Textes religieux.

Si utilisation du Livre des morts est attestée vers 1600 avant notre ère jusqu’au 1er siècle de notre ère, on trouve des sources qui remontent aux débuts de la civilisation égyptienne. Sur les parois de plusieurs pyramides de l’Ancien Empire, comme celle du roi Ounas (Ve dynastie) sont couvertes de nombreuses de formules évoquant la renaissance du pharaon, qui devient à la fois Rê et Osiris dans l’au-delà.

L’expression « Livre des morts » a été utilisée pour la première fois par l’égyptologue allemand K. R. Lepsius. En 1842, il publie une première édition de ce recueil, à partir du papyrus de Iouefankh qui était considéré comme le plus complet à l'époque.

❖ Livre des morts

Au Moyen Empire, il était de coutume d'écrire sur le cercueil les textes funéraires qui étaient utiles au mort. Plus tard, depuis le début du Nouvel Empire, on déposait un papyrus pour le mort dans la tombe ou on l'insérait dans les bandelettes de la momie. Cet ensemble de formules et d'illustrations, fut appelé "Livre des Morts", et devint le document indispensable du défunt qui voulait "sortir au jour".

L'appellation « livre » prête à confusion, de même que la division en « chapitres» qui n'a été établie qu'au siècle dernier. Il s'agit, en réalité, d'un ensemble décousu de textes plus ou moins longs (6,5m de long sur 0,30 de large pour celui d'Ani) mais pourvus de titres. Il n'y a pas une suite bien établie pour la transmission des formules: les manuscrits du Livre des Morts qui nous sont parvenus ont des textes de longueurs très variables. Le papyrus d'Ani, date d'environ 1200 avant notre ère (Nouvel Empire égyptien).

Scribe
Livre des morts d'Ani (p29b)
Ani et son épouse Thuthu devant la table d'offrandes

Certaines formules ont tant de succès qu'elles appartiennent obligatoirement au répertoire d'un manuscrit, d'autres viennent s'y ajouter et forment un tel ensemble qu'elles sont perçues comme une unité. Certains textes du Livre des Morts faisaient déjà partie des anciens Textes des Cercueils même si beaucoup d'éléments avaient changé, spécialement après le Nouvel Empire. Dans ces textes, il y a certainement beaucoup de sources d'erreurs, par le fait de la copie mais une grande part des changements dans les textes, en particulier dans le Livre des Morts, était voulue. Cela répondait à de nouvelles interprétations, à une autre compréhension, à de nouvelles questions. Cela se marque aussi souvent dans les titres des formules. Parfois, une contradiction apparaît entre le nouveau titre et le contenu de la formule. Les vignettes qui accompagnent les textes et qui commentent de façon imagée le texte ou le chapitre sont une innovation de cette époque.

L'ensemble de formules du Livre des Morts révèle une vision riche et variée de l'au-delà. « Sortir au jour » est un souhait souvent formulé par le défunt. Il peut être non seulement un titre caractéristique de quelques formules du Livre des Morts, mais aussi celui utilisé pour l'ensemble. Dans un cas, ce souhait est complété par une addition: « Formule pour sortir au jour et pour vivre après la mort ». Le défunt aimerait avoir sa tombe ouverte, aimerait bouger, pouvoir remonter, se régénérer. C'est déjà connu par les Textes des Cercueils. Dans ce contexte, le scarabée et le lotus sont aussi cités à côté d'autres déjà connus. L'idée du Ba en mouvement était un souhait régulier depuis les Textes des Cercueils, comme nous l'avons déjà mentionné.

De même, le Livre des Morts propose un matériel essentiel dont le Ka et l'ombre font partie. Pour celle-ci en tant que partie essentielle de l'individu, on demande le mouvement aussi par des prières à côté du Ba. Le nom joue aussi un rôle important ici; on voudrait s'en souvenir dans l'autre monde. Tout un ensemble de formules traite des soins à donner au mort si le cœur lui est enlevé, ce qui doit être évité si l'on veut une vie dans l'au-delà.


Il affirme aux dieux de n’avoir commis aucun péché. Pour cela, il formule la négation de péchés. Si le jugement est positif, le défunt poursuit sa route jusqu’au tribunal des quarante-deux juges. Il doit alors les introduire par leur nom respectif et devant chaque juge, il va reformuler chacune de 42 négations des confessions négatives.

Scribe
Livre des morts d'Ani (p36)
Ani et son épouse Thuthu devant la table d'offrandes

Pour écarter les dangers dans le monde souterrain, on utilise volontiers la magie. Toute une liste de formules doit, au besoin, assurer la défense par la magie. Des formules contre un crocodile ou contre des serpents jouent un rôle. Si l'on est obligé de séjourner dans les régions souterraines, on souhaite que ce soit au moins près d'Osiris. Cela peut être réalisé à Rosétaou. Là règne Osiris et il procure au défunt justifié tout ce qui est positif. C'est pourquoi le souhait du défunt est: « Fais-moi ouvrir le monde souterrain; ainsi j'entrerai dans Rosétaou et je franchirai les portes secrètes de l'Ouest. Alors, je recevrai un gâteau, une cruche de bière et un pain comme ces justifiés qui entrent et sortent à Rosétaou ». Dans cet ensemble de souhaits, on trouve aussi la « Formule pour entrer à Abydos et être dans la suite d'Osiris », là où la destinée du dieu se répète sous forme de drame, et le fait d'avoir été là est sanctionné par ce constat satisfaisant: « J'ai été jugé et innocenté; j'ai puissance sur mes ennemis; les actes qu'ils avaient commis contre moi sont passés. Ma force est ma protection. Je suis le fils d'Osiris. Mon père a protégé son corps contre ses ennemis ». Voilà le monde de l'au-delà selon le Livre des Morts. Il est à peine encore question de l'ancien souhait de séjourner au ciel. La participation à la course du soleil pour rajeunir apparaît cependant encore ici: « Je suis dans la barque et je dirige l'eau. Je suis dans la barque et je conduis le dieu », déclare le mort satisfait. Le thème de beaucoup de formules du Livre des Morts est de naviguer dans la barque et écarter d'elle les dangers, «afin d'éviter le banc de sable d'Apophis ».

«Horus, fils d’Isis, dit : Je suis venu à toi, ô Unnefer (Osiris), et je t’ai amené l’Osiris Ani. Son cœur est trouvé juste venant de la balance, et il n’a pas péché contre dieu ou déesse.» 

Scribe
Livre des morts d'Ani (p04a)
Ani justifié est conduit par la main par Horus
Scribe
Livre des morts d'Ani (p04b)
Ani agenouillé devant Osiris, Nephtys et Isis

❖ Champs d'Ialou

Le "justifié" après un long et dangereux voyage, pouvait alors accéder aux champs d'Ialou, ou les champs des roseaux (Aaru), le paradis égyptien. Une fois arrivés, il entre par une série de portes dont le nombre exact varie selon les sources, entre 15 portes et 21 portes. Elles sont gardées par des génies.

Ce lieu était généralement placé à l'est, là où le soleil se lève, et il était décrit des champs illimités de roseaux un terrain de chasse et de culture idéal permettait à des âmes qualifiées de vivre pour l'éternité. La partie où Osiris habitait est parfois connue sous le nom de "champ des offrandes"