Le Grenier de Clio : Mythologie chinoise.

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Avec 5 000 ans d’histoire la civilisation chinoise constitue l’une des plus anciennes civilisations au monde.

Voyage de Marco Polo entre 1271 et 1295

L'Asie centrale est placée entre deux grands foyers de la civilisation mondiale : la Chine à l'est, le Moyen-Orient et la Méditerranée à l'ouest. Ces deux foyers étaient reliés par un axe commercial, la Route de la soie, qui était périodiquement menacé par les peuples nomades, Huns ou Mongols, qui parcouraient les plaines d'Asie centrale.
La Route de la soie connut un premier essor au début de l'ère chrétienne en reliant l'empire des Han à l'Empire romain, à l'apogée de leur prospérité. Aux caravanes provenant de l'est chargées de soie, puis plus tard de porcelaine, répondaient des convois d'or, d'argent, de pierres précieuses, d'ivoire qui ralliaient la Chine.
La Route de la soie contribua à la diffusion des techniques chinoises, que ce soit le papier, l'imprimerie, la poudre à canon et la boussole aimantée, bien avant les Occidentaux. Au XVIe siècle, le contournement de l'Afrique par les bateaux portugais marqua la fin de la Route de la soie.

La carte représente le tracé de la Route de la soie au XIIIe siècle, à l'époque du voyage de Marco Polo. Celle-ci est restée la même à travers les siècles, mais ses points d'aboutissement ont changé au gré de l'évolution politique et économique de la Chine et du Moyen-Orient. La carte représente aussi l'extension maximal le l'Empire mongol en 1260, avant qu'il ne soit partagé entre les descendants e Gengis Khan. Ce partage mit fin à la seule période de l'histoire où un même peuple nomade régna sur l'ensemble de l'Asie centrale.

Le cœur historique de la Chine est constitué par la large plaine formée par l'immense méandre du fleuve Jaune, le Huang He. Sur cette terre jaune très fertile, les hommes du néolithique ont développé la culture du millet dès le premier millénaire avant notre ère. Ensuite, les pratiques agricoles se sont diffusées dans toutes les directions et ont atteint le bassin de l'autre grand fleuve chinois, le Yangzi Jiang, vers 2500 avant notre ère. Lorsque la colonisation paysanne a gagné les régions plus chaudes du sud, le riz, plus adapté aux conditions climatiques et géologiques, a remplacé le millet.

Les premières civilisations

C'est donc au coeur de la région traversée par le fleuve Jaune que les premières communautés agricoles s'organisent et perfectionnent leurs techniques. Vers 2000 avant notre ère, elles maîtrisent le travail du bronze et construisent d'importants lieux de cérémonie; on leur attribue même une dynastie légendaire, les Xia. À partir du XVIIIe siècle avant notre ère, les premiers souverains historiques de la Chine appartiennent à la dynastie Shang. Les vestiges des villes et des tombeaux shang préfigurent la culture chinoise classique, tant sur le plan de l'écriture que sur celui de l'urbanisme ou de l'art décoratif. Ainsi, l'écriture est déjà de type idéographique, les villes sont bâties selon un quadrillage orienté sur les quatre points cardinaux, et l'artisanat est axé sur le travail du bronze, du jade, de la soie et la poterie.

Cette civilisation se diffuse au-delà des frontières du pays shang. Dès le XIe siècle, le royaume est menacé à l'ouest par les souverains Zhou, qui détrônent les Shang et étendent ensuite leur domination au nord et, au sud, au-delà du bassin du Yangzi. Le pays connaît d'importants progrès en matière d'irrigation et de travail des métaux (fonte et fer). Le pouvoir est aux mains de puissants gouverneurs provinciaux entourés d'une cour et de guerriers. Au fil des ans, ces gouverneurs se constituent de véritables fiefs qui entrent ensuite dans une longue période de guerre à partir du milieu du Ve siècle avant notre ère, le temps des «Royaumes combattants ».

Cette époque est aussi marquée par la naissance d'une pensée philosophique originale au sein de la classe des lettrés. Kongfuzi (Confucius, 551-479 avant notre ère) établit les fondements de la morale chinoise, tandis que Laozi (Lao-tseu, env. VIe siècle) jette les bases du taoïsme.

La naissance de l'Empire

C'est au plus occidental des Royaumes combattants, celui de Qin, qui est en même temps le plus éloigné des sources de la culture chinoise, que revient le mérite d'unifier la Chine. Après avoir vaincu les autres Royaumes combattants, le Qin Shi Huangdi (259-210) se fait proclamer premier empereur en 221 avant notre ère et fonde le plus grand État du monde. Son empire s'étend de la mer de Chine méridionale à l'Asie centrale. Au nord, il fixe la frontière qui le sépare des peuples nomades en faisant construire la Grande Muraille. Il ordonne également la construction d'un vaste réseau routier, il réorganise les lois et l'administration et unifie l'écriture, la monnaie, les poids et mesures.

La domination des Qin ne survit pas à Shi Huangdi, mais les fondations de l'Empire sont désormais assez solides. Sous les Han, l'Empire chinois continue son expansion territoriale et, à la fin du IIe siècle avant notre ère, il atteint l'Asie centrale à l'ouest, le Viêt-Nam au sud et la Corée au nord-est. Toutefois, ces régions sont trop éloignées pour être durablement soumises à un gouvernement centralisé qui n'a pas les moyens matériels de les soumettre à un contrôle strict. Bien que toujours fortement influencées par le centre, elles accéderont par la suite à l'autonomie politique.

En s'étendant, l'Empire Han entre en contact avec d'autres civilisations, dont celle de l'Inde. Ce mouvement a pour effet immédiat la diffusion rapide du bouddhisme. Même si les Chinois n'ont jamais abandonné leurs philosophies ancestrales, tel le confucianisme, les croyances bouddhistes deviennent un élément religieux et culturel important de leur civilisation.

Les Han vont construire un modèle type du gouvernement chinois, centré sur la personne de l'empereur entouré de sa cour. L'empereur s'appuie sur une bureaucratie de fonctionnaires très instruits et recrutés par concours. Il remplit aussi un rôle religieux : du respect scrupuleux de ses devoirs rituels dépend le bonheur de l'Empire et de ses sujets. La cité impériale, soigneusement planifiée, est le centre à la fois des cérémonies rituelles, de la bureaucratie, et le lieu où s'expriment richesse et raffinement des moeurs. Les grandes villes chinoises, fortes parfois d'un demi-million d'individus, sont alors les villes les plus grandes et les plus magnifiques du monde.

L'Empire Han et les dynasties qui lui succèdent connaissent un sort semblable. Chaque dynastie commence par une période de gouvernement ferme et équitable qui contribue à un essor de l'Empire. Puis, inexorablement, le pouvoir central décline et, dans les provinces, généraux et gouverneurs se constituent de petites principautés, les paysans se lancent dans des révoltes chroniques contre les percepteurs et les agents recruteurs, puis finalement les nomades du nord envahissent le pays et abattent la dynastie impériale.

Des dynasties modèles

La Chine connaît des périodes de puissance et de prospérité, comme sous les Tang du VIIe au X siècle Le pays est gouverné avec rigueur et efficacité depuis la capitale, Chang'an (aujourd'hui Xi'an). Et également sous les Song, entre le Xe et le XIIe siècle, quand l'Empire compte plus de cent millions de sujets. Les grandes villes commerciales situées le long du Yangzi et les villes côtières du Sud et de l'Est prospèrent et établissent des relations commerciales bien au-delà des frontières de l'Empire. Cet essor coïncide avec un déplacement progressif du centre de gravité de la Chine vers le sud.

En effet, c'est dans le Sud que règne la dynastie des «Song du Sud» quand, en 1126, le bassin du fleuve Jaune tombe sous la domination des nomades Jin, venus de Mandchourie. Cet Empire Jin du Nord s'effondre vite à son tour, sous les coups de nomades plus puissants, les Mongols, conduits par Gengis Khan (vers 1167-1227), qui dévastent le nord du pays au début du mir siècle. Après un court répit, les armées mongoles repartent à l'assaut et, en 1279, la Chine tout entière passe sous la domination du souverain mongol Kubilaï Khan (1214-1294), qui instaure la dynastie des Yuan. Celle-ci sera renversée dès 1368 par une révolte nationaliste qui installe une nouvelle dynastie, celle des Ming qui assurera deux siècles de prospérité avant de s'effondrer en 1644 sous les coups d'une autre révolte paysanne. L'ordre sera alors rétabli par d'autres nomades, mandchous cette fois, les Qing.

Le dernier Empire

La dynastie mandchoue des Qing, au pouvoir pendant plus de deux siècles à partir de 1659, poursuit la politique d'expansion en annexant le Tibet et la Mongolie. La population s'accroît jusqu'à dépasser les quatre cents millions d'habitants et la nouvelle capitale, Beijing (Pékin), atteint le million d'habitants.

Le déclin et la chute du règne Qing au XIXe siècle répètent un schéma devenu traditionnel. L'oppression du peuple, la corruption des autorités et les impôts de plus en plus lourds ruinent les paysans, pour qui la révolte devient une alternative tentante. Seule la nature de la pression extérieure a changé : il ne s'agit plus de nomades venus du nord mais des Européens venus de la mer pour établir des relations commerciales.

Toutefois, au début du XIXe siècle, le pouvoir impérial refuse tout échange commercial avec l'Occident, soit par désir de subvenir seul à ses besoins, soit par incompréhension. Deux victoires dans les guerres dites de l'Opium, en 1839-1842 et en 1856-1858, assurent aux puissances européennes l'ouverture du marché chinois.

Petit à petit les Européens interviennent dans la politique intérieure chinoise en aidant l'empereur à réprimer la plus formidable révolte paysanne du XIXe siècle, qui fera plusieurs millions de victimes entre 1851 et 1864. Ce mouvement des Taiping se réclame d'une doctrine égalitaire, influencée par des éléments de christianisme importés par les missionnaires occidentaux. Plus tard, la révolte des Boxers, dirigée depuis la cour des Qing contre les Européens, est elle aussi étouffée par les forces européennes et japonaises en 1900, qui contraignent la cour impériale à faire de nouvelles concessions commerciales et diplomatiques remettant en question l'indépendance du pays.