Hâpy est le dieu qui personnifiait les inondations du Nil et les bienfaits qu'elles apportent au peuple d'Égypte.
D'après la légende il habitait dans une grotte qui se situait sous la première cataracte du Nil, près d'Éléphantine. De là, il versait le contenu de deux jarres pour faire monter le niveau des eaux du Nil.
Ces crues étaient vitales pour l'Égypte car le limon des eaux du Nil apportait la fertilité aux sols; en revanche si elles étaient trop faibles ou trop importantes elles entrainaient la famine et des dégâts.
Hâpy est présentée comme une personne intersexuée, dont la lourde poitrine est le symbole de la fécondité. C'est un homme aux formes androgynes avec un gros ventre et des seins pendants qui porte un pagne et une fausse barbe d'apparat. Son corps n'est vêtu que d'une étroite ceinture liée à la taille. Il est coiffé d'une perruque tripartite surmontée d'une botte de papyrus émergeant de l'eau ou du signe figurant les canaux d'irrigation. Il a la peau bleue ou verte, figuration de l'eau.
En Basse-Égypte, il était orné de papyrus et accompagné de grenouilles.
En Haute-Égypte, ce sont les lotus et les crocodiles qui étaient les plus présents dans le Nil.
Il peut être aussi mais très rarement, représenté comme un hippopotame.
Hâpy porte souvent une table d'offrandes chargée de vases remplis d'eau, de papyrus et de lotus symbolisant les produits de l'eau.
Il est aussi présenté sous la forme de jumeaux. L'un porte sur la tête des tiges de papyrus qui sont le symbole de la Haute-Égypte et l'autre, des nénuphars qui symbolisent la Basse-Égypte. Pour faire venir la crue en Basse-Égypte, les Égyptiens ont imaginé l'existence d'une seconde caverne d'où émergeait un double d'Hâpy qui inonde cette région.
Au mois de juillet, à peu près au moment du lever héliaque de l'étoile Sirius, les eaux du fleuve gonflent lorsqu'Hâpy sort de sa grotte. Les Égyptiens parlent alors de la "venue d'Hâpy" pour désigner l'inondation, le dieu qui leur apporte l'abondance.
Pour réveiller Hâpy et le faire sortir de sa grotte, les Égyptiens exécutent différents rituels. Au cours de ces cérémonies, ils lancent dans le Nil de la nourriture et des objets comme des effigies de femmes pour stimuler le dieu.
❖ Culte
Le culte d'Hâpy était principalement situé à la première cataracte nommée Eléphantine. Ses prêtres étaient impliqués dans des rituels religieux pour avoir une bonne inondation annuelle. C'est là que se trouvait le nilomètre officiel, un appareil de mesure de la hauteur du Nil, était soigneusement surveillé pour prédire le niveau de l'inondation et la date de sa venue.
Le texte célèbre Hâpy qui apporte l'abondance, la nourriture, céréales et poissons notamment. Il rappelle que sa venue, au début de l'été, réjouit l'ensemble du peuple.
Salut à toi, Hâpy, issu de la terre
venu pour faire vivre l'Égypte,
Dont la nature est cachée, ténèbres en plein jour,
pour qui chantent ses suivants;
Qui inonde les champs que Rê a créés
pour faire vivre tous les animaux,
Qui rassasie la montagne éloignée de l'eau
- ce qui tombe du ciel est sa rosée;
Aimé de Geb, dispensateur de Népri,
qui rend florissants les arts de Ptah !
(Strophe 1 Traduction Bernard Mathieu : 1990)
Hâpy n'est pas vénéré dans un temple particulier, mais il est présent dans tous les temples. Son image est souvent répétée sur les soubassements des murs des salles de ces monuments. Au Moyen Empire les prêtres avaient composé un grand hymne dédié au dieu auquel l'Égypte entière doit sa prospérité, mais aussi sa ruine lorsqu'il ne quitte pas sa demeure.
❖ Légendes
• Fiancée du Nil : Lors de la crue du Nil, on dressait un cône de terre qui représentait la fiancée du Nil emportée par les flots en furie. Cette tradition remonte sans doute à la préhistoire, où une jeune femme était jetée en sacrifice dans le Nil pour qu’il donne une bonne crue. Cette tradition cruelle fut abolie et un mannequin a remplacé la jeune femme. (A lire le roman, La Fiancée du Nil de Christian Jacq).
❖ Iconographie
