Moine

Le moine [The Monk] est un roman de l'écrivain anglais Matthew Gregory LEWIS (1776- 1818), publié en 1796.

moine

Dans cette œuvre de jeunesse, Lewis continuait à sa façon le 'roman noir' de Mrs. Radcliffe. Le moine, auquel fait allusion le titre, répond au nom d'Ambrosio; prieur des Capucins de Madrid, Il est tenté par une femme dissolue, Mathilde de Villanegas, qui a réussi à pénétrer dans le couvent déguisé en jeune garçon. Ambrosio devient ensuite l'amant d'une de ses pénitentes. qu'il parvient il faire céder à l'aide de moyens compliqués et absurdes, comme la magie, ou plus pratiques, comme le crime. Pour ne pas être découvert, Ambrosio tue sa maîtresse ; mais il est accusé, torturé par les inquisiteurs, jugé et condamné à mort. Il fait alors un pacte avec le diable pour échapper au châtiment, mais le diable le trahit et, l'enlevant de sa prison, le précipite du haut des airs.

Ce roman est un curieux mélange de crimes, de satanisme et d'obscénités: Il ne fut jamais réédité dans sa version Intégrale, sinon sous le manteau.

Lewis s'inspira des "romans noirs " alors en vogue. mais aussi (il avait effectué des séjours en Allemagne) des poèmes de Bürger, des drames de Schiller et du roman de Heinse, "Ardinghello et les îles bienheureuses" de 1786. Malgré le succès que le livre rencontra à l'époque, il fut désapprouvé par plusieurs écrivains. entre autres Byron. Ses étrangetés n'empêchent nullement certaines scènes d'atteindre à la puissance et l'auteur use souvent avec maîtrise de la mystification. A l'instar de Radcliffe, Lewis inséra des poèmes dans son roman, comme la ballade la plus connue "Le preux Alonzo et la belle Imogine".

Les côtés morbides du roman qui associe la terreur pure et l'horreur physique, la sensualité enfin dont il est empreint n'étaient pas pour déplaire à l'époque où le romantisme était sur son déclin.
Lewis eut de nombreux imitateurs et disciples ; parmi les plus connus. mentionnons: Robert Maturin, avec son Melmoth ou L'homme errant) et Marie Shelley avec Frankenstein.

C'était un guerrier si hardi, c'était une vierge si brillante,
Qui causaient assis sur le gazon;
Ils se regardaient l'un l'autre dans une tendre extase.
Alonzo le brave était le nom du chevalier;
Celui de la jeune fille était la belle Imogine...

Il s' en fut en Palestine, le héros si hardi;
son amante, elle le pleura bien fort;
mais à peine douze mois s'étaient écoulés
que voici qu'un baron tout couvert d'or et de pierreries
arriva à la porte de la belle Imogine...

Et tout en buvant dans des crânes fraîchement enlevés de la tombe,
on voit les spectres danser autour d'eux.
Leur liqueur est du sang, et ils hurlent ces paroles affreuses :
« A la santé d'Alonzo le brave et de son épouse, la perfide Imogine ! »