Perkūnas

Perkūnas ou Pērkons est le dieu de la foudre, du tonnerre et des tempêtes. En outre, le dieu du tonnerre combat les esprits nuisibles et est également un protecteur de la moralité qui persécute les injustices.

Il est représenté comme un homme d'âge moyen, armé d'une hache et de flèches, conduisant un char à deux roues attelé de chèvres, comme Thor. On lui attribue des frères, des fils et des filles, mais ils sont tous sans nom et sans fonction et ne servent apparemment que d'embellissements poétiques.

Les mains de Perkūnas (1909)
Mikalojus Konstantinas ČIURLIONIS

Perkūnas, c'est pour Théodor Narbutt, le « Jupiter tonnant » de la Lituanie païenne ; c'est « un roi des dieux, du ciel et de la terre, maître de la nature ». Une vieille chronique allemande parle d'un sanctuaire qui se trouvait dans la région de Vilna et était consacré à « Perkūnas, nom qui, en lituanien, veut dire « coup de tonnerre ». C'était, ajoute ladite chronique, un véritable Zeus lituanien ». La même chronique affirme que Perkūnas était connu, dans diverses provinces et chez diverses tribus, sous quelques autres dénominations. Les Lettons lui appliquaient l'épithète « Debbes bungo tais », « celui qui bat le tambour dans les cieux ». Ils l'appelaient aussi Wezzajs ou Wezzajs Tehws, c'est-à-dire « Vieux » ou « Vieux Père ». Lorsqu'il tonne, les paysans disent : « C'est le Vieux qui murmure ! » ou : « C'est le Vieux qui est toujours là. »

Les chansons mythologiques où figure Perkūnas sont particulièrement nombreuses dans le folklore letto-lituanien. Perkūnas y est représenté comme dieu du tonnerre et de l'orage, et aussi comme « forgeron céleste ». Il porte tantôt les traits d'un Jupiter, tantôt ceux d'un Vulcain : Un forgeron forgeait dans le ciel. Des braises tombaient dans un grand fleuve. Il forgeait des éperons pour le fils du Soleil. Pour la fille du Soleil il forgeait un anneau Dans une autre chanson on trouve l'appel suivant : « Perkunas, jette ta foudre dans la source ! Jette ta foudre là, jusqu'au fond de l'eau ! Hier soir s'est noyée la fille du Soleil, En lavant...»

M. Klimas, en soulignant le caractère paisible et rustique du paganisme lituanien, dit : « Même la « divinité la plus terrible », Perkunas, n'apparaissait pas aux Lituaniens comme quelque chose de terrible ni de lointain, si on pouvait s'adresser à lui avec les paroles suivantes : « Perkūnas, petit dieu ! ne bats pas le diable sur mon champ, je te donnerai toute une moitié du porc salé ! »

Les mains de Perkūnas (1909)
Mikalojus Konstantinas ČIURLIONIS

Généralement, dans le folklore letto-lituanien, Perkūnas est représenté comme une divinité puissante à laquelle le Soleil, la Lune et tous les astres célestes doivent obéir. C'est une sorte de justicier suprême dont la colère est à craindre, car il peut abattre et scinder en deux un « chêne d'or » lorsqu'il se fâche.

Par contre, M. A. Mierzinski nie que Perkūnas ait été supérieur à d'autres divinités. « En effet, dit-il, dans toutes les parties de la Lituanie existaient certaines divinités, communes à tous les Lituaniens, comme le Soleil, la Lune, les Étoiles, les Tonnerres, la Terre, et, en premier lieu, le Feu ; mais toutes ces divinités étaient vis-à-vis les unes des autres sur un pied d'égalité. Parmi les divinités lituaniennes, nous ne distinguons même pas l'idée d'un dieu suprême gouvernant les autres. L'opinion suivant laquelle Perkūnas aurait été à la tête des autres divinités est, d'après moi, erronée. Il est resté plus longtemps dans la mémoire du peuple, tout simplement parce que Perkunas, même après la conversion de la Lituanie au christianisme, continuait à tonner et à effrayer les Lituaniens.»

Sources : Mythes & Mythologie de Felix Guirand et Joël Schmidt

Théodor NARBUTT : L'historien polono-lituanien il a écrit l'ouvrage en dix volumes intitulé Histoire de la nation lituanienne entre 1835 et 1841. Le premier volume contenait une description de la mythologie lituanienne. Cependant, les historiens modernes ont accusé Narbutt de falsifier des faits historiques et de rapporter des spéculations. Ainsi, certains dieux mentionnés uniquement par Narbutt et inconnus d’autres sources sont généralement traités comme des inventions de l’auteur.

Petras KLIMAS La vieille Lituanie, 1921

Anton MIERZINSKI Etude sur Krivé Travaux du IXe congrès archéologique à Wilma, 1893