Plus tard, le marquis de Sade codifia, en quelque sorte, les éléments très disparates de la messe noire et lui créa un support littéraire. Dans Justine, il met en scène des moines libertins qui parodient le Saint Sacrifice en assouvissant leur luxure sur la jeune Florette (déguisée en Vierge Marie). Juliette ne consent, par ailleurs, à se livrer au pape, qu'après la célébration d'une messe noire sur l'autel de Saint-Pierre.
Survivance du folklore pré-chrétien ou création moderne pour servir un Antéchrist, la messe noire n'apparaît en pleine lumière que lorsque la sorcellerie n'a plus guère de crédit. Elle n'est donc point l'héritière directe du sabbat. On trouve encore de nos jours des traces de ces aberrations sacrilèges (on murmure qu'il s'en pratiquerait actuellement en France). Et, le 9 décembre 1963, le correspondant londonien du Figaro consacrait un article à la découverte d'une nouvelle affaire de sorcellerie dans le Sussex, sous le titre : Un révérend septuagénaire molesté par les hommes du Diable. La sorcellerie est de nouveau à l'ordre du jour Outre-Manche. La police du Sussex est, en effet, occupée à chasser quatre individus surpris alors qu'ils célébraient une messe noire dans la vieille église du village de Westham, qui date du XIIe siècle.
Le carillonneur, M. Burstead, se dirigeait hier soir vers l'église où il devait rencontrer quelques confrères des environs invités à un de ces « concours » très recherchés dans la campagne anglaise, lorsqu'il s'aperçut qu'il y avait une lumière dans le beffroi et, s'approchant, il vit quatre individus récitant leurs litanies païennes et invoquant le Diable à la lumière des cierges de l'autel, arrangés en forme de croix au milieu du plancher du sanctuaire. Il alerta immédiatement le vieux curé qui se trouvait à l'école du village, où se tenait une vente de charité pour Noël. Le révérend Colhurst, qui est âgé de 79 ans, accompagné du capitaine Hayden et de Mr. Poupre, ses marguilliers, et de plusieurs paroissiens, se rendit sur les lieux. Ainsi qu'il devait le raconter plus tard, la première chose qu'il vit en entrant fut l'un de ces profanateurs crachant sur la croix de l'autel, pendant que les autres continuaient à chantonner dans un charabia incompréhensible.
Lorsqu'il essaya de mettre fin à la mascarade, le curé fut frappé et une bataille en règle s'engagea entre ses fidèles et les hommes du Diable qui réussirent à s'échapper.
Le curé qui, en dehors du capitaine Hayden, fut le plus molesté, déclara par la suite : Je suis certain qu'ils appartiennent à la même bande que ceux qui ont profané des églises et des cimetières du Somerset, où certains avaient mis le feu aux églises et d'autres allèrent jusqu'à ouvrir une tombe.
Les incidents du Somerset ont été d'ailleurs évoqués aux Communes, où le député de la circonscription avait demandé au ministre de l'Intérieur de mettre la sorcellerie hors la loi. Mais le ministre refusa de réintroduire des lois auxquelles on avait renoncé aux cours du siècle dernier, arguant que ce serait faire un pas en arrière et que les lois en vigueur sont suffisantes pour le maintien de l'ordre.
MESSE DE SAINT SECAIRE : Messe noire d'espèce particulière longtemps pratiquée en Gascogne. Un prêtre parjure la célèbre, avec sa maîtresse pour enfant de choeur, dans une église en ruines. Elle commence à vingt-trois heures et se déroule comme la vraie messe, mais à rebours, pour se terminer à minuit. Le signe de croix s'effectue avec le pied gauche, par terre. L'hostie est noire, avec trois pointes, et le vin est remplacé par l'eau d'une fontaine où l'on a jeté un bébé mort sans baptême. Cette messe se propose d'entraîner la mort de l'ennemi, de le faire « sécher à petit feu » ou d'obliger un jeune homme à épouser celle qu'il a séduite. On estime qu'on peut combattre ses effets par une contre-messe spéciale. Il existe enfin dans la Bigorre une messe de Male-Mort, célébrée pour faire périr les usuriers au milieu d'atroces souffrances.
Sources : Le dictionnaire du diable et de la démonologie.