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Les Etrusques sont un ancien peuple de l'Italie, qui selon Hérodote seraient venus d'Asie Mineure.

Origines.


Danseuse et joueur de lyre (Tombe du Triclinium)

Son point de vue était partagé par divers auteurs de l'Antiquité, et beaucoup de modernes s'y sont ralliés, en accumulant de nombreux arguments positifs, car il s'est révélé facile de trouver des ressemblances entre la civilisation étrusque et les civilisations de l'Orient : divination par l'examen du foie comme en Babylonie, chambres funéraires souterraines et tumulus à la mode du monde mycénien, points communs apparents entre la langue étrusque et certaines langues anciennes d'Asie Mineure et de Lemnos, aspect oriental de beaucoup d'œuvres d'art du VIIe siècle avant notre ère, liberté et autorité accordées à la femme dans la société, comme dans l'ancienne Lydie... Malgré tout cela, l'hypothèse de l'origine orientale, qui conserve aujourd'hui ses partisans, a beaucoup reculé : tout ce qui s'apparente à l'Orient peut s'expliquer par la coïncidence, l'influence ou l'importation.

C'est l'archéologie qui a porté le plus grand coup à la thèse de l'immigration, en niant la brusque mutation qu'aurait provoquée le débarquement d'un peuple. L'orientalisation de l'art du VIIe siècle s'explique par les influences extérieures, le commerce actif, la présence de modèles orientaux d'importation, telle la bibeloterie d'origine égyptienne, phénicienne et chypriote qui apparaît dans les sites archéologiques étrusques. Les partisans de l'autochtonie trouvent même un Ancien pour partager leur opinion, Denys d'Halicarnasse.

Reste une troisième hypothèse : celle de l'origine septentrionale des Etrusques, descendus des Alpes; née au XVIIIe siècle, elle n'a plus qu'un intérêt de curiosité.

Histoire

La découverte du site de Villanova, près de Bologne, a montré quelle civilisation régnait à l'âge du fer dans les pays occupés ensuite par les Étrusques. Au VIIIe siècle avant notre ère., ceux-ci se manifestent en Toscane, sans qu'on y puisse déceler l'hiatus que produirait une immigration. Dans la vallée du Pô, par contre, leur civilisation apparaît seulement au vie s., et, cette fois, ce peut être le résultat d'un mouvement colonisateur parti d'Étrurie. À partir de là, la chronologie tend à se clarifier, et l'on accède à la période proprement historique.

Bien qu'ils n'aient pas bénéficié d'une cohésion politique caractérisée, les Étrusques ont une histoire commune, et les repères chronologiques des faits politiques, de l'économie et de l'art se rejoignent pour mieux souligner les mutations qu'ils ont subies d'un siècle à l'autre. Au viie s., les nécropoles témoignent d'un soudain enrichissement. Celles des villes proches du littoral tyrrhénien regorgent d'objets d'art, d'orfèvrerie. Les Étrusques viennent de mettre en valeur leurs richesses minières : cuivre, puis fer de l'île d'Elbe ; cuivre de la péninsule. Les Grecs achètent cette matière première, et les Étrusques, devenus de gros marchands, se procurent les œuvres d'art des Grecs et les font copier par leurs propres artistes. Marins, ils sont les rivaux des Grecs, qui les considèrent comme des pirates. Au vie s., ils sont alliés des Carthaginois, autre peuple navigateur et commerçant. Vers 535, ils participent à la bataille navale qui les oppose aux Grecs au large d'Alalia (la latine Aleria), en Corse. Il n'est pas sûr que ce conflit ait concerné tous les Étrusques, car l'archéologie témoigne de relations commerciales suivies de certaines villes avec les Grecs. Mais Caere (auj. Cerveteri), du moins, témoigne de rapports étroits avec Cartilage : une inscription bilingue, punique et étrusque, sur tablettes d'or dédie, en son port de Pyrgi, un temple à la punique Ishtar. En 474, au large de Cumes, des Étrusques sont battus par des Syracusains. Faut-il en conclure qu'ils sont des ennemis irréductibles des Grecs ?

À la fin du VIe siècle, le pays étrusque s'étend très largement en Italie et comporte alors trois dodécapoles. D'abord douze cités confédérées en Étrurie même, liées entre elles par une assemblée annuelle au fanum Voltumnae, près de Volsinii (Bolsena), et par un magistrat commun, le zilath mechl Rasnal, préteur du peuple étrusque. Les autres dodécapoles sont dans la partie occidentale de la plaine du Pô et en Campanie. Ces trois douzaines de villes sentent la systématisation annalistique. Ce qui demeure, c'est cette extension territoriale, extension éphémère d'ailleurs — et pas toujours en profondeur : si Préneste est latine par sa population, elle est étrusque par son art. Si Spina est un port étrusque, c'était, au dire des Anciens, une ville tout à fait grecque. La basse plaine padane n'a pas été profondément imprégnée par la civilisation originaire de Toscane. Au tournant du vie et du ve s., le déclin commence rapidement : l'activité maritime se restreint. Les villes côtières perdent leur importance au profit de celles de l'arrière-pays, et l'influence grecque sur l'art local s'affaiblit subitement. Ce qui ne veut pas dire qu'il ne provient plus d'œuvres d'art de la Grèce : les vases attiques sont importés massivement, mais à l'autre bout du pays étrusque, par le port de Spina. Tandis que, dans la péninsule, Rome donne le signal de la révolte et libère le Latium, les jeunes villes padanes sont en plein essor au milieu du ve s. Mais pas pour longtemps : au siècle suivant, les Gaulois déferlent sur l'Italie, et ces villes sont les premières à en subir les conséquences. Au sud, les Romains progressent : au milieu du iiie s., l'Étrurie entière leur est soumise. Mais ce n'est point une condamnation définitive pour sa civilisation. L'art étrusque brille encore par une originalité relative avant de se fondre progressivement dans l'art romain, et certaines institutions se maintiennent longtemps encore.