Le Grenier de Clio : Mythologie romaine.

Horace

Horace, tragédie de Corneille en cinq actes et en vers, a été représentée au début de 1640 à l'Hôtel de Bourgogne, et publiée en 1641. Le sujet en est emprunté au récit de Tite-Live (I, 23-26).

Il avait déjà été porté sur la scène par l'Arétin dans son Orazia (1546), par Pierre de Laudun d'Aigaliers dans son Horace Trigemine, et par Lope de Vega dans el honrado hermano (1622).

Serment des Horaces
David 1784
© Musée du Louvre

Rome et Albe sont en guerre : Sabine, sœur de Curiace et épouse d'Horace, et Camille, soeur d'Horace et fiancée de Curiace, déplorent cette lutte qui sépare leurs deux familles. La nouvelle que les deux villes remettront leur sort chacune entre les mains de trois guerriers fait espérer une prompte paix. Mais on apprend successivement que Rome a choisi Horace et ses frères, et Albe Curiace et ses frères. Horace et Curiace feront tous deux leur devoir. Julie vient faire le récit du combat, dont elle n'a vu qu'une partie ; elle raconte que les deux frères d'Horace ont été tués, et que lui-même est en fuite devant les trois Curiace. Le vieil Horace maudit la lâcheté de-son fils, et répond à Julie par la parole fameuse :
— Que vouliez-vous qu'il fit contre trois?
— Qu'il mourût,

Mais Julie est mal informée : Horace n'a fui que pour séparer les Curiace et les tuer successivement. Camille exhale sa douleur, et, quand son frère revient triomphant, elle le reçoit avec de terribles imprécations contre Rome. Horace, irrité, tue sa soeur. Valère, ancien soupirant de Camille, accuse le meurtrier auprès du roi Tullus qui, après un éloquent plaidoyer du vieil Horace, pardonne au sauveur de la patrie.

On a pu reprocher à Corneille la duplicité d'action amenée par le meurtre de Camille. Cette pièce n'en est pas moins une magnifique peinture de la famille romaine et du patriotisme romain : auguste et paisible chez le vieil Horace; emporté et orgueilleux chez son fils, mais parvenu en même temps à son plus haut point d'héroïsme ; encore stoïque chez Curiace, mais tempéré d'humanité et plus accessible à l'amitié et à l'amour. Fondée sur ce contraste de caractères, Horace, surtout dans les trois premiers actes, est le type de la tragédie classique.