Le Grenier de Clio : Histoire grecque.

Guerre médique

L’échec de Marathon est grave pour Darios ; il risque de provoquer l’agitation dans les provinces européennes de son empire et de ranimer des troubles en Ionie. Aussi le roi veut-il, sur le champ, tirer de la Grèce une vengeance exemplaire.

2e guerre médique

Mais, retardé par une révolte de l’Égypte (486-485), il ne peut le faire et laisse à sa mort cette tâche à son fils Xerxès Ier, assisté de Mardonios, le vaincu de Marathon. Le nouveau roi décide d’écraser les Grecs sous la puissance de l’empire tout entier. Il met en place un fabuleux dispositif, diplomatique d’abord (ambassades à Carthage, en Thessalie, à Thèbes, qui lui promet son appui en trahissant l’hellénisme) et guerrier : plus de 5 000 000 d’hommes sont recrutés dans toutes les satrapies (c’est ce que dit Hérodote, mais le chiffre de 500 000 soldats — une armée déjà fort importante — serait sans doute plus exact). La route que doit emprunter l’expédition est soigneusement préparée : un pont de bateau est construit sur l’Hellespont (Xerxès fait même, dit-on, fouetter la mer, qui a osé briser les premiers éléments de la chaussée flottante) ; l’isthme de l’Aktê (au mont Athos) est coupé d’un canal pour que la flotte qui escortera l’armée en soutien logistique n’ait pas à doubler un cap dangereux ; des dépôts de vivres sont installés sur les points stratégiques. Les Grecs semblent prêts à recevoir les Perses : ils ont su se grouper en 481 en une ligue panhellénique de défense (dite « de Corinthe ») dans laquelle Athènes, soucieuse de ne pas gêner la si difficile entente des cités, a accepté de ne pas revendiquer (malgré sa victoire de Marathon) l’hégémonie, qu’assumera Sparte seule, les décisions politiques étant préparées par un conseil des stratèges représentant les États membres. Pourtant, le rouleau compresseur perse, malgré les prodiges de valeur des Grecs aux Thermopyles (août 480), où tombent les 300 Spartiates de Léonidas (dont une stèle rappellera qu’ils gisaient là « par obéissance aux lois de Sparte »), écrase tout sur son passage. Bientôt, il semble que l’on ne puisse plus envisager que de défendre le Péloponnèse en fortifiant l’isthme. Athènes est sacrifiée dans cette stratégie — Sparte ne serait pas fâchée, d’ailleurs, que sa rivale meure au cours des opérations —, mais Thémistocle, le nouvel homme fort d’Athènes, veille. Il a su construire une flotte importante en utilisant les ressources procurées par de nouveaux filons des mines d’argent du Laurion. Évacuant l’Attique, qui sera pillée par les Perses, quittant la ville elle-même, qui sera détruite, il replie tous les habitants dans l’île de Salamine. Dans la rade se rangent les trières, et, le 29 septembre 480, Xerxès assiste au désastre de sa flotte. La Grèce, de nouveau, est sauvée par les citoyens d’Athènes, toutes classes mêlées cette fois, puisque les rameurs, artisans de la victoire, sont les plus pauvres d’entre eux. L’armée perse, en effet, comme la saison est bien avancée, doit se replier. Seul demeure en Grèce le général Mardonios, dont les troupes sont détruites en août 479 à Platées malgré des prodiges de valeur, tandis que, sur les côtes d’Asie, la flotte grecque écrase une autre armée perse à Mycale. Quoique inattendue, la victoire des Grecs n’était pas illogique : à la masse énorme des armées perses, mal équipées (les soldats n’avaient pas d’armement défensif ; ils étaient mal préparés au combat rapproché), manquant d’idéal et d’unité, s’opposait la technique sans faille des phalanges de soldats citoyens animés par l’amour de leur patrie, l’élan des rameurs, qui, fiers d’être appelés à leur tour à défendre la cité, y voyaient la possibilité d’assurer une véritable démocratie. Leur succès garantit pour longtemps la sécurité des mers dans l’Égée et le développement de la civilisation grecque de l’âge classique.

La guerre fut aussi le début de la puissance athénienne, deux fois victorieuse au moment décisif. Athènes sut ensuite, au contraire de Sparte, qui se replia sur le Péloponnèse, prendre la tête des opérations qui devaient assurer les résultats des premières victoires ; cela lui permit de créer l’empire qui fit d’elle la plus puissante des cités grecques du Ve siècle

Sources : Grande encyclopédie Larousse