ou est la principale divinité représentant le soleil dans l'Égypte ancienne; il fut d'abord vénéré à Héliopolis, mais son importance fut telle que son culte se répandit sous diverses formes dans tout le pays.

Rê qui signifie probablement « créateur », est le nom du Soleil, souverain maître du ciel.
Au commencement, le dieu-Soleil reposait, sous le nom d'Atoum, au sein du Noun, l'Océan primordial, prenant grand soin, pour ne pas laisser éteindre son éclat, de garder les yeux clos ou de se tenir enfermé dans un bouton de lotus, jusqu'au jour où, souffrant de son impersonnalité, il se dressa par l'effort de sa seule volonté au-dessus des eaux sur une butte primordiale, matérialisée par le Benben et apparut étincelant sous le nom de Rê.
Associé à Atoum, il repoussa le chaos par la lumière et la chaleur qu'il répandait.

Cette pierre en forme d'obélisque était conservée pieusement dans le temple nommé à cause de cela Het Benben, « le château de l'obélisque ». Les prêtres affirmaient qu'Iounous, la ville du soleil, que les Grecs appelèrent pour cette raison Héliopolis, était l'endroit où le dieu s'était manifesté pour la première fois sur la pierre Benben.

En même temps le dieu avait créé un premier univers, différent de notre monde actuel, qu'il gouvernait du « château du prince » à Héliopolis, où était sa résidence ordinaire. Les livres des Pyramides nous décrivent minutieusement son existence royale et comment, après avoir pris son bain du matin et son premier repas, il monte dans sa barque et fait en compagnie de son scribe, Ouneg, l'inspection des douze provinces de son royaume, passant une heure dans chacune d'elles.

Divers mythes et images rendaient compte de son déplacement apparent, de sa disparition nocturne et des transformations qu'il semble subir durant son parcours. Il était censé traverser la voûte céleste dans une barque exprimant sa mobilité. Selon les moments de la journée, il se manifestait dans trois entités exprimant ses différents états : Khépri à l'aube, il était Horakhty à midi. À son coucher, il retrouvait sa forme primordiale d'Atoum. Le cycle se répétait chaque jour.
Englouti le soir par l'horizon occidental (Occident), il resurgit chaque matin à l'est. Cette phase, qui correspond à la nuit dans le monde terrestre, pouvait être exprimée de bien des façons. Elle était essentiellement conçue comme un moment de passivité comparable à la mort ou à un retour dans le milieu primordial (Noun). Le voyage nocturne du soleil était conçu comme le passage à travers une dimension différente (Donat) où se déroulaient les transformations qui précédaient sa renaissance quotidienne. La déesse du ciel l'avalait chaque soir et le remettait au monde tous les matins.

Légendes

Tant que Rê demeura jeune et vigoureux, il régna paisiblement sur les dieux et sur les hommes, mais les ans exercèrent sur lui leurs ravages, et les textes nous le dépeignent comme un vieillard à la bouche tremblante dont la salive coule sans cesse.

Rê dans sa barque

Rê était très vieux. Il marchait avec difficulté. Tout son corps tremblait. Ses paroles étaient saccadées et il bavait. Isis a commencé à le suivre secrètement et quand une goutte de salive est tombée sur la terre formant un peu de boue, elle la ramassa et la modela en un serpent venimeux. Elle plaça le serpent sur le chemin empruntait par Rê quand il se promenait. Le serpent le mordit puis il s'enfuit pour aller se cacher. Le poison se répandit rapidement dans tout le corps de Rê, et lui causa une intense douleur jusque-là inconnue. Rê cria de toutes ses forces et les dieux se précipitèrent à sa rencontre. Rê était perplexe. Il a senti qu'un feu le brûlait à l'intérieur et il n'a pas trouvé d'explication à ce qui s'était passé. Les dieux invoqués pleurèrent et se lamentèrent pour ce qui s'était passé. Parmi ces dieux, se trouvait la rusée Isis qui s'approcha en demandant :
- Que se passe-t-il père tout-puissant ? Avez-vous été mordu par l'un des serpents que vous avez créés ?
Rê répondit : J'ai été mordu par un serpent que je n'ai pas créé. Je n'arrête pas de trembler. Je sens qu'un feu brûlant me brûle de l'intérieur et me dévore.
Isis s'approcha doucement et lui murmura à l'oreille : - Si tu me dis ton nom secret, je pourrai utiliser mes pouvoirs magiques et je pourrai te guérir.

Rê répondit : -Je suis celui qui a fait le ciel et la terre. Celui qui a créé les eaux, les vents, la lumière, les ténèbres. Je suis le créateur du grand fleuve Nil, je suis Khepri le matin, Rê à midi et Atoum au coucher du soleil.
Isis répondit : - Tu sais bien, père tout-puissant, que ces noms sont connus de tous. Ce dont j'ai besoin pour te guérir, c'est ton nom secret. Rê lui prit la main et lui murmura à l'oreille : Avant que mon nom ne passe de mon cœur au tien, jure-moi que tu ne le diras à personne sauf au fils que tu auras et que tu appelleras Horus. Et Horus doit jurer que le nom restera sur lui pour toujours. Vous ne devez pas le communiquer à d'autres dieux ou à d'autres hommes. Isis a prêté serment et la connaissance du nom secret est passée du cœur de Rê au cœur d'Isis.
Alors, Isis faisant usage de tous ses pouvoirs magiques dit : Par le nom que je connais, elle ordonna au poison de quitter le corps de Rê pour toujours. Le poison a disparu et Rê s'est senti bien, mais il a cessé de régner sur l'Égypte. Il a trouvé un endroit dans le ciel où il pouvait marcher en suivant la trajectoire du soleil.

Isis, profita de la vieillesse du dieu, et se fit donner son nom secret et acquit ainsi une puissance souveraine ; les hommes eux-mêmes s'aperçurent de la décrépitude de Rê et tinrent contre lui des propos qui finirent par arriver à ses oreilles. Justement irrité, il réunit son conseil et, après avoir interrogé les dieux tour à tour sur les mesures qu'il convenait de prendre, il se décida à lancer son oeil divin contre ses sujets révoltés. L'Oeil divin, prit la forme de la déesse Hathor, et se précipita sur les coupables pour les massacrer sans pitié. Puis  le dieu, apaisé, mit fin au carnage, car sa bonté ne lui permettait pas de laisser exterminer l'espèce humaine.
Toutefois, l'ingratitude des hommes lui avait inspiré le désir de quitter la terre et de se réfugier hors de toute atteinte ; sur l'ordre de Noun, la déesse Nout se métamorphosa en vache et prit sur son dos Rê, qu'elle éleva tout en haut de la voûte céleste, créant en même temps notre monde actuel.

❖ Culte

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Imentet et Rê Horakty (Tombe de Néfertari)

Son centre de culte principal se trouvait à Iounou (Héliopolis, "ville du soleil"), qui se trouve près du la ville moderne du Caire, mais son importance fut si grande que son culte se répandit dans tout le pays. Il possède aussi des temples à Abou-Gourab Aboussir et Abou-Simbel.
Rê était aussi considéré comme un dieu de l'Au-delà, étroitement associé à cet égard à Osiris. Dans cette capacité il a été dépeint comme une tête de bélier.
Le premier jour de l'année lui est consacré de même que le sixième et le septième jour de chaque mois.

❖ Filiation

Généalogie

De lui naquirent Shou et Tefnout, qui, à leur tour, enfantèrent Geb et Nout, d'où provinrent Osiris et Isis, Seth et Nephtys, les huit grandes divinités qui, avec leur chef Rê, ou plus exactement Rê Atoum, puisque ces deux dieux furent identifiés l'un avec l'autre, formèrent la grande Ennéade divine d'Héliopolis. Rê tira de lui-même, et sans union avec un être féminin, le premier couple divin et ce n'est que très postérieurement qu'on lui donna comme épouse Raït, qui n'est autre chose que le nom du dieu féminisé, ou encore Jousas, Eous-os, Ouert-Hekeou, « la grande des sortilèges ».

Quant aux hommes et à toutes les autres créatures, on les disait sortis des larmes de Rê, en faisant un jeu de mots sur « larmes » et « hommes », qui assonent ensemble, en égyptien.

❖ Iconographie

Il était d'habitude dépeint dans la forme humaine avec une tête de faucon, couronnée avec le disque de soleil encerclé par l'uraeus (une représentation stylisée du cobra sacré). Le soleil lui-même était considéré pour être ou bien son corps ou bien son œil.

Rê et Harthor
Rê Horakty au temple de Seti 1er
Rê Tombe privée 18e dynastie

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