titre

Si, sous quelques apparences de similitude dans le panthéon, la religion étrusque diffère fondamentalement de celle des Grecs, on observe des analogies dans les arts plastiques. A vrai dire, la comparaison avec l'art grec est délicate : on a trouvé en Etrurie, pêle-mêle, œuvres grecques importées, œuvres de Grecs immigrés et copies étrusques, tantôt serviles, tantôt interprétées, et cela côte à côte avec des œuvres franchement originales.

Danseur étrusque
Danseur de la tombe du Triclinium
à Tarquinia (-470)

Il est plus facile de situer les œuvres dans un cadre chronologique : au VIIe siècle avant notre ère, sous l'influence de l'Asie et de l'importation d'objets phéniciens, l'art étrusque manifeste des tendances orientalisantes, qu'il partage avec d'autres peuples méditerranéens. Du début du VIe siècle au début du Ve, il acquiert pleinement son originalité, puis s'éclipse quelque peu face aux importations d'œuvres classiques de la Grèce propre (vases attiques) et conserve une allure archaïque, en copiant médiocrement les Grecs. A l'époque hellénistique, l'inspiration grecque contribue à développer l'art cauchemardesque, dont les thèmes sont suggérés par les croyances. Les fresques étrusques ont l'avantage d'avoir été conservées, ce qui n'est pas le cas de la peinture grecque.

Elles s'épanouissent à partir du Ve siècle, en commençant par manifester une ressemblance avec les vases ioniens, puis en s'inspirant des vases à figures rouges. Certaines, très vivantes, évoquent les danses légères, qui tinrent une place appréciable dans les divertissements de ce peuple. La céramique s'est distinguée de très bonne heure par les vases de bucchero, d'un noir brillant voulant imiter le métal. Après une longue période de copie des vases grecs, elle est redevenue originale à l'époque hellénistique (œuvres du « peintre des nonnes », à Volaterrae). Du vase canope au couvercle en forme de tête (Cliusium, VIIe siècle) au sarcophage, le portrait funéraire est marqué par un réalisme inconnu des Grecs et qui s'épanouit pleinement aux Ive et IIIe s. La terre cuite est un matériau favori : à Véies, on attribue à un certain Vulca la fondation d'une école originale (statue célèbre d'Apollon, antéfixes des temples) à l'époque archaïque. La sculpture en pierre a été défavorisée par l'emploi de tuf et de calcaire : les Etrusques ont ignoré le marbre! Mais la rencontre opportune, dans leurs mines, de l'étain et du cuivre (en attendant l'emploi du fer, plus tardivement) a fait d'eux des bronziers de classe. Populonia, Caere, Vulci, Perusia (Pérouse), Vetulonia furent des centres de métallurgie et d'art. Les trépieds de Vulci datent de l'époque orientalisante. On imite alors, en bronze, les couroi grecs. Ensuite se multiplient les cistes et les miroirs gravés. Peu nombreux sont les grands bronzes, comme la chimère d'Arretium (Arezzo), la louve du Capitole.
On n'arrive pas encore à distinguer dans l'ensemble, dans le bronze et la terre cuite, les maîtres et les écoles. L'orfèvrerie du vile s. est somptueuse et reflète la richesse de l'époque, qui provient d'une active exportation de minerais. Il s'agit d'œuvres locales où s'appliquent les techniques de la granulation et du filigrane. L'ivoire est travaillé aussi et donne naissance à des coffrets de style ionien. Tout cela tombe dans la banalité à l'époque classique, et l'inspiration ne revient plus ensuite.
Les activités artistiques reflètent étroitement les conditions économiques : richesse des cités au VIIe s., rapports commerciaux avec les Grecs, déplacement des centres d'activité de la côte tyrrhénienne vers l'intérieur à partir du Ve siècle, ce qui amène les Etrusques à se détourner des activités maritimes. Celles-ci ont dû être considérables : marins et commerçants, pirates redoutés sans doute, les Etrusques se sont fait attribuer l'invention de l'ancre. Puis les difficultés sont venues : défaite de Cumes (474), infligée par Syracuse; malaria, peut-être dans la Maremme. Excellents hydrauliciens, les Etrusques surent assainir la campagne et retarder le retour de ce fléau par leurs canaux de drainage (cuniculi). Le Cloaca Maxima (grand collecteur) de Rome est une oeuvre étrusque.

Quoi qu'en ait pu dire l'historiographie romaine traditionnelle, Rome fut longtemps, en effet, soumise à la domination étrusque. Le temple du Capitole, dédié à la triade Jupiter-Junon-Minerve, était de type étrusque. Les Tarquins venaient d'Etrurie, et leur expulsion (dont la date semble devoir être reportée de 509 aux environs de 475) est une affaire nationale plus que démocratique. A son tour, Rome devait conquérir l'Etrurie, après de longues guerres. Mais, romaine, l'Etrurie conserva ses institutions locales (l'empereur Hadrien se disait encore préteur d'Etrurie), et l'on y vit survivre sa langue, son originalité artistique (l'arc, la colonne toscane, le réalisme du portrait), mais elle se dépeupla progressivement au point de devenir un pays de maquis, de marécages et de ruines enfouies sous la verdure.

planche