La pluie avait aussi ses divinités particulières. Le kami Taka-Okami, qui réside sur les montagnes, et Kura-Okami, qui réside dans les vallées et peut faire tomber non seulement la pluie, mais aussi la neige.
Kura-okami dont une descendante fut la première impératrice humaine du Japon, est l'un des kami nés du sang de Kagu-tsuchi qui dégoutta de la garde de l'épée d'Izanagi et glissa entre les doigts de ce dernier. Puis il se serait dédoublé pour devenir Taka-okami et Kura-okami. Il est adoré au Shimo-sha du Nibu-kawakami-jinja, au Kakuru-jinja et dans des centaines de Kifunejinja, dont les plus importants sont ceux du Nishihon-machi et de Kumemachi.
Dans ses poésies, Fujiwarano-Kisaki, concubine de l'empereur Temmu, dit, en effet, qu'elle a adressé ses prières au dieu Kura-Okami pour qu'il fasse tomber des flocons de neige sur le palais impérial (Manyôshû, volume II, poésie 19).
Dans la description de la province Izumo, il est dit qu'à l'ouest du mont Kaminabi, la femme du dieu Aji-Suki-Taka-Hikone mit au monde le dieu Taki-Tsu-Hiko (prince-cascade) et lui conseilla d'ériger son temple à cet endroit. Le dieu est un rocher ; si, pendant la sécheresse, on lui adresse des prières, il envoie de la pluie.
Le cérémonial de l'époque Engi (901-922) énumère les quatre-vingt-cinq temples où, en cas de sécheresse, l'empereur envoyait ses messagers pour demander la pluie aux dieux. Mais les cultivateurs japonais ont oublié les anciens dieux et, en cas de sécheresse, ils organisent un cortège précédé par un prêtre shintoïque portant le Gohei, symbole de la divinité ; le prêtre est suivi par un paysan qui souffle dans un coquillage, puis vient un dragon fait en bambou et en paille tressée. Le cortège se termine par des paysans portant des oriflammes sur lesquels sont inscrites les prières pour faire tomber la pluie. Les paysans suivent en foule, battant du tambour et faisant du bruit. Le cortège se dirige vers un lac ou vers une rivière où l'effigie du dragon est plongée dans l'eau.