Effet de réseau: Journal d'un AssaSynth, T5 Tout bien considéré, cette première mission en tant que responsable sécurité, où je n'avais eu ni à jouer les humains ni à feindre l'existence d'un superviseur, aurait pu beaucoup plus mal tourner. Tout le monde rentrait en vie, avec les prélèvements d'échantillons et les relevés de scan requis. Le planning initial prévoyait encore six jours planétaires sur place, mais, puisque nous avions terminé plus tôt, Arada avait avancé notre départ de trois jours. Il en résultait que les préparatifs de décollage avaient été en grande partie bouclés.

On avait eu de la chance, et je déteste la chance. Debout au milieu de la coursive d'accès, j'ai paramétré mes drones : quatre resteraient avec moi pendant que les autres basculeraient en veille aux quatre coins du vaisseau. Ensuite, j'ai vérifié qu'aucune alerte n'était apparue sur le réseau local. Ceux de l'équipe quiA n'étaient pas occupés à nous faire quitter l'atmosphère se hurlaient dessus sur le comm. Arada est alors apparue dans le couloir. Elle ne portait plus son arme - qu'une rapide vérification de sécurité m'a montrée déchargée et sécurisée dans son casier de rangement. « SecUnit, il faut que tu ailles à l'infirmerie ! »

J'ai de nouveau relevé le canal des alertes : toujours rien. « Que s'est-il passé ? Quelqu'un est blessé ?
— Toi. On t'a tiré dessus. »
Oh, ça… Arada m'a fait signe de la suivre jusqu'à la coursive principale. Un trou traversait ma veste et le T-shirt au-dessous ; j'y ai glissé un doigt en remontant d'un chouïa la sensibilité de mes nocicepteurs. Les projectiles étaient encore là. (Parfois, ils ressortent d'eux-mêmes.) Le petit compartiment de l'infirmerie se trouvait au bout du couloir, au même niveau que la salle commune et le mess. Les deux ponts inférieurs rassemblaient les quartiers de l'équipage, les laboratoires et les réserves de stockage, tandis que la salle de contrôle occupait le pont supérieur. Ratthi nous attendait près du MedSystem : « Est-ce que ça va ? a-t-il demandé. Tu ferais mieux de t'allonger. »

Autant en finir au plus vite. « Non, je vais bien. Donnez-moi simplement l'extracteur.
— Non, non, tu as été en contact avec l'eau, tu as besoin d'une décontam et d'un flash antibiotique. Je veux que tu t'installes dès que le système est prêt. » On m'a désigné d'un geste insistant l'étroite couchette avant de prélever une trousse de premiers secours sur une étagère. « Hormis quelques égratignures au cou, Thiago va bien », a-t-il poursuivi.
Le kit médical à la main, il est sorti. Les vociférations sur le comm s'étaient calmées, même si j'entendais encore de la tension dans les voix en provenance de la salle de repos. Les bases mobiles affrétées, comme celle-ci, par Préservation n'étaient pas équipées de SecSystems qui enregistraient tout ni de caméras dans les coins, et ce pour des raisons de respect de la vie privée patati patata.