Le Grenier de Clio : Mythologie romaine.

Rome

Capitale du monde antique, gardienne de la civilisation, résumé de toutes les connaissances péniblement acquises par l'humanité, capitale du monde chrétien, Rome englobe tant d'histoire, tant de gloires, tant de monuments de tous les âges, qu'il est impossible de les énumérer. Sa topographie peut aider néanmoins à mettre quelque ordre dans son prodigieux amoncellement.

Topographie

Pendant deux millénaires, les historiens ont répété la même histoire : une ville fondée par Romulus et Remus, jumeaux fils d’une vestale et allaités par une louve ; une lointaine origine troyenne par Énée, venu en Italie après la ruine de Troie. La conviction des auteurs n’était pas absolue. Déjà Tite-Live avouait que certains récits ne lui paraissaient être que des racontars. Il fallut attendre le XXe siècle pour repousser résolument ces légendes, puis pour revenir sur cette position et reconnaître qu’elles n’étaient pas entièrement dénuées de fondements. La ville, fondée selon la légende par Romulus ne comprenait que la colline du Palatin. Orientée selon le rite étrusque, la Roma quadrata avait la forme d'un rectangle.

Par Roma quadrata la tradition désignait l'enceinte sacrée que Romulus aurait tracée avec sa charrue, sur le Germai (ouest du Palatin), en fondant Rome selon le rite étrusque. Mais les historiens modernes, qui n'admettent plus la légende de la fondation de Rome par Romulus, se demandent si, en réalité, cette expression ne ferait pas allusion à l'enceinte carrée qui a pu protéger la « bouche des Enfers » (mundus), creusée par les premiers colons latins sur le Palatin et dans laquelle ils auraient enfoui des mottes de terre apportées de leur patrie, selon un rite archaïque de prise de possession de la terre. D'autre part, on peut également imaginer que Roma quadrata signifie « Rome quadrillée » : cette expression seraitalors le souvenir de la fondation de Rome par les rois étrusques, selon leurs propres rites, conservés d'ailleurs par les Romains : le decumanus correspondait à la rue qui s'est appelée plus tard la Sacra via et le cardo au vicus Tuscus et à l'Argilète. Peut-être enfin cette expression désigne-t-elle la division de Rome en 4 tribus.

Deux lignes d'enceinte la limitaient : le pomoerium, frontière religieuse de la cité, contournait le pied du Palatin ; le mur de défense, plus restreint, en gros blocs de tuf, le suivait à mi-côte. Trois portes y donnaient accès : la porte Romana, vers le fleuve, la porte Mugonia, vers la campagne, et une troisième dont on ignore le nom et l'emplacement.
A l'époque impériale on conservait quelques vestiges de la Rome primitive : autel élevé au-dessus du mundus, cabane de Faustulus, grotte du Lupercal. Il ne reste que des fragmenta du mur de fortification, les soubassements de deux édifices quadrangulaires, et des tombes.
A la Roma quadrata succéda la Rome du Septimontum, ainsi nommée du nombre des collines qui la composaient. Un nouveau mur de défense embrassa les sept collines. Il n'a pas laissé de traces. Puis la Rome des quatre régions dura bien plus longtemps, du règne légendaire de Servius Tullius au principat d'Auguste, et il en existe encore des ruines. Le pomoerium fut reculé, embrassant les quatre régions entre lesquelles ce vaste territoire était partagé. Chacune portait le nom de l'un des anciens centres habités : Suburrane, Esquiline, Colline, Palatine. Le mur de défense, dit « de Servius », probablement d'époque républicaine, dont il subsiste d'imposants vestiges, embrassa en outre le Capitole, l'Aventin, le Vélabre, une partie du Forum, du Quirinal, de l'Esquilin. On attribuait à l'époque royale divers monuments dont la plupart sont en réalité moins âgés : à Ancus Martius le pont Sublicius, aux Tarquins le temple du Capitole, dédié à la triade protectrice de la cité : Jupiter, Junon, Minerve, le grand cirque et la Cloaca maxima, égout collecteur. De bonne heure, le Forum devint le centre de la vie politique et religieuse.
La ville eut beaucoup à souffrir de l'invasion gauloise, en 390 av. notre ère. Elle fut reconstruite hâtivement, et sans plan d'ensemble. Plus tard, l'afflux des richesses, la pénétration de l'hellénisme, introduisirent à Rome le goût du luxe et le sens de la beauté.
Monuments publics et maisons particulières, sous la main d'architectes et d'artistes étrangers prennent une magnificence inconnue des vieux Romains.

Plan général de Rome

A la fin de la République, Rome, sans avoir atteint le degré de splendeur où elle parvint plus tard, présente vraiment l'aspect d'une grande capitale. Chacun de ses quartiers a sa physionomie propre. Le Palatin, berceau de Rome, est le centre religieux et aristocratique. A côté de vénérables monuments du passé se dressent les temples de Jupiter Vainqueur, de la Victoire, de Cybèle. Sur les contours de la colline s'étalent les riches demeures d'illustres personnages. Au Forum convergent de plus en plus toutes les affaires politiques et civiles de la cité. Les temples de Saturne, où est déposé le trésor public, de Castor et Pollux, de la Concorde, etc., la maison des Vestales l'entourent. Le tabularium, où l'on garde au Capitole les archives publiques, le domine. Le premier arc de triomphe a été bâti en 191 par Q. Fabius, vainqueur des Allobroges.
Sur les côtés s'élèvent, à partir du IIe siècle, des basiliques (Porcia, Aemilia, Sempronia, Opimia), où l'on rend la justice. Le Forum est aussi un marché, mais pour les objets de luxe ; d'autres marchés sont consacrés chacun à son commerce spécial : légumes, bestiaux, etc.
Sur le Capitole, de nombreux temples voisinent avec celui de la triade capitoline, entre autres celui de Juno Moneta où l'on frappe la monnaie. La citadelle s'y dresse.
Le Quirinal, où s'étaient établis les Sabins, renferme quelques temples, ceux de Quirinus, de Semo Sancus, ancienne divinité sabine ; mais, ainsi que le Viminal qui lui fait suite, il est surtout couvert de maisons et de riches villas. La partie de l'Esquilin hors du pomoerium a été convertie en jardins et en cimetières. L'Aventin est le centre de résidence de la plèbe, groupée autour du temple de Cérès, où les édiles plébéiens avaient leurs archives. Hors du mur de Servius, la plaine du champ de Mars sert aux exercices militaires et aux réunions de citoyens pour la levée des légions ; il est l'asile des divinités étrangères, exclues du pomcerium, renferme des lieux de spectacle et de promenade (théâtre et portique de Pompée, cirque Flaminius). L'île Tibérine contient le temple d'Esculape. Quatre aqueducs amènent à la ville une eau abondante. Rome a deux ports, l'un militaire, le Navalia, avec des arsenaux, l'autre de commerce, l'Emporium, avec les entrepôts, au pied de l'Aventin.

Le règne d'Auguste marque une époque décisive dans l'histoire de la topographie de Rome. Le pomoerium avait été reculé jusqu'au mur de Servius. Auguste partagea la ville en quatorze régions et en deux cent soixante-cinq quartiers. Le chiffre de la population de Rome parait avoir varié alors de huit cent mille à deux millions d'habitants.
Auguste restaura beaucoup de temples et de monuments publics, en fit élever d'autres, et invita les principaux personnages de l'Etat à contribuer aux embellissements de la ville. Le temple de César divinisé fut ajouté aux rostres nouveaux que le dictateur avait établis, et la basilique Julia, commencée par lui, en regard de la basilique Emilienne, fut achevée. César avait créé, au nord du Capitole, un nouveau forum avec un temple de Vénus Genitrix. Auguste l'acheva et créa, lui aussi, son forum, avec un temple à Mars Ultor. Le Palatin devint la résidence impériale. Près de la maison d'Auguste, on voyait un temple d'Apollon avec un portique et une bibliothèque, et un temple de Vesta. Le champ de Mars se couvrit d'édifices magnifiques : théâtre de Marcellus, portique d'Octavie, Panthéon et thermes d'Agrippa, temple d'Isis et de Sérapis, autel de la Paix, mausolée d'Auguste et de sa famille.
Pendant les trois premiers siècles de l'Empire, Rome continua à s'enrichir de monuments. Plusieurs incendies, dont les plus terribles furent ceux de 64, de 80, de 191, de 283, sous Néron, Titus, Commode et Macrin, dévastèrent la ville et entraînèrent de coûteuses reconstructions. La fameuse Maison d'Or de Néron ne lui survécut pas. Tibère, Caligula, les Flaviens, élevèrent des palais sur le Palatin. Au Forum, il faut mentionner les arcs de Titus et de Septime-Sévère, les temples de Vespasien, d'Antonin et Faustine, de Vénus et Rome. Les forums de Vespasien et de Numa firent suite à celui d'Auguste, ainsi que celui de Trajan avec sa basilique, sa bibliothèque, et sa célèbre colonne. L'immense Amphithéâtre flavien ou Colisée, bâti par Vespasien, le cirque de Néron, le mausolée d'Hadrien (château Saint-Ange), les thermes de Caracalla, de Titus, de Dioclétien, étaient aussi parmi les édifices les plus importants de l'époque impériale.
En 271, sous la menace des invasions barbares, Aurélien entoura la ville d'une muraille de près de 19 km ouvrage solide et d'une valeur militaire incontestable, qui subsiste en grande partie.