Le Grenier de Clio : Mythologie romaine.

Pyrrhus

Pyrrhos ou en latin Pyrrhus (vers 318, mort à Argos 272 avant notre ère), roi d'Epire (295-272), de la dynastie des Molosses.

Son père et prédécesseur au pouvoir, Eacidas, avait été chassé de son trône par Cassandre (v.354-297), futur roi de Macédoine, alors que le jeune Pyrrhus n'avait que deux ans.

Pyrrhus sauvé
Pyrrhus sauvé de N. POUSSIN (1634)
© Musée du Louvre

Celui-ci fut élevé à la cour d'un roi illyrien, Glaucias. Il devait hériter de l'Epire après que Démétrios Poliorcète se fut emparé de la Macédoine (306-287). Il avait accompagné celui-ci dans ses campagnes et lui avait servi d'otage auprès de Ptolémée Sôtêr (305-283), maître de l'Egypte, ce qui lui donna l'occasion d'épouser Antigone, fille de la reine Bérénice. Revenu dans son royaume vers 297, il dut partager le pouvoir avec Néoptolème, qu'il parvint à évincer en 295.
Chef militaire, il était l'idole de ses soldats; il avait un talent exceptionnel en stratégie — la seule chose d'ailleurs pour laquelle il se passionnait —, rêvait peut-être d'imiter Alexandre le Grand et sûrement de courir le monde à la recherche d'aventures guerrières. Il se prétendait d'ailleurs être un descendant d'Achille et un parent d'Alexandre.
Au demeurant, il était desservi par son médiocre sens des réalités politiques.
Il eut d'abord des visées sur la Macédoine, qu'il disputa à Démétrios Poliorcète. Après revers et succès, il réussit à recupèrer l'Epire envahie, puis, grâce à une vaste coalition contre Démétrios, à posséder un moment une partie de la Macédoine (v. 287).

Les progrès de Rome devaient lui donner bientôt une nouvelle occasion de guerroyer. Les habitants de Tarente firent appel à son génie militaire pour les sauver de la menace romaine. Rêvant aussitôt de conquérir l'Orient, et en dépit des réserves de son conseiller, le rhéteur et diplomate thessalien Kineas (mort  vers 277), il partit après avoir rassemblé une forte armée, en provenance de toutes les monarchies hellénistiques, trop heureuses de le voir s'éloigner (281).

Eléphant
Eléphant de guerre

Il disposait même d'éléphants. Tarente se déchargeait du souci de la guerre, mais se livrait à lui : il ne tarda pas à se rendre odieux, fermant les lieux de plaisir, cherchant à enrôler tout le monde. Aux Romains, il proposa son arbitrage, peut-être par feinte, mais en vain. A la bataille d'Héraclée (280), les Romains, épouvantés par les éléphants chargés de tours pleines d'archers, cédèrent après de furieux combats. Pyrrhus resta maître du terrain au prix de pertes énormes. Il se serait écrié « Encore une autre victoire comme celle-là et je rentrerais seul en Épire ! » C'est pourquoi qu'on prit l'habitude d'appeler «une victoire à la Pyrrhus » une victoire qui coute très cher. Il marcha aussitôt sur Rome, qu'il dut apercevoir, mais contre laquelle il ne put rien entreprendre, les peuples d'Italie ne faisant pas défection. Des pourparlers de paix échouèrent, et une nouvelle bataille fut livrée en 279 à Ausculum (aujourd'hui Ascoli Satriano), en Apulie. Les Romains s'étaient équipés de chars armés de faux pour la lutte contre les éléphants. Le combat fut indécis, et Pyrrhus se désintéressa dès lors de cette guerre : les Siciliens, à leur tour, faisaient appel à lui contre les Carthaginois (278).
Après de rapides succès, Pyrrhus s'enlisa dans cette affaire; les Grecs, lassés de payer tribut, se révoltèrent contre lui, et Pyrrhus quitta la Sicile comme un fugitif (v. 275). Sa condition avait désormais changé : il avait perdu la plupart de ses soldats épirotes et il apparaissait comme un aventurier à la tête d'une troupe de mercenaires. Pour payer ceux-ci, il pilla le trésor de Perséphone, à Locres. Le butin, chargé sur des navires, y fut ramené par une tempête : le roi, effrayé de ce présage, craignit dès lors la vengeance divine.
Reprenant la guerre contre Rome, il fut battu à Maleventum en 275 (que les Romains auraient rebaptisé alors Beneventum [Bénévent] en souvenir de l'événement). Les éléphants, habilement attaqués par ses adversaires, s'étaient retournés contre ses propres troupes. Pyrrhus ne tarda pas à se retirer d'Italie. Cherchant encore de quoi payer ses soldats, il se dirigea vers la Macédoine et se fit proclamer roi en 274 à la place de son adversaire, Antigonos Gonatas.
Puis il vint en Grèce au secours d'un roi de Sparte détrôné, Kleonymos : les Spartiates résistèrent brillamment. Passé à Argos, Pyrrhus se trouva face à face avec Antigonos : au cours d'un combat de rues, il fut tué par une tuile lancée d'un toit par une femme.