Le Grenier de Clio : Mythologie grecque.

Œnone

Fille du dieu-fleuve Cébren, Œnone, était une Nymphe du mont Ida, près de Troie, en Phrygie. Comme toutes les nymphes elle était fort belle et de plus elle avait reçu des dons appréciables.


Rhéa lui avait conféré le don de prophétie et Apollon, qui l'avait déflorée, lui avait appris l'art de soigner avec des simples.

Pâris et Oenone
Pâris et Œnone par Jacob de WIT

[140] « Le dieu de la lyre, le dieu qui fonda Troie, m'aima ; il a la dépouille de ma virginité : mais il ne la doit qu'à la violence : de mes mains je lui arrachai les cheveux, et mes doigts ont laissé sur ses joues plus d'une meurtrissure. Pour prix de mon déshonneur, je ne demandai ni des pierres précieuses ni de l'or. Il est honteux de vendre un corps libre pour des présents. Me jugeant digne d'être initiée à ses secrets, il m'enseigna l'usage des plantes médicinales, et fit servir mes mains à sa science bienfaisante.» Ovide, Héroïdes V

Alexandre (Pâris) qui avait été exposé sur le mont Ida lors de sa naissance était devenu un beau jeune homme; il gardait le troupeau de moutons de son père adoptif, le berger Agélaos, et le défendait contre les voleurs et les bêtes sauvages et c'est à cette époque qu'il fut surnommé "Alexandre" (protecteur des hommes).
Lorsqu'il vit la jolie nymphe il en tomba follement amoureux.

N'écoutant que la folle ardeur de sa jeunesse il enleva Œnone à son père et l'emmena sur l'Ida où se trouvaient sa bergerie, et la prit pour épouse. Il se montrait très affectueux à son égard, et lui jurait que jamais il ne l'abandonnerait, et qu'il l'honorerait toujours plus.

Alors elle lui expliquait que même s'il l'aimait très fort actuellement, viendrait le jour où il l'abandonnerait pour s'enfuir avec une étrangère qui serait la cause d'une effroyable guerre pendant laquelle il serait mortellement blessé.
Personne d'autre, à part elle-même, ne serait capable de le guérir.
Mais il ne l'écoutait pas et préférait lui clore la bouche d'un baiser.
Le temps passa. Ils eurent un fils du nom de Corythos.
Lors de sa participation aux jeux funestes, Pâris fut reconnu par sa famille et à partir de là les prédictions d'Œnone se réalisèrent.
Il tomba amoureux Hélène qu'il enleva et l'épousa puis il dut participer à la guerre de Troie.

Ovide fait écrire une lettre à Œnone destinée à Pâris où elle lui rappelle son amour lorsqu'il n'était qu'un simple berger et les malheurs qui l'attendent:

« Tu le peux, et je le mérite : accorde ta pitié à une jeune fille qui en est digne : je n'apporte point avec les Grecs toutes les fureurs de la guerre ; mais je suis à toi ; c'est avec toi que j'ai passé mes plus jeunes années ;» Héroïdes V

Mais Pâris resta sourd à cet amour et Œnone pleine de rancoeur retourna chez son père pour élever le fils qu'elle avait eu d'Alexandre selon Céphalon de Gergitha. D'autres auteurs donnent Corythos comme le fils de Pâris et d'Hélène.

« De l'union d'Œnone et d'Alexandre naquit un fils, Corythos. Ce dernier, devenu l'allié des Troyens, tomba amoureux d'Hélène ; elle le traitait avec beaucoup d'amour, parce qu'il était vraiment très beau. Son père, l'ayant découvert, le tua. » Ibid.

Oenone et Pâris
Pâris suppliant Œnone de le guérir par Henri Justice FORD

Puis Pâris fut blessé, exactement comme l'avait prévu Œnone, par une flèche d'Héraclès que lui décocha Philoctète, Il fut amené devant Podalirios qui se déclara incapable de soigner la blessure empoisonnée.
Alors il se souvint des paroles de sa première épouse: "tu seras blessé et je serai la seule à pouvoir te guérir."
Selon les auteurs il alla la voir sur le Mont Ida ou lui dépêcha un messager pour lui demander d'oublier le passé car il se considérait lui-même comme la victime des dieux et de le soigner.
Mais dans tous les cas la Nymphe refusa de le soigner et lui fit répondre qu'il n'avait qu'à s'adresser à Hélène.
Puis, prise de remords tardifs, elle partit pour Troie avec tous ses remèdes mais arriva trop tard pour le sauver.

Enfin elle arriva à travers la montagne à l'endroit où les Nymphes pleuraient autour du cadavre d'Alexandre. Déjà les flammes impétueuses du bûcher l'entouraient ; car les bergers rassemblés de tous côtés dans la montagne avaient amassé une grande quantité d'arbres, afin de rendre les derniers devoirs à leur compagnon et à leur prince ; et ils pleuraient amèrement alentour. En voyant le cadavre, elle ne pleura pas, quoique affligée ; mais cachant, sous ses voiles, son visage si beau, elle s'élança dans le bûcher, et, au milieu des cris de tous les bergers, elle brûla près de son époux. Ibid.

De désespoir elle se suicida. Ici aussi sa fin est différente selon les auteurs.
Pour Apollodore, elle se pendit en voyant le corps sans vie de son époux.
Pour Quintus de Smyrne elle se précipita sur le bûcher de son époux, allumé par les bergers pour honorer leur ami et leur roi.

❖ Filiation

? Cébren
OENONE
Époux Enfant
Pâris Corythos