Le Grenier de Clio : Légendes médiévales.

Guillaume Tell

Guillaume Tell, héros légendaire de l'indépendance helvétique demeure pour tous les Suisses le héros national par excellence et la personnification des luttes pour la liberté et l'indépendance.

Tell
Salut au chapeau

D'après la légende, au XIVe siècle l'empereur Albrecht aurait tenté de priver des libertés les habitants des trois vallées d'Uri, de Schwyz et d'Unterwald.

A cette époque, la Suisse dépendait encore du Saint Empire romain germanique. Les baillis (gouverneurs) qui étaient envoyés dans les cantons suisses pour représenter l'autorité de l'Autriche, étaient de véritables tyrans. A Uri, le bailli, Herman Gessler, n'était pas connu pour sa compréhension et sa grande mansuétude. Déjà, des habitants Walter Fürst d'Uri, Werner Staufacher de Schwyz, Arnold Melchthal d'Unterwald et dix amis de chacun, réunis au Rütli, jurèrent de rendre la liberté à leur pays. C'est alors que Gessler décida de vérifier la loyauté de son peuple. Sur la place publique d'Altdorf, il fit hisser son chapeau au bout d'une perche et exigea que chacun saluât à chaque passage son couvre-chef aux couleurs de l'Autriche.

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Le défi

Personne n'osa braver l'ordre du bailli, sauf Guillaume Tell qui passait pour le meilleur arbalétrier du canton et qui refusa de saluer l'emblème. Il fut arrêté et conduit devant Gessler qui décida de ne pas le mettre immédiatement en prison mais de lui lancer un défi. Il ordonna que Guillaume place Walter, son fils, au pied d'un arbre, une pomme sur la tête, fit reculer le père de 100 pas et lui demanda de prouver qu'il était bien le meilleur arbalétrier du canton en transperçant la pomme. Dans un premier temps Guillaume refusa de s'exécuter mais fut finalement contraint d'obéir.

Guillaume tira et transperça la pomme, mais il avait gardé en réserve un second carreau, qu'il avait réservé à Gessler au cas où son fils fut tué. Lorsque Gessler entendit de la bouche de Guillaume à quoi aurait servi le second carreau, il se mit dans une épouvantable colère et ordonna que le père et le fils soient enfermés dans la forteresse de Küssnach. Mais il fallait traverser le lac pour s'y rendre. Gessler, accompagné de son escorte, embarquèrent à Flüelen pour Küssnacht.

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Le saut de Tell

Durant la traversée un orage éclata, il fut si violent que les bateliers implorèrent l'aide Tell et Gessler ordonna qu'on détacha Guillaume pour qu'il aide à manœuvrer la barque; il lui promit même, s'ils arrivaient à bon port, de les libérer, lui et son fils. Guillaume réussit à faire accoster la barque, mais il prit son fils et sauta sur le rivage en repoussant la barque vers le large.

Aujourd'hui encore ce lieu est nommé le « saut de Tell ». Un peu plus tard Tell tendit une embuscade au bailli Gessler sur la route de Küssnach et le tua du carreau dont il n'avait pas eu besoin à Altdorf. La nouvelle de l´action héroïque de Guillaume Tell se répand vite dans les Waldstätten. L´exploit de Tell confirma les habitants dans leur volonté ferme d´acquérir l´indépendance et la liberté. Pour certains, cet acte de rébellion mena à la création de la confédération suisse de 1291.
Tell périt plus tard dans les flots de la rivière Schaechen en sauvant un enfant qui était tombé dans ces eaux.

❖ Sources

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Droit au coeur

La légende de Guillaume Tell et de ses exploits semblent avoir été transposés d'anciennes légendes pas du tout suisses. Dans un texte, écrit au XIIe siècle par le moine Saxo Grammaticus, intitulé Gesta Danorum (Geste des Danois), on y trouve en effet les aventures d'un arbalétrier du nom de Tolke qui fut mit en demeure de devoir transpercer une pomme juchée sur la tête de son fils.
De nombreux textes mettent Guillaume Tell à toutes les sauces. L'apogée est bien sûr, le chef d'œuvre de Schiller, qu'il fait représenter en 1804 et l'opéra de Rossini créé à Paris en 1829.