Ancien empire

C'est vers 3200 avant notre ère que se situe la conquête du Nord par le Sud; l'art des deux premières dynasties, dites « thinites » (de This, leur capitale, sans doute près d'Abydos), constitue la première éclosion de la civilisation égyptienne.

Stèle du roi-serpent
Stèle du roi-serpent
à Abydos

Les tombes comportent une chambre funéraire entourée de plusieurs magasins contenant le matériel et les provisions qui accompagnent le défunt dans l'au-delà; le mur extérieur de la superstructure en briques crues (le mastaba) était orné d'une suite de saillants et de rentrants. Sans doute les rois thinites ont-ils été dotés d'une double sépulture, en tant que rois de Haute-Égypte à Abydos d'une part, de Basse-Égypte à Saqqarah d'autre part

A Abydos, de grandes stèles portant le nom et la titulature du défunt (parmi les premiers signes hiéroglyphiques connus) marquent l'emplacement de la tombe; la plus célèbre est la stèle du roi-serpent (Louvre) : sur cette haute dalle au sommet arrondi, la face antérieure présente, dans un évidement, l'image du dieu-faucon Horus, dressé sur un rectangle (qui figure tout ensemble l'enceinte et la façade du palais) où s'inscrit le nom du roi représenté par le signe hiéroglyphique du serpent. A Hélouân, des stèles-tableaux montrent en bas relief le défunt assis de profil, tendant la main vers une table d'offrandes.

❖ Pyramides

Pyramide de Djéser
La pyramide à degrès de Djéser, IIIe dynastie


Avec Djéser, l'illustre fondateur de la IIIe dynastie, s'ouvre l'Ancien Empire. C'est sur son initiative que son vizir et architecte, le génial Imhotep, créa véritablement l'architecture lithique égyptienne en édifiant à Saqqarah, sur la falaise qui domine Memphis, la capitale de l'Ancien Empire, le complexe funéraire du souverain. Ce chef-d'oeuvre résume dans la pierre toutes les formes architecturales qui avaient été conçues durant la préhistoire et l'époque thinite dans le bois, dans la brique ou sur le papyrus. Imhotep eut l'idée de la pyramide à degrés, étape entre le mastaba et les futures pyramides de Giza, sorte d'escalier majestueux devant permettre à l'âme du roi défunt de monter vers le ciel et aux dieux de descendre vers la terre. A l'intérieur de l'enceinte à redans, de dimensions colossales (544 x 277 m), les constructions sont de gigantesques simulacres : les portes pétrifiées sont ouvertes ou fermées pour l'éternité.
Désormais, la pyramide sera le monument typique de l'Ancien Empire. Après quelques tâtonnements (la pyramide à gradins sur plan carré de Meidoum et la rhomboïdale de Dahchour), c'est la magnifique réalisation de la pyramide parfaite de Dahchour-Nord, puis de celles de Giza, construites pour trois souverains à la IVe dynastie : Khéops, Khephren et Mykérinos.

Plateau de Giza
Les pyramides de Chéops, Chéphren et Mykérinos

Ces masses imposantes de pierres (la grande pyramide atteignait primitivement plus de 146 m de haut) produisent un effet d'une harmonie parfaite, d'une suprême élégance dans la puissance. La pyramide n'était d'ailleurs qu'un élément parmi le vaste complexe funéraire d'un souverain de l'Ancien Empire : depuis un sanctuaire d'accueil situé près du fleuve, une rampe permettait d'accéder au temple funéraire proprement dit et à la pyramide.

Statuaire.

Chéphren ©Musée égyptien

Les sépultures des reines étaient surmontées de pyramides plus petites. A l'entour se pressaient les mastabas des grands dignitaires; dans ces derniers était ménagée une petite chapelle destinée au culte funéraire; elle possédait une stèle en forme de porte, avec les noms et titres du défunt; une pièce spéciale, le serdab, presque entièrement murée, contenait ses statues.

Grâce à cette coutume funéraire, de nombreux témoignages de la statuaire de l'Ancien Empire sont parvenus jusqu'à nous. Comme on l'a vu, ce sont des portraits idéalisés. Parmi tant de chefs-d'oeuvre, retenons les statues royales, comme celle de Djéser, ou la statue en diorite de Khéphren (ci contre), d'une prodigieuse majesté. La statuaire civile est d'une présence étonnante : chacun connaît l'extraordinaire statue de bois du musée du Caire surnommée le « cheikh el Beled » (le maire du village) par les ouvriers de Mariette, son inventeur, ou le célèbre scribe accroupi du Louvre.

Les parois du mastaba étaient décorées de bas-reliefs qui représentaient des scènes familières de la vie du défunt, le montrant dans des banquets, entouré de sa famille, ou bien s'adonnant aux plaisirs de la chasse et de la pêche dans les fourrés de ce souverain et durant toute la VIe dynastie que les parois des salles funéraires royales se couvrent de formules religieuses, les « Textes des Pyramides », gravées en de longues files de signes d'une élégante graphie.

My
Le pharaon Mykérinos et la reine Chamerernebti

Les arts mineurs sont mal connus, peu de vestiges de cette haute époque, hors de la vaisselle d'albâtre, étant parvenus jusqu'à nous. Le matériel funéraire de la reine Hétephérès, épouse de Snefrou et mère de Kheops, comprenait de délicats bijoux et un magnifique mobilier de bois sculpté, orné d'un revêtement d'or fin (musée de Boston).

Période intermédiaire.

Les troubles sociaux qui assombrirent la fin de l'Ancien Empire portèrent un coup fatal à cet art aulique qui glorifie la personne du roi,. Les pyramides royales se font plus petites. En revanche, les sépultures des nomarques prennent de l'importance (Beni-Hassan, Meir, Assiout, Assouan). Les tombes sont ornées de scènes peintes sur stuc; la composition est gauche, l'exécution peu soignée. On commence alors à placer près du sarcophage des statuettes représentant des serviteurs vaquant à leurs occupations, scènes miniatures montrant les travaux des champs ou du village, bateaux avec leurs équipages; à côté d'ébauches grossières, on trouve de petits chefs-d'oeuvre d'un art spontané, comme les soldats ou les porteuses d'offrandes d'Assiout.

Quant à la grande statuaire, si l'authenticité et la force la caractérisent parfois, ce n'est souvent aussi que maladresse et lourdeur. Il en est de même des stèles, dont les personnages sont mal proportionnés et les hiéroglyphes peu soignés. Telles sont les marques de décadence provinciale de cette époque, dite « première période intermédiaire ».