Le Grenier de Clio : Mythologie hindoue.

Kamasutra

Le Kamasutra est le traité du kama (amour, jouissance des plaisirs de la vie), qui constitue le troisième des buts de l'existence chez les hindous après le dharma et le artha. Il a été rédigé en sanskrit aux alentours du IIIe siècle de notre ère par un brahman du nom de Vâtsyâyana. La première traduction en anglais qui date de la fin du XIXieme siècle, a été faite par un capitaine de l'armée des Indes, Richard Francis Burton.

Kamasutra

Les six chapitres concernent l'amour au sens large et décrivent, par exemple, comment se fait la conquête d'une jeune fille. Les conseils donnés à ce sujet par Vatsyayana sont si subtils qu'ils lui ont valu le surnom de « Machiavel de l'amour ». Seul le deuxième chapitre de ce traité a pour objet les pratiques sexuelles. Depuis, l'œuvre, à l'origine pensée comme un manuel d'éducation affective et sexuelle à destination de l'élite, demeure incomprise et réduite aux positions acrobatiques.

Ce livre décrit également le style de vie des couches supérieures de l'ancienne société indienne, probablement à l'époque des Gupta, au ive siècle de notre ère. Il traite aussi de tout ce qui concerne les courtisanes, les aphrodisiaques et autres choses de ce genre. Mais c'est à cause de son second chapitre que le Kamasutra acquit sa douteuse réputation. On y décrit des postures amoureuses semblables à celles qui se trouvent reproduites sur les sculptures des temples de Khajuraho. Un trait caractéristique du Kamasutra est de citer comme preuves d'amour, à côté des baisers, les griffures et les morsures. On y parle aussi de coups échangés en signe d'amour et l'on mentionne différentes espèces de soupirs amoureux. Toutes ces pratiques sont décrites dans le style sèchement énumératif propre aux traités didactiques de l'Inde ancienne.

La description des moeurs amoureuses chez les différents peuples du sous-continent indien présente un intérêt tout particulier pour l'histoire de sa civilisation. Dans cette géographie érotique de l'Inde, on trouve par exemple ceci : « Les femmes du Maharastra s'enflamment par l'emploi des soixante-quatre formes de jeux amoureux, elles aiment le langage grossier et obscène et se comportent au lit de manière particulièrement impétueuse. Les femmes de Nagara (il s'agit visiblement ici de la grande ville de Pataliputra) se comportent de la même manière, mais ne se révèlent ainsi que dans l'intimité. »

Kamasutra

Le Kamasutra s'adresse avant tout au citadin raffiné (nagaraka) dont il décrit l'emploi du temps quotidien, la vie amoureuse et les distractions. Il n'est pas nécessaire qu'il appartienne à une caste déterminée, mais il doit être financièrement indépendant. Il vit de biens acquis ou hérités, ou des deux. Ses biens acquis, il les doit soit à des dons (pour les brahmanes), soit à ses victoires (pour les guerriers), soit au commerce (pour les vaishya), ou encore à une rétribution (pour les gudra). Il possède une maison dont la pièce principale est décrite ainsi, dans le Kamasutra (I, 4) : « Dans une chambre à coucher donnant sur l'extérieur, il doit y avoir une couche très molle, légèrement creusée en son centre, recouverte d'un tissu blanc et garnie de coussins sur deux côtés. On y trouvera aussi un petit canapé. À son chevet, il faudra réserver de la place pour une jonchée d'herbes et un plateau à offrandes. On y trouvera des onguents et des couronnes laissés la nuit précédente, une petite corbeille de riz cuit, des zestes de citron, du bétel. Sur le sol sera posé un crachoir. Un luth sera accroché au mur. Il y aura encore une planche à dessin, une boîte de couleurs, un livre quelconque, des couronnes d'amarante jaune, un damier et un jeu de dés. Hors de la pièce, on installera des cages avec des oiseaux apprivoisés. À l'écart, on aménagera un espace pour des travaux de menuiserie et d'ébénisterie. »

❖ Iconographie

Kamasutra
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