Le Grenier de Clio : Mythologie chinoise.

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Les constructions primitives chinoises ont toutes disparu ; aucun monument d'architecture, en Chine, n'est antérieur au XIe siècle de notre ère. Une réglementation officielle imposa l'uniformité aux monuments civils comme aux monuments religieux. Les Chinois surent, dès la plus haute antiquité, construire des voûtes, mais ne s'en servirent que dans les portes des remparts et les ponts. Sauf en ce qui concerne quelques temples bouddhiques le caractère essentiel de l'architecture chinoise réside dans le t'ing, au toit aux bords recourbés, soutenu par de frêles colonnes. Ce t'ing, qui rappellerait les toits des tentes des nomades, est parfois double, ou même triple, et plus ou moins richement décoré.

Les textes canoniques font mention, en tant que plus ancien monument civil, du Palais des empereurs Tchéou (XIe siècle avant notre ère). Les plus beaux monuments civils échappés à la ruine sont, de nos jours, à Pékin, où le palais impérial a les proportions d'une véritable ville. Le kiosque domine dans les jardins, en Chine, et il en est de magnifiques. Dès le premier siècle, les Chinois construisirent des ponts énormes. Les Chinois pratiquèrent la sculpture sur pierre avant le IVe siècle avant notre ère mais n'y marquèrent pas autant d'originalité que dans les autres arts.

La peinture chinoise a les mêmes origines que l'écriture, celle-ci ayant d'abord procédé à la notation des idées par la figuration d'objets. La perspective, dans le dessin chinois, est étagée, et jamais en profondeur. Les plus anciennes peintures ont conservé un coloris merveilleux. La religion, l'histoire et la littérature ont tour à tour inspiré les peintres.
L'histoire de la peinture chinoise se divise en sept grandes périodes :
1° depuis les origines jusqu'à l'introduction du bouddhisme (2.000 avant notre ère  à 250 de notre ère;
2° de l'introduction du bouddhisme à la dynastie des Thang (250-618);
3° de la dynastie des Thang à la dynastie des Soung (618-960)
4° époque des Soung (960- 1278) ;
5° époque des Youen (1280-1368) ;
6° époque des Ming (1368-1643) ;
7° époque des Ts'ing (à partir de 1643 ).
Dans l'ensemble, la peinture chinoise reflète une haute spiritualité et dégage une poésie intense ; tous les lettrés, à peu d'exceptions près, ont été peintres, dans ce pays où l'objet de la peinture fut toujours, en premier lieu, d'exprimer des sentiments et des idées.

Le goût des courbes inattendues et de l'enchevêtrement de lignes brisées caractérise l'art décoratif chinois, sauf dans la céramique où l'usage du tour imposa la symétrie. Les incrustations polychromes de substances rares, laissées en relief et ciselées, donnent au bois l'aspect, en ameublement, de broderies vivement colorées. Les substances les plus rétives sous l'outil ont été vaincues par la patience de l'artisan chinois, amoureux des finesses de détail, et de la minutie dans l'exécution ; certains ivoires, sous ce rapport, sont des merveilles, et les mêmes penchants ont abouti à un travail merveilleux du jade, du cristal de roche, des pierres dures. La laque en particulier de Coromandel est un autre triomphe de l'art décoratif chinois, ainsi que les soieries et les broderies à tons éclatants; l'impératrice Loui-Tseu passe pour avoir créé, il y a plus de trois mille ans, l'art de la broderie et a été, à ce titre, divinisée.

En Chine comme en Grèce, un autre dieu est considéré comme inventeur des arts de la terre ; Pou-Taï. ou Pou-Sa est le Céramos chinois. D'après Stanislas Julien, la porcelaine fut inventée dans le pays de Sin-p'ing, sous la dynastie des Han (206 avant à 86 de notre ère). L'habitude de marquer les pièces ne fut prise qu'à partir du XIVe siècle, sous la dynastie des Ming. Au XVe siècle, l'art de la porcelaine chinoise atteignit à son apogée. La guerre avec les Tartares causa une première décadence, suivie d'une renaissance sous l'impulsion de l'empereur Kang-hy (1661-1722). Depuis, les arts décoratifs chinois n'ont connu qu'affaiblissement progressif. Parmi les pièces recherchées des collectionneurs, on cite les porcelaines provenant du service impérial, c'est-à-dire à couvercle jaune-citron, et décorées du dragon à cinq griffes ; les porcelaines craquelées et truitées, en bleu turquoise ; les porcelaines à mandarins, décorées de sujets représentant les grands personnages chinois; les porcelaines coquille d'oeuf, d'une extrême légèreté, d'une extrême transparence ; les beaux vases à reliefs peints ; les fines statuettes, les pièces à ornements réticulés, en forme de réseau découpé à jour, parfois à double paroi cloisonnée ; les vases céladon, vert pâle ou de toute autre nuance tendre ou floue ; la porcelaine lapis-lazuli, rehaussée de dessins d'or ; la porcelaine recouverte de légères aspérités, et dénommée peau d'orange ou chair de poule. Importée pour la première fois en Europe vers le XIVe siècle, la porcelaine chinoise a joui d'une grande vogue en Occident, aux XVIIe et XVIIIe siècles. Certaines grandes familles se faisaient faire en Chine leurs services, décorés de leurs armoiries ; l'esprit du décor chinois influença nos arts décoratifs, et le vernis Martin est une imitation des laques chinois que frères Martin de Paris mettent au point en 1728 à partir de copal.