Le Grenier de Clio : Mythologie nordique.

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Les religions nordiques ont survécu au cours du Moyen Age. Le Danemark, la Norvège, la Suède et l'Islande ont en effet résisté à l'extension du christianisme jusqu'aux Xe et XIe siècles.


Prophétesses

L'Ásatrú (qui signifie littéralement « loyauté aux Æsir », en islandais) est une religion polythéiste basée sur la mythologie nordique qui comporte deux familles de dieux, les Ases et les Vanirs. C'était la religion dominante en Europe du nord avant la conversion des tribus germaniques et scandinaves au christianisme.

La littérature nordique contient certaines indications au sujet de ces religions, mais elle a été rédigée durant la période chrétienne et n'est donc pas très fiable.
Parmi les nombreuses divinités germaniques, trois grandes figures se détachent :
Wotan ou Wodan — Odin en norrois —, dieu de la Guerre;
Tiuz ou Tiwar — Tyr en norrois —, dieu du Droit;
et Thor ou Donar, dieu du Tonnerre.
Ces trois divinités ont donné leur nom aux noms des jours anglais : Wednesday, Tuesday et Thursday, et allemands : Dienstag et Donnerstag.

Tyr est le moins connu des trois. Odin et Thor, de la famille des Ases, dieux souverains de la cité céleste d'Asgard, vainquirent les Vanes, autre famille de dieux de la Fertilité, dont Freyr et son alter ego féminin Freyja sont les figures dominantes. Par la suite, ils se réconcilièrent avec eux.

Les Germains choisissaient la divinité la plus susceptible de les servir. Le plus populaire des dieux chez les guerriers était Thor. Ses walkyries emmenaient les héros morts au Walhalla. Dans la mythologie germanique, les dieux finis-sent par périr lors du grand combat de Ragnarök; après leur trépas, l'arbre de vie — Yggdrasil — doit renaître, et le monde avec lui.

❖ Culte

Voyage sacré de la déesse par E. DOEPLER

Le culte des dieux nordiques prenait différentes formes. D'immenses statues de Thor, Odin et Freyr se trouvaient dans le splendide temple d'Uppsala en Suède, où l'on pratiquait des sacrifices humains. En d'autres temples moins somptueux, les prêtres sacrifiaient des animaux, surtout à Thor et Freyr. Le culte pratiqué par le peuple était moins spectaculaire. On portait des offrandes sacrificielles aux bosquets, roches et pierres réputés abriter un dieu local. Il s'agissait le plus souvent d'aliments. On érigeait en plein air de simples empilements de pierres pour ces sacrifices.

Certains temples, très sobres, pouvaient être construits spécialement, à moins que l'on ne choisisse des lieux naturels sacrés comme Helgafel, la montagne sacrée à l'ouest de l'Islande. Thorolf, serviteur dévoué de Thor, tenait cette montagne pour si sacrée que nul ne devait lever les yeux vers elle sans s'être lavé et qu'aucune créature vivante ne devait y être blessée.
Thorolf suivit aussi la coutume qui consistait à jeter par-dessus bord les piliers de bois de son siège de vigie lorsque son bateau approchait l'Islande pour permettre à Thor de les guider vers le lieu où s'installer. Aux yeux de Thorolf, le site ainsi choisi par Thor était si sacré que nul ne devait le profaner, que ce soit en versant le sang ou par ses excréments.

Tacite raconte le culte offert à la déesse Nerthus.

Ces peuples, pris séparément, n'offrent rien de remarquable : un usage commun à tous, c'est l'adoration de Ertha, c'est-à-dire la Terre Mère. Ils croient qu'elle intervient dans les affaires des hommes, et qu'elle se promène quelquefois au milieu des nations. Dans une île de l'Océan est un bois consacré, et, dans ce bois, un char couvert, dédié à la déesse. Le prêtre seul a le droit d'y toucher ; il connaît le moment où la déesse est présente dans ce sanctuaire ; elle part traînée par des génisses, et il la suit avec une profonde vénération. Ce sont alors des jours d'allégresse ; c'est une fête pour tous les lieux qu'elle daigne visiter et honorer de sa présence. Les guerres sont suspendues ; on ne prend point les armes ; tout fer est soigneusement enfermé. Ce temps est le seul où ces barbares connaissent, le seul où ils aiment la paix et le repos ; il dure jusqu'à ce que, la déesse étant rassasiée du commerce des mortels, le même prêtre la rende à son temple. Alors le char,et les voiles qui le couvrent, et, si on les en croit, la divinité elle même, sont baignés dans un lac solitaire. Des esclaves s'acquittent de cet office, et aussitôt après le lac les engloutit. De là une religieuse terreur et une sainte ignorance sur cet objet mystérieux qu'on ne peut voir sans périr. (TACITE, De situ ac populis Germaniae chap. 40)