Le Grenier de Clio : Mythologie romaine.

Junon

Fille de Saturne, Junon est à la fois sœur et épouse de Jupiter.

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Junon dite La Providence
Second siècle
© Musée du Louvre

A l'origine, et dans la tradition romaine, Junon personnifie le cycle lunaire et figure dans la Triade d'abord honorée sur le Quirinal, puis sur le Capitole, et qui comprenait Jupiter, Junon et Minerve. Puis la déesse romaine assimilée à Héra dont elle hérita de ses légendes mais son culte fut beaucoup plus suivi.

Junon était, de façon très générale, la protectrice des femmes, et, plus particulièrement, de celles qui avaient un statut juridique reconnu dans la cité, les femmes légitimement mariées.

En ce qui concerne Junon, ses attributions diverses ressortent dans ses épithètes:
Juno Regina, associée à Jupiter et Minerve dans le grand temple du Capitole;
Juno Lucina, déesse de la lune et des enfantements, souvent assimilée à Diane;
Juno Pronuba, déesse du mariage;
Juno Voneta, déesse des bons conseils;
Juno Sospita, protectrice des femmes en gésine puis protectrice en général;
Juno Cœlestis, la Tanit ou l'Astarté de Carthage, transportée à Rome après la troisième guerre punique, etc. Chacune avait à Rome son culte spécifique.

❖ Culte

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Paon se plaignant à Junon
Gustave MOREAU
© Musée G. Moreau, Paris

Elle avait de nombreux sanctuaires, notamment, sous l'épithète de Moneta, c'est-à-dire la déesse qui avertit, ou celle qui fait souvenir, elle recevait un culte sur la Citadelle, l'Arx (le sommet Nord-Est du Capitole).

C'est à Junon Moneta que l'on attribue le salut de Rome lors de l'invasion gauloise, en 390 avant notre ère. Les oies que l'on élevait dans l'enceinte de son sanctuaire donnèrent l'alerte, et permirent à Manlius Capitolinus de sauver la Colline et de repousser à temps l'envahisseur.

Junon était honorée encore sous d'autres épithètes : sous celle de Lucina, elle préside à la naissance des enfants; en cela, elle rappelle plutôt Ilithye qui en a charge. On ne devait assister aux offrandes faites à Junon Lucina que tous noeuds déliés, car la présence d'un lien, noués dans les vêtements des assistants pouvait empêcher l'heureuse délivrance de la parturiente pour qui le sacrifice était offert.

Tandis que chaque homme avait son Genius, chaque femme avait sa Juno, véritable " double " divin qui personnifiait sa féminité et la protégeait. Les déesses elles-mêmes avaient ainsi leur Juno.

On ne lui sacrifiait pas de vaches, parce que, lors de la Gigantomachie, elle s'était cachée en Egypte sous cette forme.

❖ Légendes

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Juno sospita (IIe siècle)
© Musée du Vatican

Selon une légende romaine, Junon était jalouse du fait que Jupiter ait donné naissance à Minerve sans elle. Elle s'en plaignit à Flora qui lui indiqua une herbe qui rendit Junon enceinte sans l'intervention de Jupiter. Elle donna naissance à Mars alors qu'Arès dans la mythologie grecque est le fils des deux époux.

Junon joue un rôle dans la légende des Horaces. C'est à elle, en tant que Juno Sororia, qui veillait au passage des jeunes filles à l'état nubile et à leur initiation à leur rôle de futures mères et donc protectrice de la soeur d'Horace, que celui-ci dut offrir un sacrifice de purification après le meurtre.

❖ Filiation

Ops Saturne
JUNON
Epoux Enfants
Jupiter* Mars
Vulcain
Juventas
Lucine
une plante (Mars)

❖ Arts

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Junon de Barberini
© Musée du Vatican

D'une façon générale, le type figuré de Junon est le même que celui de la Héra grecque. Cependant, on relève quelques traits particuliers dans certaines représentations romaines. Le type de Juno Pronuba nous est connu par des bas-reliefs de sarcophages; celui de Juno Lucina, par des monnaies; celui de Juno Sospita, par une belle statue du Vatican; ceux de Juno Regina et de Juno Cælestis, par de nombreuses monnaies et plusieurs statues. Ordinairement, la Junon romaine est représentée dans une attitude pleine de majesté, sévèrement drapée, tenant le sceptre et la patère, parfois le foudre. Juno Cælestis est voilée, avec un croissant sur le front, ou des étoiles, ou une couronne de tours; quelquefois elle est montée sur une lionne, ou sur un char attelé de lions.

Les modernes ont conservé à Junon sa physionomie imposante. Un tableau d'Audrea Sacchi (Vienne) nous la montre assise sur un char tiré par deux paons. Dans un tableau de Natoire (Louvre), elle est assise sur de légers nuages, au-dessus de l'arc-en-ciel. Un tableau de Paul Véronèse (Bruxelles), qui décorait autrefois le plafond de la salle du conseil des Dix, à Venise, montre Junon versant ses trésors sur la ville de Venise. Junon se parant de la ceinture de Vénus a été peinte par A. Coypel. Parmi les autres sujets relatifs à cette déesse, nous citerons: Junon confiant à Argus la garde de Io, tableau de J. Jordaens; Junon transportant les yeux d'Argus sur la queue du paon, tableaux de Rubens (autrefois au palais Durazzo, à Gênes, et actuellement en Angleterre) et de Poussin (Berlin); Junon allaitant Hercule, tableaux du Tintoret et de Rubens.

Tableaux Héra / junon
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