomba follement amoureuse. En effet, Kalokalo avait la beauté sublime du soleil quand il lance ses premiers rayons matinaux. Hina décida immédiatement d'accepter la demande en mariage, et le Tui Fiti ne put qu’y consentir.
Le couple se mit en ménage et bientôt Hina attendit un enfant. Tui Fiti prit Kalokalo à part et lui dit qu’il n’avait pas apporté  en cadeau de mariage les pendants sertis de perles comme tout fiancé doit le faire.

Kalokalo retourna voir sa mère et lui demanda qui était son père. Gênée, Magamaga-i-matua lui indiqua plusieurs noms (pieu, rochers) mais aucun ne lui répondit. Sa mère lui demanda pourquoi il voulait voir son père et Kalokalo lui dit qu’il devait lui demander des pendants pour son épouse. Alors la mère expliqua tout à son enfant. Il n’en fallut pas plus pour qu’il décide de partir voir le Soleil.

Le voyage fut très long et bientôt le jeune homme eut une grande faim. Près d’une petite cabane il vit une vieille aveugle assise qui mangeait du taro. En catimini il en mangea la moitié et il lança la dernière tige vers les yeux de la vieille femme. Miraculeusement elle retrouva la vue et pour le remercier Kui-mata-molali lui indiqua les embuches qui l’attendaient sur le chemin vers le soleil et comment les éviter mais s’il respectait scrupuleusement ses conseils il reviendrait en vainqueur.

Il devait monter sur un arbre situé près d’une mare sans se soucier des piqures des insectes voraces qui allaient l’assaillir. En haut le vent violent ferait balancer l’arbre et quand il passerait devant le soleil il devait formuler sa requête sans plus attendre.
Grâce aux judicieux conseils Kalokalo arriva à son but.

Qui ose perturber ma course ? questionna le soleil mais il écouta sa demande et lui indiqua où trouver les pendants. Ils étaient dans une maison terrifiante gardée par des épées et des harpons. Là, il y avait deux paquets l’un marqué « manu » (fortune) et l’autre « mala » (malheur). Il devait choisir le bon paquet et retourner chez sa mère sans l’ouvrir.

Il reprit le chemin du retour et il sut déjouer toutes les embuches. Il était presque arrivé quand il se demanda à quoi ressemblaient les pendants que lui avait donnés son père. Outré par ce manque d’obéissance, le soleil précipita son fils dans la mer où les requins le dévorèrent. Quant aux perles elles furent avalées par un thon qui tomba dans le piège à poisson de Lakulu.
Tui Fiti attendait avec impatience le retour de Kalokalo puis il comprit qu’il ne reviendrait jamais, aussi organisa-t-il le mariage Hina et Lakulu qui était venu lui montrer les perles.